Il y a quelques jours, ils étaient plus de cinq cent (500), autorités administratives, groupements socioprofessionnels et contribuables à prendre part à l'Hôtel Krystal Palace de Douala, à l'ouverture des concertations DGI-Secteur Privé relativement à la préparation de la Loi de Finances 2023. Au cours de cette cérémonie très courue qui s'est déroulée en deux phases toutes aussi importantes l'une que l'autre, le Directeur général des impôts, Modeste Mopa a eu à entretenir les acteurs du secteur privé. Il s’agit en réalité des retrouvailles sur fond de réconciliation. Jeune Afrique plonge ses lecteurs dans les coulisses de cette rencontre inédite.
« Une poignée de main et des sourires pour des retrouvailles remarquées. Le 14 septembre dernier, Modeste Mopa Fatoing, le directeur général des impôts, était reçu au siège du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam) à Douala, où il a tenu une concertation avec les membres du syndicat patronal que dirige l’homme d’affaires Célestin Tawamba.Mopa n’avait plus remis les pieds au Gicam depuis un dîner-débat organisé en 2017, quelques mois avant l’élection de Tawamba à la tête de l’instance. Depuis lors, de vives tensions ont opposé les deux hommes, au sujet notamment d’une proposition de réforme du système fiscal faite par le Gicam et qui, selon ce dernier, a été bloquée par la direction générale des impôts », relate Jeune Afrique.
« Une époque qui semble aujourd’hui révolue pour les deux personnalités, qui ont multiplié les signes de rapprochement au cours des trois jours qu’ont duré la visite de Mopa Fatoing à Douala. La première étape d’une « opération de dégel » entamée quelques semaines auparavant, à laquelle les deux parties ont été quasi obligées de se soumettre.
En effet, si Mopa Fatoing est arrivé à Douala nanti d’un résultat record de 1 597 milliards de francs CFA (plus de 2,4 milliards d’euros) de recettes fiscales collectées au premier semestre 2022 (soit 23 % de plus qu’en 2021 sur la même période), il portait également dans ses bagages les stigmates de l’épineux contentieux fiscal qui l’oppose à l’influent homme d’affaire Jean-Pierre Amougou Belinga.
Et même si, le 2 septembre dernier, Paul Biya lui a donné raison dans sa démarche de recouvrement, l’arrestation et l’incarcération de certains collaborateurs soupçonnés de corruption dans ce dossier n’a pas manqué de laisser des traces », précise le magazine panafricain.
« Le directeur général des impôts cherche-t-il à réduire la liste de ses ennemis ? Empêtré malgré lui dans la guerre de clans que se livrent les caciques du pouvoir dans la perspective de l’après-Biya, Mopa sait qu’il faut réduire les fronts de combat.
C’est d’ailleurs pour cela qu’il est à l’initiative de la rencontre avec le patronat. La demande est arrivée sur la table de Célestin Tawamba dès le 30 août, soit deux semaines avant l’événement. Une précaution prise pour éviter de reproduire la bévue de février 2021. En effet, à cette date, des membres parmi les plus importants du Gicam, invités à rencontrer le DGI alors en visite dans leur ville, avaient tardivement reçu leurs invitations – les cartons étant partis de Yaoundé 48 heures avant la venue de Mopa –, et avaient décidé de ne pas s’y rendre en signe de protestation.De son côté, Célestin Tawamba pourra tirer profit de cet apaisement. Le président du Gicam, par ailleurs président du Groupement des industries meunières du Cameroun (GIMC) et président de l’Union des patronats d’Afrique centrale (Unipace), n’avait également pas d’autres choix que de répondre favorablement à la main tendue par son ancien adversaire »