Que devrait faire Déby pour éviter la guerre avec le Soudan ?

Armee Tchadienne Attaque Armée Tchadienne

Wed, 26 Mar 2025 Source: www.camerounweb.com

À travers des déclarations sur ‘’Al Jazeera’’, commandant en chef adjoint des forces armées soudanaises, Yasser Al-Atta, a adressé récemment des menaces directes au gouvernement tchadien indiquant que les aéroports internationaux de N'Djamena et d'Amdjarass seraient des cibles légitimes pour l'armée soudanaise.

Cette annonce dangereuse intervient à un moment où les relations entre les deux pays connaissent une escalade des tensions sans précédent en raison des accusations répétées portées par le Conseil de souveraineté soudanais contre le gouvernement de Déby d’avoir aidé les Émirats arabes unis à faire passer des armes et des munitions aux forces de soutien rapide via l’aéroport tchadien d'Amdjarass.

Cependant, au cours des derniers mois, le président Déby a tenté de normaliser les relations avec le Soudan, et une réunion a eu lieu entre son ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye-Sabre Fadoul, et le chargé d'affaires de l'ambassade du Soudan à N'Djamena, Abdallah Abakar Saleh, le 20 février dernier, pendant laquelle la profondeur des relations entre les deux pays a été saluée et des efforts ont été déployés pour renforcer la coopération entre eux.

En outre, Déby a envoyé deux émissaires à Port-Soudan pour atteindre cet objectif et pour rétablir le contact avec le Conseil de souveraineté militaire soudanais. Lors de leur rencontre avec le commandant de l'armée soudanaise, Abdel Fattah Al-Burhan, il a stipulé la suppression de la base d'Amdjarass et la fermeture des frontières entre les deux pays comme conditions préalables à la normalisation des relations entre les deux pays, selon ce qui a été confirmé par le site d'information ''Jeune Afrique" dans un rapport publié le 14 mars dernier.

Afin de répondre aux exigences du gouvernement voisin, le président tchadien a initié des mesures préliminaires clarifiant sa volonté de mettre fin aux différends entre les deux pays et de rétablir les ponts de communication entre les deux gouvernements.

Par conséquent, il y a quelques semaines, la base d'Amdjarass a été fermée face aux Émirats arabes unis, ce qui a amené le président Déby à s'installer personnellement dans la ville d'Amdjarass pour y rester pendant tout le mois de Ramadan afin de s'assurer que le processus de fermeture soit achevé, selon l'interprétation de certains experts.

Cependant, une fois de plus, le gouvernement d'Abou Dhabi, sous couvert d'aide humanitaire, a effectué plusieurs vols vers le Darfour, mais cette fois depuis l'aéroport de N'Djamena, ce qui a provoqué la colère des dirigeants de l'armée soudanaise, selon l'analyse des mêmes experts.

Récemment, un rapport publié par le journal français ''Le Monde'', basé sur des images satellite, a confirmé que 12 avions de transport Ilyushin Il-76, les mêmes qui étaient auparavant utilisés pour transporter des armes et des munitions aux Forces de soutien rapide depuis l'aéroport d'Amdjarass, ont été repérés à l'aéroport de la capitale, N'Djamena.

Ce qui est surprenant, c'est qu'au moment où le président tchadien travaille à la fermeture de l'aéroport d'Amdjarass, un groupe inconnu ait attaqué ce même aéroport avec des armes lourdes le 17 mars dernier, ce qui a ouvert les différents scénarios à divers analystes et experts politiques et militaires.

La majorité d'entre eux pensaient qu'il s'agissait simplement d'une pièce de théâtre du régime tchadien visant à utiliser un motif valable pour fermer l'aéroport et couper tout espoir au gouvernement d'Abou Dhabi.

Selon les médias tchadiens et turcs, la mesure prise par Déby en transférant les opérations logistiques à l'aéroport de N'Djamena ne visait pas à fermer la base d'Amdjarass, mais plutôt à la mettre à la disposition de l'armée de l'air turque, qui avait préalablement obtenu un accord lui permettant d'utiliser les bases d'Abéché et de Faya-Largeau.

Il convient de noter qu'une délégation tchadienne de haut niveau conduite par le lieutenant-général Amin Ahmed Idriss, commandant des forces aériennes tchadiennes, s'est rendue à Ankara le 19 mars, dans le but d'évaluer et de suivre le programme d'acquisition d'équipements militaires turcs, notamment de drones, selon des sources militaires turques. Non seulement cela, la délégation tchadienne entend étudier les opportunités de formation militaire offertes par la Turquie, en tenant compte des programmes qui pourraient être utiles aux personnels de l'armée de l'air tchadienne.

Même si les deux possibilités vont dans le sens de la mise en œuvre de la condition d’Al-Burhan pour arrêter les approvisionnements militaires et logistiques en provenance des Émirats, d’autant plus que la Turquie est considérée comme un allié de l’armée soudanaise, le gouvernement de Déby doit exprimer sa position sur cette question avec franchise et plus clairement, afin d’éviter un conflit qui pourrait détruire la sécurité et la stabilité du pays.

Source: www.camerounweb.com