La France a cédé la première en déclarant qu'elle retirerait ses 1 500 soldats du Niger après des mois de bras de fer diplomatique entre Paris et la junte militaire qui s'est emparée du pouvoir en juillet.
Le président Emmanuel Macron a déclaré que la décision a été prise parce que la junte nigérienne n'est plus "intéressée par la lutte contre le terrorisme" alors qu'elle continue à retenir en otage le président Mohamed Bazoum, qu'elle reconnaît comme la "seule autorité légitime".
Depuis l'éviction de M. Bazoum, la France fait l'objet d'une forte animosité. Des manifestants ont assiégé la base militaire et l'ambassade françaises à Niamey, la capitale du Niger.
M. Macron a également été confronté à des pressions dans son pays. Le Parlement français a débattu de la question de savoir si la France devait reconsidérer ses opérations au Sahel.
Le Niger est la troisième ancienne colonie française du Sahel à connaître un coup d'État militaire et à demander le départ des troupes françaises depuis 2020. Il fait suite à des situations similaires dans les pays voisins, le Mali et le Burkina Faso.
Les putschistes ont exploité les griefs anti-français qui perdurent depuis l'époque coloniale et qui ont entravé les relations post-coloniales de la France dans la région.
"Leur main a été forcée, mais il s'agit d'une mesure visant à sauver la face. Cela devait arriver de toute façon. Mais les Français devaient s'assurer que c'était eux qui prenaient l'initiative, et non la junte de Niamey (la capitale du Niger)", ajoute-t-il.
De nombreux Nigériens ont été irrités par la position intransigeante de la France à l'égard de la prise de pouvoir par les militaires.
Dans les semaines qui ont suivi le coup d'État, le Niger a déjà connu une recrudescence des attaques contre l'armée et les installations civiles à travers le pays, en particulier dans la région de Tillabéri, proche de la frontière avec le Burkina Faso.
Le départ des troupes françaises crée un vide que les insurgés et autres groupes armés non étatiques s'empressent de combler, explique M. Posthumus.
"Ce que vous avez vu au Mali, vous le verrez au Niger, car les armées ne sont pas en mesure de défendre l'intégralité de ces vastes pays", déclare-t-il.
L'incapacité à défendre ces territoires risque d'affecter les activités minières, en particulier dans l'arrière-pays.
Au cours des dix dernières années, seul le Kazakhstan (27 %) a importé plus d'uranium en France que le Niger (20 %). Ce métal radioactif alimente l'énergie nucléaire qui sert à produire 70 % du réseau électrique français.
Pourtant, les craintes que ce flux d'approvisionnement soit en péril ont été apaisées au début du mois.
La société française de combustibles nucléaires Orano, anciennement connue sous le nom d'Areva, qui exploite une mine dans la ville d'Airlit, au nord-ouest du Niger, a déclaré que ses activités se poursuivraient, malgré la situation au Niger.
La junte pourrait renégocier les accords relatifs à l'exploitation de l'uranium, déclare M. Posthumus, ajoutant que les bénéficiaires de ces alliances seront probablement l'élite politique plutôt que les citoyens ordinaires.
Les richesses considérables que représentent le pétrole et l'uranium ne se sont pas traduites par la prospérité pour les 25 millions d'habitants du Niger. Plus de 40 % d'entre eux vivent dans la pauvreté et le pays se classe au 189e rang sur 191 pays selon l'indice de développement humain des Nations unies pour 2022.
Contrairement au Mali et au Burkina Faso, où toutes les troupes étrangères ont été invitées à partir, le Niger n'a pas demandé à son contingent de plus de 1 000 soldats américains de partir.
Cela rend moins probable une alliance rapide de la junte nigérienne avec la Russie, bien qu'elle ait signé des pactes militaires avec ses camarades favorables à la Russie au Mali et au Burkina Faso.
Les analystes estiment que la réduction de l'influence française au Niger ne sera probablement pas une bénédiction directe pour la stabilité politique.
Dans les décennies à venir, les nouveaux chefs militaires pourraient simplement invoquer la nécessité de débarrasser leur pays d'une "influence russe malveillante" pour justifier leur prise de pouvoir.