Quid de la candidature de Woungly-Massaga

Fri, 11 Mar 2016 Source: Jean-Pierre Djemba

Qu’on en soit désormais à se demander à quoi sert historiquement l’Union des Populations du Cameroun (UPC), est déjà en soit une chose inimaginable. Mais que ce soit en plus des upécistes qui le fassent est tout simplement un drame qui à présent, atteste absolument de la perte de sens de notre combat et par ricochet, du manque avéré des ressources profondes pourtant nécessaires, pour le mener jusqu’à son terme. En effet, ne plus savoir ce qu’est la mission première du parti que Ruben Um Nyobé et ses compagnons ont créé le 10 avril 1948, est non seulement un comble pour des gens qui revendiquent pourtant son legs, mais surtout une chose qui en dit long sur l’état de déliquescence de l’outil que doit être l’UPC.

L’observation objective de cette situation alarmante nous amène à dire que l’heure est vraiment grave et demande que ce qui reste de vrais militants de l’UPC se secouent concrétement. Et ce ne sont pas là que des mots. C’est une réalité que doivent non seulement appréhender ceux qui sont encore un tant soit peu préoccupés par la lutte pour la libération réelle du Cameroun engagée par nos grands précurseurs.  Mais c’est également alors, une nécessité pour eux, d’en entreprendre le redressement et la poursuite.

En effet, s’il est manifestement devenu impératif de faire une réelle catharsis pour remettre sur pied l’ensemble des éléments qui doivent servir de refondation à notre pays où le délitement à atteint des sommets et touche même des secteurs de notre société qui ont naturellement pour rôle de veiller sur son bon fonctionnement et d’assurer la garde et la pérennité des fondamentaux  que sont la patrie, la population, l’harmonie qui doit y régner et la projection de cet ensemble sacré dans le futur, il est bien évidemment tout naturel et logique que le redressement de l’UPC soit un impératif majeur pour ceux qui ont une claire conscience de tous ces enjeux. Oui, l’UPC est l’âme immortelle du Cameroun. Et sans fausse modestie, nous nous autorisons de penser et de dire que, le grand Cameroun dont ont rêvé Ruben Um Nyobé et ses compagnons fondateurs de l’UPC, le Cameroun qui a essentiellement motivé la création de l’UPC le 10 avril 1948, n’est tout simplement pas envisageable sans l’UPC. Sans une UPC rassemblée, forte, consciente de sa mission historique et des enjeux de la nation camerounaise, déterminée et dirigée par des patriotes résolus, ayant une vision et un savoir-faire politique et organisationnel.

Aussi curieusement que cela puisse paraître, au Cameroun désormais et de manière récurrente et courante, on ne voit et n’entend plus seulement des compatriotes non encartés dans l’UPC s’étrangler de colère au prétexte que Biya ne tient pas ses engagements. Paradoxalement même pour les militants du parti nationaliste, cela est devenu une des préoccupations manifestes. C’est là que le bât blesse. En effet, que les upécistes que nous sommes supposés être expriment désormais comme tout un chacun des citoyens lambda de notre pays la surprise de ne pas voir le chef de file des servants du néocolonialisme faire peu de cas de ses promesses ne saurait être considéré par les militants avertis comme étant un fait anodin et mineur. Non. Au contraire, cette attitude atteste profondément du bas niveau  actuel de formation politique des militants de notre parti qui manifestement, ne savent plus que l’explication ou plus exactement les raisons politiques du non respect par Biya, de la parole donnée, ne relèvent fondamentalement pas, ni d'un manque de volonté politique de sa part, ni de l’incompétence.

Ceci est plutôt de l’ordre des choses qui doivent inquiéter et amener à se poser des questions sur la capacité de l’UPC à poursuivre avec succès la mission libératrice qui est à la base de sa création. En effet, les raisons pour lesquelles Biya ne tient pas ses engagements et excelle dans des discours non suivi d’effets, sont tout simplement ontologiquement liées à la nature néocoloniale du régime. En clair, les upécistes ne doivent rien attendre de ce régime dont les promesses n'engagent que ceux qui y croient, comme disait dans un  moment de sincérité et de vérité, l'ancien président français, Jacques Chirac.

Les upécistes authentiques sachant donc tout ce qui précède et ayant d'une part un sens aigu de la nécessité de défendre les intérêts moraux et matériels des Camerounais, et d'autre part s'obligeant (au sens d'obligation) de devoir en prendre la défense, ont choisi de lutter concomitamment sur le front de la remise en ordre de bataille de leur parti et sur le front de la relance effective de la lutte pour le changement pour que tout redevienne normal dans notre pays dont les principales orientations politiques, sociales, économiques et culturelles doivent dépendre de la seule volonté du peuple camerounais.

La candidature de Woungly-Massaga

Tout ce qui précède donc pour dire que voilà le sens réel et profond de la candidature de Woungly-Massaga à la prochaine élection présidentielle. En effet, après plus de cinquante années d'errance du conglomérat qui tient lieu d'opposition dans notre pays, le moment nous semble venu de clarifier la situation pour que désormais, la séparation entre les partisans du statu quo et ceux de la rupture mette un terme à la confusion qui règne dans les esprits et les têtes.

