Hon. Laurentien Koa Mfegue, Doyenne d'âge. « Qu'avons-nous fait des 48 mois de notre mandature ? ». « Une fois n’est pas coutume. Nous sommes habitués, nous les députés à interpeler les autres. Rarement et même jamais, nous n’avons pris le temps de faire notre introspection, c’est-à-dire notre propre examen de conscience. En ma qualité de Doyenne d’âge et sans prétention aucune, de m’ériger en donneuse de leçons, c’est à cet exercice que je voudrais vous convier ce jour. En effet, démarrée en mars 2020 à l’occasion de la session de plein droit, au lendemain des élections du 9 février 2020, la législature en cours, la 10ème du genre pour cette Chambre, cette législature s’achève en principe au début de l’année 2025. À tout prendre, il nous reste quelques douze mois de vie dans cet hémicycle après les 48 que nous avons déjà passés ensemble. Un regard rétrospectif sur le temps écoulé m’amène à me poser la question suivante : qu'avons-nous fait de ces 48 mois de notre mandature ? Avons-nous tous été réellement à la hauteur de la confiance placée en nous par les camerounaises et les camerounais ? Je peux me tromper, mais la mention d'ensemble serait : pouvait mieux faire.
Sans vouloir mettre tous les œufs dans un même panier, il nous a été loisible de constater qu’au-delà de l’inertie des uns, d’autres beaucoup plus, se sont abimés dans des comportements tels que l’intrigue, la délation, les dénonciations calomnieuses souvent par réseaux sociaux interposés, les guerres de positionnement, l’affairisme et la recherche effréné de l’argent. L’absentéisme à l’hémicycle. Oui l'absentéisme ! C’est au forceps que nous atteignions parfois le quorum requis pour la tenue de nos séances. Pendant ce temps, nos villes se mouraient et se meurent encore, étouffées par des montagnes d’immondices ; les routes des mêmes villes et de l’arrière-pays, se sont transformées en de véritables tombeaux ; la corruption a continué de gangrener le service public. Les coupures intempestives d’électricité, une catastrophe énergétique. Les maladies hydriques ont gagné du terrain faute d’une eau potable en quantité suffisante. La majorité de nos centres de santé continuent d’être malades, malades de l’insuffisance du personnel, des médicaments et de la médiocre qualité des plateaux techniques.
Que dire de l’enseignement ? Le secondaire par exemple ressemble à un bateau à la dérive. Les seigneurs de la craie, loin des salles de classe, battent plus le pavé, proclamant une kyrielle de revendications qui, malheureusement, restent sans solutions pour la plupart, malgré les fermes instructions de la Très haute hiérarchie. La violence et la drogue ont élu domicile dans les campus scolaires. Quant aux campus universitaires, la rigueur au travail et la discipline laissent à désirer. Le laxisme dans bien des cas, y a définitivement fait son lit. Autre phénomène, la fuite des cerveaux. À leurs risques et périls, beaucoup de nos jeunes quittent le pays afin d’aller chercher fortune ailleurs, notamment en occident et dans d’autres destinations très prisées en ce moment. Il faut le dire, nous restons impuissants devant ce phénomène. Sur un tout autre plan, je voudrais reconnaître les efforts de notre gouvernement face à la conjoncture. J’encourage particulièrement les opérations coups de poing du ministère du Commerce afin de contenir l’inflation, de lutter contre la vie chère et les pénuries. Il n’en demeure pas moins que le panier de la ménagère a continué de subir des délestages.
À notre actif, nous avons voté des lois. De bonnes lois, j’en suis convaincue. Nous avons contrôlé l’action Gouvernementale à travers de pertinentes questions orales. Nous avons débattu d’importantes et intéressantes thématiques dans le cadre des activités des différents réseaux des parlementaires. Mais, 48 mois durant, nous sommes nous véritablement préoccupés des questions que je viens d’énumérer et qui pourtant touchent au quotidien de nos électrices et électeurs ? Avons-nous efficacement pris à cœur leurs intérêts que nous sommes supposés défendre dans cet hémicycle ? Sommes-nous allés suffisamment plus loin, au besoin, au contact des autorités en charge de ces questions ? Qui empêcherait, mais alors qui oserait empêcher un groupe d'élus d'aller frapper à la porte de ces autorités pour s'enquérir d'une situation donnée afin de susciter une action ? ».