Les manœuvres, lancées par Pékin en réponse à la visite sur l'île de la présidente du Congrès américain Nancy Pelosi, comprennent des tirs de missiles en mer et des incursions dans l'espace aérien taïwanais.
Depuis des décennies, la tension entre la Chine et Taïwan ne cesse de croître, à tel point que la possibilité d'une invasion par la puissante Armée populaire de libération chinoise est une éventualité que peu de gens excluent.
Si la Chine devait envahir Taïwan, une guerre asymétrique serait déclenchée, c'est-à-dire un conflit dans lequel l'une des parties dispose d'une force militaire bien supérieure à celle de son rival.
C'est le type de guerre que nous observons entre la Russie et l'Ukraine, et elle nous a montré que le déséquilibre des forces ne se traduit pas toujours par des résultats sur le terrain.
La situation serait-elle très différente dans le cas d'une invasion chinoise de Taïwan ?
Lorsqu'il se sent en danger, le porc-épic déploie ses piquants pour dissuader les prédateurs plus forts.
"La douleur de marcher sur les piquants de l'animal devient le principal obstacle à son écrasement", explique le journal Taipei Times dans un éditorial.
Et, si le prédateur décide quand même d'attaquer le porc-épic, il subira une punition douloureuse et finira par abandonner.
La stratégie de Taipei repose sur ces hypothèses, corroborées dans son Quadrennial Defense Review de 2021.
"Résister à l'ennemi sur la rive opposée, l'attaquer en mer, le détruire dans la zone côtière et l'anéantir en tête de pont", voilà ce que propose ce manuel.
Pour faire face à la guerre asymétrique, Taiwan ne considère pas l'acquisition de chasseurs et de sous-marins coûteux comme une priorité, mais plutôt le déploiement d'armes défensives mobiles et cachées, telles que des missiles anti-aériens et antinavires.
Ou, que si elle y parvient, elle paiera un prix élevé en pertes humaines et matérielles.
"La géographie et la population constituent l'épine dorsale de la troisième couche défensive", explique Leoni.
Le terrain complexe de Formose, avec des montagnes accidentées, peu de plages propices aux débarquements et une grande partie de son territoire urbanisé, donnerait un avantage aux défenseurs et pourrait multiplier les pertes de l'envahisseur.
En outre, bien que la puissante armée chinoise soit jusqu'à 12 fois plus nombreuse en troupes que celle de Taïwan, elle compte plus d'un million et demi de réservistes qui iraient au combat si les troupes chinoises tentaient d'envahir le pays.
Des armes mobiles, polyvalentes et facilement dissimulables seraient également cruciales dans la troisième couche, comme l'a démontré l'Ukraine avec les systèmes de missiles portables Javelin et Stinger qui ont été un cauchemar pour les avions et les chars russes.
Cette position vise non seulement à dissuader la Chine d'envahir Taïwan, mais aussi à dissuader Taipei de proclamer son indépendance (Pékin a menacé de l'attaquer si elle le faisait), faute d'obtenir une intervention américaine.
Certains membres du Congrès américain ont appelé à un changement de la position du pays en faveur d'une "clarté stratégique" afin de dissuader la Chine, qui accroît sa pression sur Taïwan et sa présence militaire dans la région.
Quoi qu'il en soit, rares sont ceux qui pensent que les États-Unis resteraient les bras croisés en cas d'invasion.