Après avoir déposé le président gabonais Ali Bongo, le général Brice Oligui Nguema a été porté dans les rues par ses troupes triomphantes, qui scandaient "Oligui, président ! Oligui, président !
Le général de 48 ans apparaît certes comme un homme du peuple, porté par ses soldats, mais pour beaucoup, c'est un leader inattendu.
Il y a cinq ans à peine, il n'existait pratiquement pas dans la conscience publique gabonaise, ayant passé dix ans en dehors du pays après avoir été écarté du cercle rapproché de la famille Bongo qui, jusqu'à mercredi, avait régné sur le Gabon pendant près de 56 ans.
À son retour, le général Nguema s'est discrètement hissé au plus haut niveau de l'armée. Il y consacre ses journées au maintien du régime du président Ali Bongo.
Le nouvel homme fort du Gabon est né dans la province du Haut-Ogooué. Cette région est un fief de la famille Bongo et certains disent même que le général Nguema est le cousin d'Ali Bongo.
On dit que Gen Nguema était extrêmement proche d'Omar Bongo - il a servi l'autocrate jusqu'à sa mort en 2009.
Edwige Sorgho-Depagne, analyste spécialisée dans la politique africaine, a déclaré à l'émission Newsday de la BBC : "On ne s'attendait pas à ce qu'il dirige le Gabon à ce moment-là. Dans les années 2000, il a été éloigné du pays pendant un certain temps... il était presque oublié."
Lorsque Ali Bongo a succédé à son père en 2009, Gen Nguema a été démis de ses fonctions. Il a commencé ce que les médias locaux décrivent comme un "exil", en servant pendant près de 10 ans comme attaché aux ambassades du Gabon au Maroc et au Sénégal.
Pour cela, il renforce le dispositif de protection d’Ali Bongo, mais sa réforme la plus marquante est sans doute le développement de la Section des Interventions Spéciales , une unité spéciale placée sous l’autorité directe d’Ali Bongo.
Il fait passer les effectifs de cette unité d’une trentaine d'éléments à plus de 300 (avec près de 100 tireurs de précision ), qu’il dote d’équipements de pointe et dont il compose même le chant dont une des paroles phare est : « Je défendrais mon président avec honneur et fidélité .»
Un ancien proche collaborateur a déclaré à l'AFP que le général était "un homme de consensus, qui n'élève jamais la voix, qui écoute tout le monde et cherche systématiquement le compromis".
Peu après sa prise de fonction, le général Nguema a lancé l'opération "mains propres", qui visait à lutter contre les détournements de fonds présumés de l'Etat.
La réponse de Nguema à ce rapport ? "Je pense que, que ce soit en France ou aux Etats-Unis, une vie privée est une vie privée qui doit être respectée".
Il y a à peine huit mois, l'agence de presse nationale du Gabon rapportait que Gen Nguema avait publiquement réaffirmé sa loyauté à l'égard de la présidence d'Ali Bongo, qui avait duré 14 ans.
Les Nations unies, l'Union africaine et la France ont condamné le coup d'État, le huitième à avoir lieu en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale depuis 2020.
Mais le général Nguema semble avoir conquis une grande partie de l'opinion publique. Il a également réussi à unir l'armée, qui se divise selon des lignes ethniques.
Accusé de corruption et ayant passé l'essentiel de sa carrière dans le cercle rapproché des Bongo, il ne sera peut-être pas le nouveau départ espéré par les Gabonais.
Il restera cependant dans les livres d'histoire du pays comme l'homme qui a "tourné la page".