Qui était Jeannette Marafa, la discrète épouse de Hamidou Marafa

Jeannette Marafa Hamidou Yaya Le détenu Marafa Hamidou a perdu sa femme Jeannette

Fri, 25 Aug 2017 Source: cameroonweb.com

Jeannette Marafa jusqu’à son dernier souffle ce vendredi 25 août à Paris, est l’un des meilleurs avocats de son mari et sa plus grande force.

Elle a toujours monté au front, en première ligne avec bravoure pour défendre Yaya reconnu par la communauté internationale comme un prisonnier politique et condamné à vingt-cinq ans de prison pour des détournements de fonds qu’il a toujours niés.

Elle a usé de toutes de ses forces pour desserrer l’étau politico-judiciaire qui s’est refermé sur lui et obtenir sa libération.

On se rappelle encore de Jeannette il y a trente ans, lorsqu’elle avait sauvé du peloton d’exécution son époux Yaya Hamidou, peu après le coup d’État manqué contre Paul Biya le 6 avril 1984.

Cette mère de famille de trois enfants, qui s’est dotée d’une solide formation universitaire, a choisi de vivre dans l’ombre en gérant sa boutique de galerie d’art de Yaoundé.



Très discrète, sa voix a toujours porté loin et elle a toujours clamé l’innocence de son mari. Elle a frappé à toutes les portes, touché des ONG de défenses des droits humains, couru les médias, mobilisé les avocats, fait du lobbying politique. Un combat qui l’affaiblissait, mais dans lequel elle préserverait.

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Toujours digne, elle est restée une « femme debout », la brave native de Douala, n’a jamais baissé les bras, car elle est convaincue que l’homme qui partage sa vie depuis plus de trois décennies n’est pas coupable des faits pour lesquels il a été condamné à 25 ans de prison. Une peine que Jeannette a réussi à faire réduire à 20 ans.

Après avoir quitté le Cameroun avec ses enfants pour Paris à la veille de l’arrestation de son mari, elle n’a pas caché sa peur pour sa vie et celle de ses enfants. « J’ai eu peur pour tout le monde, pour moi, pour mes enfants. J’ai été menacée plusieurs fois. On a dévissé les roues de ma voiture une première fois et j’ai failli avoir un accident. La deuxième fois, on a cassé complètement ma voiture. J’en ai appelé aux autorités françaises qui m’ont proposé une protection policière ».

Elle a confié pendant ce temps que les avocats de son époux aussi travaillaient dans des conditions difficiles. Alors que ceux du Cameroun subissent des pressions, leurs confrères parisiens ont essuyé des refus de visa d’entrée au Cameroun.

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Voici ces quelques déclarations de Jeannette Marafa soutenant l’innocence de son mari:

« Le motif qui a été retenu contre lui, la complicité intellectuelle, n’existe pas en droit pénal camerounais et même français. Cela vient du fait que l’un des accusés était considéré comme un ami de mon mari. Le juge, en rendant sa décision, a d’ailleurs bien spécifié qu’on n’avait rien trouvé prouvant la culpabilité de mon mari. Cependant, comme il connaissait Monsieur Fotso [l’ancien administrateur directeur général de la Camair condamné dans la même affaire NDLR] depuis 1993, il a aussi été déclaré coupable », a-t-elle clamé récemment sur la radio Africa N°1.»

« Mon époux n’a joué aucun rôle déterminant dans l’affaire dite de «l’Albatros», du nom de l’avion de Paul Biya, dont l’achat controversé a conduit nombre de dignitaires camerounais en prison : ce n’est pas lui qui a pris l’initiative de commander cet avion. Ce n’est pas lui qui a pris la décision de débloquer les quelques trente millions de dollars affectés au paiement de cet aéronef et qui auraient été détournés, mais l’ancien ministre camerounais des Finances, Michel Meva’a Meboutou, lequel n’a jamais été inquiété. »



« Il n’a participé ni de près ni de loin à l’accord par lequel l’Etat du Cameroun et Boeing, le vendeur de l’avion, se sont entendus pour solder cette affaire. Mon mari n’a jamais été concerné par tout cela », conclut Jeannette Marafa."

« Mon mari est un homme d’État qui se sait innocent. Il a servi Monsieur Biya et l’État du Cameroun avec toute son honnêteté, toute sa vigueur. Il a donné de son temps. Il a donné de son énergie. Il en a même oublié sa famille. Il a présenté plusieurs fois sa démission à Monsieur Biya, lequel ne l’a pas acceptée. Marafa n’est pas de ces personnes qui refusent d’affronter la réalité. .»

« La déconstruction de l’image de Marafa ne s’est pas faite en un an. Elle s’est étalée sur plusieurs années. Vous pouvez imaginer l’effet sur nos enfants, d’apprendre dans les journaux, sur les réseaux sociaux que leur père est un voleur. Des choses qu’ils ne connaissent pas ».

« La réalité dans la famille que nous avons eu le bonheur de construire, c’était l’honnêteté. Lui, il est musulman, moi je suis chrétienne pratiquante. Nous ne sommes pas des voleurs. Il y en a plein autour de Paul Biya. Il connaît Marafa, il connaît son honnêteté, il connaît sa franchise ».

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Les faits lors de l’arrestation de l’ancien ministre

Début avril 2012. Marafa Yaya Hamidou n’est plus ministre depuis un remaniement gouvernemental intervenu cinq mois plus tôt. Il manifeste son souhait d’aller en vacances en France. Alors qu’il attend toujours son autorisation de sortir du territoire, Une de ses connaissances lui téléphone de l’étranger pour le prévenir : son arrestation est imminente.

Ses recoupements sur place lui permettent de confirmer cette information. Sur ces entrefaites, il reçoit, le 14 avril, deux convocations émanant de deux unités d’investigations différentes : il est invité à se rendre le 16 avril 2012, à la même heure, auprès du juge d’instruction et à la police judiciaire de Yaoundé. Il a encore deux jours devant lui. C’est largement suffisant pour s’enfuir ou demander l’asile politique dans l’une des représentations diplomatiques occidentales de la capitale camerounaise.

Sans surprise, l’ancien ministre est placé en garde à vue au terme de son interrogatoire policier, puis placé sous mandat de dépôt. A la surprise générale, il est condamné à 25 ans de prison. La sentence est lue par un juge qui reconnaît lui-même l’absence de preuves contre lui.

Pour son épouse, c’est l’aboutissement d’une opération de diabolisation qui a duré bien longtemps.

On sait en effet que deux ans plus tôt, le 9 février 2010, lors d’un entretien avec l’ancienne ambassadrice des États-Unis au Cameroun, Mme Janet E. Garvey, Marafa Hamidou Yaya a confié à la cheffe de la mission diplomatique américaine que le Président Paul Biya se servait de la campagne anticorruption baptisée « Épervier » pour tenir en respect ses collaborateurs comme ses opposants. « Je peux me retrouver en prison », lui dit-il. Des confidences transcrites dans un compte-rendu de l’ambassadrice au gouvernement américain qui ont été dévoilées par Wikileaks.



Source: cameroonweb.com