Sortie indécente de l’abbé Jean Armel Bissi ?
Attaquant violemment les évêques du Cameroun sur leur manière de diriger, l’abbé Jean Armel Bissi, prêtre et enseignant de philosophie, se lamente en ces termes entre autres : « Dans leurs prérogatives de gendarmes de l'Eglise, les évêques suspendent leurs prêtres de toutes les fonctions sacerdotales consécutivement à des cas de dérives dans les mœurs. Au lieu de les garder dans les paroisses en qualité de résidents… ». Et ce ministre de la religion, donneur de leçons aux hauts dignitaires de l’Eglise, ne nous instruit guère sur les dispositions du droit qui astreindraient les prélats qu’il fustige, à garder dans leurs enceintes ces brebis égarées, qui font la honte de l’Eglise catholique.
Sans son optique de manipulation consciences et de l’opinion, le professeur de philosophie Jean Armel fait un réquisitoire contre les évêques en ces termes : « Un prêtre diocésain est actuellement enfermé ici au Cameroun depuis bientôt une semaine. A l'entame de la procédure qui a ébranlé cette incarcération, une plainte venant d'un autre prêtre. Ils sont tous du même diocèse, travaillent dans le même diocèse et ont en commun un seul et même évêque. Un autre fait qui étonne depuis peu est celui que livre un prêtre sur les réseaux sociaux à travers des déclarations bouleversantes à l'endroit de son propre évêque qu'il considère comme un bandit, un voyou, un homosexuel et un diable dont la mission est de disperser les prêtres et les fidèles du diocèse dont il a D la charge. C'est très étrange. Bien avant cela, un prêtre d'un diocèse de l'Est Cameroun est mort étant en prison. Sa famille, estimant que l'évêque n'a rien fait pour témoigner sa sollicitude à ce fils prêtre, n'a pas cédé la dépouille à l'Eglise. Après plusieurs tractations judiciaires, l'évêque s'est incliné et la famille a repris ses droits sur son fils défunt. Cela ne fut rien d'autre qu'un échec regrettable pour cet autre évêque. Dans mon répertoire personnel, je connais un prêtre qui est exilé de la vie missionnaire depuis bientôt 20 ans. Les raisons pour lesquelles son évêque refuse de le rappeler ou encore de le laisser s'essayer auprès d'un autre évêque dans un autre diocèse sont totalement personnelles. Dans un diocèse du Littoral camerounais, un prêtre a été suspendu de toutes ses fonctions sacerdotales au cours de cette année 2023. On lui attribuait d'avoir violé une fille dans un collège catholique. En plus des faits de tribalisme que ce confrère mettait en avant dans sa défense, la mère de la fille, par un courrier signé de sa propre main, a pris position. Selon elle, sa fille est encore vierge. Un gynécologue l'atteste, rassurait-elle. En plus de cela, le prêtre mis en cause fait l'objet d'un acharnement injuste, concluait la pauvre dame dont l'honneur de l'enfant venait d'être entaché. Une fois de plus, un énième évêque se retrouvait contrarié. Toujours dans mon répertoire personnel, je connais un aîné prêtre qu'on a défait curé. Dans nos échanges, il me dit n'avoir aucune charge de leurs compatriotes. Par moment, ils doivent harceler leurs familles restées ici au pays pour leur apporter des appuis financiers. Dans les diocèses, certains prêtres ont leurs noms sur les fondations des paroisses de la zone urbaine tandis que d'autres ont les leurs sur les arbres qui donnent l'ombre des périphéries rurales. Sous le regard attentif des évêques, on trouve aujourd'hui un clergé à double vitesse : des prêtres riches et fortunés en ville, puis des prêtres prolétaires dans les zones rurales. VOCABULAIRE INJURIEUX Ces derniers vivent de la terre, tandis que les autres se gavent des offrandes des fidèles en zones urbaines, sans que rien ne les inquiète. On a beau dire à tel évêque que tel prêtre est déjà à sa quinzième année dans tel coin stratégique du diocèse et s'engraisse, au moment où d'autres crèvent de famine dans un inconfort béant, depuis des aéropages pastoraux connus de tous pour leur rugosité, jamais rien ne change. La raison étant qu'on n'a pas de leçons à donner à un évêque Pour qui prêche-t-il donc la conversion cependant ? Alors même que le prêtre en place ici au pays demande encore à être bien traité, voilà qu'il arrive à certains évêques de jeter leur dévolu sur ceux qui sont à l'étranger. Il leur faut revenir dans les diocèses. Ils leur intiment l'ordre de regagner le pays. Comment osent-ils dire oui, alors que l'ambiance au diocèse est cynique ? Ces prêtres font donc le choix de demeurer où ils se trouvent à l'étranger. Quand bien même on vient à leur retirer leurs passeports cléricaux, ils décident malgré tout de ne plus regagner le pays et embrassent des vies non sacerdotales à leurs convenances. Ne les a-t-on pas poussés à bout ? Qui est le plus à plaindre ? ». Sans aucun égard au principe du contradictoire, le prêtre enseignant de philosophie, monsieur l’abbé Jean Armel Bissi, juge ses supérieurs hiérarchiques d’avorton (au sens de lâche ou foireux lorsqu’il dit que cela ne fut rien d’autre qu’un échec regrettable) et de cynique tout en qualifiant ses confrères de glouton (lorsqu’il dit que d’autres se gavent). Ce vocabulaire injurieux à l’égard de la hiérarchie et des confrères est surprenant de la part d’un homme de Dieu, qui plus est, un enseignant de philosophie.
DE LA SANCTION
Le lexique des termes juridique définit l’injure comme « Toute expression outrageante, termes de mépris ou invective, qui ne renferme l’imputation d’aucun fait précis ». Il va sans dire que le réquisitoire du prêtre enseignant de philosophie, fruit de son esprit et des ragots, ne peut renfermer l’imputation d’aucun fait précis puisque ce réquisitoire n’est pas consécutif à un débat contradictoire. Il ne sait pas avec certitude ce qui s’est passé avec le prêtre délinquant de l’Est Cameroun avant de conclure que l’évêque qui n’a pas pu récupérer le corps du prêtre décédé en prison est un lâche ou un poltron (ce qu’il qualifie d’échec). Le professeur Bissi ne peut pas, nous en sommes sûr, indiquer quel est le seuil qui permet de caractériser le prêtre glouton (celui qui se gave des offrandes). « Se gaver » d’offrandes des fidèles !!! Quels termes de mépris. Avant d’injurier sa hiérarchie et ses confrères, l’abbé Jean Armel Bissi, prêtre, enseignant de philosophie, soupçonne-til seulement l’étendue de la charge qui est celle des prélats qu’il offense ? Un prélat ne peut sanctionner un prêtre que si ce dernier est convaincu d’écart de comportement et le prêtre ne peut être suspendu définitivement de ses fonctions que s’il ne s’amende pas. Ce n’est pas sur les réseaux sociaux ou dans la presse que l’évêque va propager les griefs formulés contre le pasteur égaré. Peut-être que le « philosophe » Jean Armel voudrait qu’il en soit ainsi. D’ailleurs l’abbé Jean Armel Bissi, prêtre, enseignant de philosophie se réserve, dans son optique de manipulation, d’instruire sur la fonction de la sanction.
