Question de remaniement: Paul Biya encore dans les calculs de la politique politicienne

À peine douze jours après avoir levé la main devant la Nation, Paul Biya se retrouve sommé par l’opinion de sortir du chapeau un nouveau gouvernement, censé calmer un pays qui bout comme une marmite oubliée au feu.

La question du remaniement écrase désormais tout: même la « victoire volée » d’Issa Tchiroma est passée au frigo, avec lui-dedans le principal intéressé, mystérieusement disparu depuis son dernier appel aux villes mortes.

Ses influenceurs, autrefois en service commandé, semblent eux aussi occupés à autre chose : fabriquer des listes de « faux gouvernements » comme si on jouait au loto ministériel. Résultat : le débat public a glissé vers une conclusion unanime — il faut un gouvernement, pas demain, pas après-demain, mais hier. Alors on spécule : à quoi ressemblera l’équipe Biya pour les sept prochaines années ?

Qui gardera son strapontin et qui fera ses cartons ?Le gouvernement actuel, une armée de 63 membres menée par Joseph Dion Ngute depuis 2019, est accusé d’avoir montré ses limites… et même ses fissures.

Beaucoup rêvent d’un nouvel exécutif capable de réduire les inégalités, redistribuer les richesses et, pourquoi pas, donner un peu d’oxygène à une population épuisée. Après des décennies de pouvoir solitaire, l’envie de changement ressemble à une crise d’asthme collective.

Un gouvernement neuf, pensent certains, pourrait enfin écouter les citoyens et relever le moral national, aujourd’hui au niveau du bitume. Mais ce rêve pourrait bien rester une illusion dans le désert politique. Car la marque de fabrique de Biya, depuis quarante ans, c’est d’être parfaitement à l’aise lorsqu’il ignore tranquillement les attentes populaires.

S’il n’a pas bronché quand trois ministres ont rendu l’âme, ce n’est pas les plaintes venues du fond des quartiers qui vont le faire trembler.

Le président avance à son rythme, celui d’une tortue de marbre. Et tant que ce rythme lui convient, le pays peut bien crier…

Le remaniement, lui, n’arrivera que quand Biya décidera que l’heure a sonné — ou quand les horloges elles-mêmes se lasseront de tourner.

Avec Journal Le Popoli