Depuis de nombreuses années, le phénomène embrasse une bonne partie de jeunes femmes et va sans cesse croissant. Une jeune camerounaise en a fait sa croix de bataille. Incursion au cœur d’une tare sociétale appelée communément « Djansang ».
La plupart des femmes en raffolent. Entre étalages au sein des établissements de beauté, de soins particuliers et particulièrement onéreux pour se refaire « une nouvelle couleur » ou se « rendre plus belle », les habitudes y sont visibles quotidiennement, et observables pour les attentifs. « Djansang » du nom de cet épice de cuisine, va au-delà de son appellation. Il s’agit d’une pratique de retouche volontaire de la peau ou dépigmentation volontaire. D’ailleurs, le mot écume grandement la toile notamment à travers les réseaux sociaux et des programmes médias.
Parmi les opposantes farouches à cette pratique, se trouve une jeune femme de plus d’une vingtaine d’années, qui avec audace a décidé de sensibiliser les femmes quel que soit leur âge, sur les dangers qu’elle représente pour la santé des utilisatrices et même des consommateurs indirects.
Ngo Masso Louise Blanche, de son pseudo officiel Binku La Nerveuse, s’est donc frayé un chemin afin d’édifier la masse féminine. Les produits éclaircissants sont composés à base des dérivés du mercure, du corticoïde, et surtout de l’hydroquinone qui dépasse généralement le seuil de 2% dans ces lotions. Des études menées par la Direction nationale de la pharmacie, du médicament et de laboratoire de Côte-d’Ivoire ont révélées que ces lotions décapantes sont à l’origine des maladies liées à l’hypertension, le diabète et plusieurs formes de cancers.
« Mon combat est d’empêcher les femmes de brutaliser leurs peaux par ces produits dont les effets sont dangereux » souligne-t-elle à la rédaction du Quatrième Pouvoir. « Les femmes qui se soumettent à cette pratique perverse sont complexées (…) maintenant plusieurs éléments peuvent être les causes de cette dépigmentation volontaire à savoir, l’éducation, l’environnement, et l’influence des médias. Il faut enrayer cela » a-t-elle poursuivi lors d’un Facebook Live en duo le 14 janvier dernier, qui marquait une séance en direct sur les questions liées à la dépigmentation volontaire et l’albinisme.
Au Cameroun, dans les milieux de communication, plus on a une peau claire, « plus on passe bien » comme le mentionne une certaine opinion. Cette tendance n’épargne point les hommes à éclaircir leur peau ou à encourager leurs compagnes d’en faire autant. Depuis des années, la dépigmentation remporte du succès auprès des jeunes africaines. Certains pensent que la plus belle femme est celle qui présente une peau claire. Ce repère de la beauté qui a trait à la couleur de la peau pousse de nombreuses personnes à se dépigmenter.
C’est surtout le décès tragique d’une de ses proches du à cette tare, qui a été le déclic pour la jeune étudiante en Master spécialisée en Qualité Hygiène et Sécurité environnementale. En outre, selon des chiffres communiqués par les offices de santé, une femme sur 3 se dépigmente pour un pourcentage supérieur à 35% par rapport à 2007 soit un peu plus de 4.300.000 femmes sur l’étendue du territoire. La brave dame veut inverser une tendance qui va vers la dérive et la perte de l’identité et veut « emmener les femmes à s’accepter telles qu’elles sont » le martèle-t-elle très souvent.
De plus, en marge des campagnes de sensibilisation, elle envisage de passer à une étape de terrain et joindre des mouvements associatifs de lutte contre la dépigmentation volontaire. Mais Binku possède également du talent littéraire, et s’essaye depuis plusieurs mois avec succès sur sa page Facebook à la rédaction de récits de société, surnommée « Les Chroniques de Binku » qui jettent un regard transversal sur l’environnement social camerounais, sous un ton particulier dont elle seule en a la maitrise. Elle projette de se lancer dans la production littéraire. Son tout premier ouvrage, paraitra dans les tous prochains mois de l’année 2018.