Dans le camp des partisans du statu quo ante, il y aura bien entendu légitimement et logiquement les enfants d'Aujoulat. Mais il n'y aura pas qu'eux. En effet, il y aura aussi leurs alliés objectifs qui se recruteront notamment parmi tous les upécistes qui n'ont pas une claire conscience des enjeux et pas de stratégie véritable à proposer ni à mettre concrètement en oeuvre pour faire évoluer le rapport de forces  actuellement défavorable aux forces du changement. Il y aura bien entendu aussi, ceux des upécistes qui n'ont pour seul horizon indépassable, que l'ambition, l'espoir ou le rêve d'un maroquin ministériel. Ce qui caractérise essentiellement ces soi-disant upécistes qui encore une fois, n’ont pas une claire conscience des enjeux et ne proposent pas de véritable stratégie pour changer la donne politique, c’est d’une part le fait que l’incantation sur les problèmes concrets ait pris complètement le pas sur les solutions concrètes aux problèmes concrets que pose en permanence la révolution qui est, il ne faut pas l’oublier un processus bien plus souvent long que court. Et qui plus est, un processus dynamique qui pose constamment de nouveaux problèmes qu’il faut intelligemment et politiquement résoudre.

Dans le camp des partisans de la rupture, il y a les upécistes authentiques, ceux qui sont véritablement fidèles aux idéaux du parti de Ruben Um Nyobé et ne se contentent pas seulement d'en parler et de les brandir comme un simple faire-valoir. Ces upécistes ont compris que la politique c’est premièrement, rendre possible ce qui est souhaitable. C’est deuxièmement, faire en sorte que le peuple puisse peser sur la prise des décisions qui le concerne en lui apportant les éléments nécessaires à la compréhension et à l’action politique. En effet, un peuple organisé et fort d’une claire conscience politique et d’’un sens aigu de ses intérêts matériels et moraux, est aussi puissant que n’importe quelle  armée. Et de ce fait, est capable d’abattre la puissance de n’importe quel régime ou de n’importe quelle dictature. C’est cette vérité qui a fait dire à Karl Marx que, « Sans doute, l’arme de la critique ne peut-elle pas remplacer la critique des armes ; la puissance matérielle ne peut être abattue que par la puissance matérielle ; mais la théorie aussi, dès qu’elle s’empare des masse, devient une puissance matérielle ». L’heure de séparer le bon grain de l’ivraie est arrivée avec la candidature du Cdt Kissamba qui ne va pas à cette élection uniquement pour gagner. Qui y va notamment avec deux idées claires et précises dans la tête.

Premièrement, sur la base de la proposition révolutionnaire d’un régime de Transition qui durera trois ans, il concourt aux suffrages des Camerounais pour leur demander de lui accorder leur confiance non pas pour perpétuer les poncifs éculés de l’administration du régime néocolonial en place depuis 1960, année de la soi-disant indépendance du Cameroun, mais pour faire table rase de toutes les institutions. Concrètement, il s’agit de passer de la première République à une deuxième. Un passage qui sera essentiellement caractérisé par la remise en cause de toutes les institutions et notamment de la constitution de 1996.
 
Deuxièmement, il va à cette élection en sachant combien il sera difficile de battre Paul Biya sans une vaste mobilisation du peuple camerounais. Un travail indispensable qui a commencé à être fait en amont de l’élection depuis des années dans d’indicibles difficultés mais surtout, qu’il va impérativement devoir accentuer et falloir poursuivre après celle-ci. En effet, la réorganisation de notre peuple s’impose désormais pour les éléments de l’avant-garde de la lutte pour un changement véritable comme un des objectifs majeurs de notre action militante et politique.

Et cette réorganisation passe nécessairement par la séparation entre la mauvaise et la bonne herbe et, par le rassemblement de tous les patriotes réellement conscients du fait que sentir au profond de soi-même toutes les injustices commise contre notre peuple ne suffit pas même si cela est une qualité nécessairement requise pour un militant politique qui se respecte. En effet, la véritable prise de conscience politique ne commence pas avec la seule perception des injustices. Elle commence réellement quand on comprend que face à l’injustice et à l’oppression, il faut résolument opposer une action politique structurée et massive.

Dans une telle perspective donc, le règne de la confusion doit prendre fin si l’on veut sérieusement engager la lutte pour un véritable changement dans notre pays auquel la voie d’un développement endogène doit absolument enfin s’ouvrir.

Pour ce faire, l’opposition dans notre pays doit avoir à sa tête un révolutionnaire. Un homme qui sait de quoi on parle quand il s’agit de faire la révolution. Cet homme, c’est Ngouo Woungly-Massaga qui, n’en déplaise à d’aucuns, à consacré toute sa vie au mouvement national camerounais et est encore prêt à prendre du service pour la cause nationale camerounaise.

Source: Jean-Pierre Djemba