C’est la question à laquelle ont tenté de répondre cinq journalistes camerounais en lançant le site lesgouvernementsdepaulbiya.com
299 ministres, le tout en 34 ans de pouvoir. Après six mois de travail et de fouilles dans les biographies, coupures de presse et journaux officiels du Cameroun, cinq journalistes ont publié un ensemble de données sur les équipes ministérielles du président Paul Biya, de son accession au pouvoir en 1982 à nos jours. Un précieux travail de données, riche en enseignements.
Qui sont les ministres de Paul Biya ? De quelles régions viennent-ils ? Combien de temps restent-ils au gouvernement ? Quelle est la place des femmes ? Le site «lesgouvernementsdepaulbiya.com» propose de répondre à ces questions.
La collecte des données a duré trois mois et le blog d’un des journalistes a été le point de départ de cette aventure intellectuelle. Face à la répétition de certains noms et au nombre très réduit de ministres comparé à la longueur des décrets, l’équipe s’est tournée vers d'autres sources.
«Le portail du Gouvernement n'a pas été d'une grande aide et c'est par le plus grand des hasards que nous sommes tombés sur la riche base de données du Dr Atangana Eteme Emeran. Nous avons également pu profiter des archives du quotidien national Cameroon Tribune, commander les archives désirées et entamer le travail rigoureux de traitement et visualisation qui a duré trois autres mois», indique l’équipe de recherche.
Selon les premières observations de Jeune Afrique, Paul Biya est un adepte du remaniement. Sans être systématiquement synonyme de bouleversement, «l’ajustement gouvernemental est une pratique courante chez le président camerounais depuis qu’il a pris les rênes du pays en 1982. Le chef de l’État aura «usé» 299 ministres et composé 34 équipes différentes.
Durant la seule décennie 1980-1989, il aura même composé treize gouvernements différents. Signe, sans doute, d’un exercice plus apaisé du pouvoir, Paul Biya remanie désormais de moins en moins. Depuis 2010, il n’a ainsi changé son équipe qu’à deux reprises», indique le magazine panafricain sur son site.
L’on y apprend que la région Centre domine – et de loin – les équipes gouvernementales de Paul Biya, avec 84 ministres depuis 1982. Suivent l’Ouest (42), le Littoral (29) et l’Extrême-Nord (28). En revanche, le Nord (15) et l’Adamaoua (11) ferment la marche. Certains ministres de Paul Biya cumulent presque autant d’expérience du pouvoir que le chef de l’État lui-même. La référence en la matière ? Amadou Ali, né en 1943.
Entré au Gouvernement comme secrétaire d’État à la Défense le 24 août 1985, il a ensuite occupé le poste de ministre d’État délégué à la Présidence, chargé de la Défense (de 1997 à 2001), de ministre d’État chargé de la Justice (de 2001 à 2004), de vice-premier ministre, de ministre de la Justice (2004 à 2011) et de vice-premier ministre, ministre délégué à la présidence chargé des relations avec les assemblées (depuis 2011).
«Chez ses homologues féminines, c’est Aïssatou Yaou, ministre de 1984 à 2000, qui décroche la palme de la longévité avec le portefeuille des Affaires sociales et de la Condition féminine. Tout comme Amadou Ali, cela ne l’a pas empêché d’être mis en cause dans une affaire de détournement de fonds publics en 2015, dans le cadre de l’opération Épervier. Elle est aujourd’hui directrice générale de Société nationale d’investissement», indique Jeune Afrique.