PRINCIPE DU CONTRADICTOIRE
La sanction a, entre autres, une fonction éducative. Ce n’est donc pas parce que l’évêque déteste un prêtre, comme semble l’insinuer le prêtre enseignant, qu’il le sanctionne. Mais il faut sanctionner pour l’exemple. Après la sanction, il y a le droit de grâce et la miséricorde. L’homme, après avoir été chassé du paradis, ne s’est pas engagé dans des invectives contre Dieu. Il a demandé et demande toujours pardon, fait pénitence et obtient la miséricorde. D’où sort-il que l’abbé Jean Armel Bissi prenne la sanction comme une injustice, alors même qu’il ne démontre pas que ce n’est pas pour des objectifs éducatifs que chacune des sanctions a été prononcée. On ne justifie pas sa chute. On fait pénitence pour être sauvé. Sur le plan laïc, les faits qui engagent la responsabilité civile ne peuvent être justifiés que par la force majeure dont les caractéristiques sont l’imprévisibilité, l’irrésistibilité et des faits qui échappent au contrôle des personnes concernées et sur le plan pénal, l’exécution de la loi, l’obéissance à l’autorité légale, la légitime défense et l’état de nécessité. Nulle part dans son réquisitoire contre les évêques, le professeur de philosophie n’a démontré que les faits reprochés aux prêtres sanctionnés manquaient (il ne pouvait même pas le démontrer le manque puisqu’ayant déjà ignoré le principe du contradictoire). En plus il n’a pas démontré que les intéressés pouvaient justifier leur comportement en invoquant une cause exonératoire de responsabilité. Tout en reconnaissant que les prêtres sanctionnés ont transgressé les règles, par son attitude perverse puisque manipulatrice, il les pousse à la rébellion. Curieux pour un prêtre et enseignant de philosophie qui oublie qu’il faut demander pardon lorsqu’on a péché.
CONFIDENTIALITE
L’article 359 du Code pénal du Cameroun, sur le déroulement des débats, dispose : « Dès l’ouverture des débats, le président, après avoir procédé aux formalités prévues à l’article 338, fait notifier au prévenu les faits qui lui sont reprochés et lui demande s’il plaide coupable ou non coupable. Le prévenu qui plaide coupable peut bénéficier, en cas de condamnation, des dispositions des 90 et 91 du Code pénal ». Cette disposition traduit l’indulgence dont peut bénéficier un fautif lorsqu’il s’est écarté du droit chemin. C’est pour dire que, lorsqu’on reconnait sa faute et que l’on demande pardon, on obtient ce pardon. Même le juge ne peut pas vous pardonner si vous ne reconnaissez pas la faute qui vous est reprochée et demandez pardon. Au lieu de demander aux prêtres égarés de faire amende honorable dans l’intention de se faire pardonner, l’abbé Jean Armel Bissi les exhorte plutôt à la rébellion contre la hiérarchie de l’Eglise. A se demander pourquoi ce dernier ne fait pas siens les manières, le ton et le savoir-vivre qui ne devraient caractériser ce métier. L’abbé Jean Armel Bissi croit défendre les intérêts de ceux de son espèce, c’està-dire des délinquants (délinquant ici veut dire inadaptés). Saitil quelle incidence peuvent avoir, au niveau international, des faits de délinquance au niveau local dans l’Eglise si ces forfaits n’étaient pas sanctionnés par la hiérarchie ? Le 2 juin 2015, dans une lettre frappée du sceau de la confidentialité, l’Archevêque de Bertoua, Est-Cameroun, demande au supérieur des Frères de Saint-Jean, le rappel de prêtres de cette communauté installée dans la région de Bertoua depuis 25 ans, après qu’une série d’agressions sexuelles envers de jeunes adolescents avait suscité des plaintes devant la justice. Il affirmait alors « avoir pesé de tout son poids » pour éviter que « les frères mis en cause [soient] traînés devant les tribunaux, au risque de ternir l’image de l’Eglise ». Les prêtres soupçonnés avaient donc été rapatriés en France en catimini. Sans savoir comment, cette correspondance confidentielle s’était retrouvée entre les mains de journalistes européens. Ceux-ci ont débarqué à l’Est pour un documentaire sur ce sujet avec pour thème : Cameroun - Religion. Pédophilie dans l’Eglise : le silence coupable de l’archevêque camerounais. Le 21 mars 2017, si nous ne nous trompons pas, ce documentaire a été diffusé sur France 2 pendant plus de deux heures et suivie par plus de 2 millions de Français. Et ce sont ces évêques là que l’abbé Bissi injurie dans son réquisitoire. Martinez Zogo, de regrettée mémoire, face à telle légèreté, aurait qualifié monsieur l’abbé Jean Armel Bissi de philosophe mebi me kup.