Révélations : voici comment Marafa Hamidou Yaya a échappé à la mort après le coup d'Etat manqué de 1984

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Wed, 6 Apr 2022 Source: www.camerounweb.com

• Le 6 avril 1984, le président Paul Biya échappe à un coup d'État

• Après ce putsch manqué, plusieurs arrestations et assassinats ont suivi

• Titus Edzoa raconte comment l'ex ministre Marafa Hamidou Yaya a échappé à la mort après ces évènements



En 1982, le président Ahmadou Ahidjo démissionne du pouvoir et cède la place à Paul Biya. Deux ans plus tard, soit le 6 avril 1984, des membres de la garde présidentielle camerounaise se soulèvent contre le président Paul Biya afin, selon certaines indiscrétions, de ramener au pouvoir l'ex-président, Ahmadou Ahidjo. La révolte, qui fait des centaines de morts, est écrasée par l'armée après trois jours de combats. Après ce putsch manqué, l'actuel président du Cameroun engage une chasse aux sorcières. Des personnes majoritairement du Septentrion sont sont arrêtés, certains quittent le pays, d'autres sont tuées. Mais, il y en a aussi qui bien que soupçonnées d'être impliquées dans ce coup d'État manqué ont eu la vie sauve. C'est le cas de l'ex Secrétaire Général de la Présidence de la République (Sgpr) Marafa Hamidou Yaya aujourd'hui en détention au sed à Yaoundé pour le motif de "complicité intellectuelle". Il se rapporte aussi qu'il est en prison pour avoir voulu challenger Paul Biya à l'élection présidentielle de 2011. Dans son livre intitulé Cameroun : Combat pour mon pays", Titus Edzoa, l'ex Sgpr médecin de Paul Biya qui a passé 15 ans en prison après avoir manifesté ses ambitions politiques de remplacer Paul Biya, explique comment Marafa Hamidou Yaya a eu la vie sauve après le coup d'État manqué du 6 avril 1984.

la rédaction de camerounweb.com vous propose de lire ci-dessous l'extrait du texte en question de Titus Edzoa

La tentative de coup d'État du 6 avril 1984

Ce soir-là, les débats et les échanges avec le président Biva avaient été particulièrement longs, embrassant tous les contours et convulsions politiques de l'heure. Je quittai le palais présidentiel à 3hoo du matin, seul dans ma Peugeot 504. A peine rentré à mon domicile, les premières rafales de mitraillettes et les premiers coups de canon déchirèrent la fraîcheur et le silence de l'aube. Je tentai de joindre le président par téléphone, en vain ! Ma ligne avait été sabotée.

A 6ho0, je reçus la visite inattendue d'un groupe de militaires, en tenue de combat, de l'état-major particulier du président. Je reconnus de ma fenêtre leur chef et décidai d'aller vers eux... Aussitôt, ce chef me rassura, m'expliquant en quelques minutes la situation, son origine ainsi que les manœuvres en cours. Le président de la République se trouvait en lieu sûr, affirma-t-il. Pour terminer, il m'ordonna de ne pas m'éloigner de chez moi. A 9hoo, un concitoyen vint lui aussi, courageux et haletant, m'enjoindre de ne pas sortir. Il venait de dérouter un groupe de soldats putschistes lourdement armés qui essayaient d'identifier ma maison. La Providence, à travers cet anonyme, m'a sauvé la vie.

La tentative de coup d'État vira au fiasco mais ses conséquences ébranlèrent tout le pays. Les Camerounais furent tous secoués car ils ne pouvaient imaginer une telle situation. Est-ce à cause de ce malheureux événement que le président de la République va changer drastiquement de comportement et abandonner toute ambition de servir son pavs ? Ou alors, avait-il dupé les Camerounais dès le départ ? En tout état de cause, à partir de cette date, rien ne fut plus comme avant. Peut-être qu'un jour l'histoire nous révélera ce qui n'a pas pu l'être encore aujourd'hui...

Sur le plan personnel, je devais constater avec beaucoup d'amertume qu'en Afrique, en l'occurrence au Cameroun, la politique appartenait encore à l'univers de la violence aveugle et se résumait souvent à choisir entre la vie et la mort. Quel dépit au fond de l'âme de celui qui avait choisi, naguère, de sauver des vies, de défier la mort quotidiennement ! En tant que médecin, je devais me rendre à l'évidence que la politique ou du moins une certaine façon de la pratiquer, n'avait pas pour but de contribuer à la vie mais de donner la mort. Comment, dans un tel contexte, aider le peuple camerounais qui sortait de plusieurs années de répression féroce sous l'ancien régime à vivre enfin librement, dignement et sans crainte ? Cette question commença à me hanter.

Extraordinaire leçon ! Je sortais de cette expérience encore plus affermi dans mes convictions, dans ma foi en des valeurs dont le cynisme et la lâcheté ne font point partie. Et pour preuve, quelques semaines plus tard, je reçus une jeune dame en pleurs dont j'avais

soigné la sœur cadette par le passé. Son époux, me confia-t-elle, faisait partie de la liste des putschistes pouvant être condamnés à mort. Je vérifiai l'information et pus intervenir auprès du président de la République afin de lui éviter des amalgames et des règlements de compte inter-ethniques. Je réussis, grâce à Dieu, à dénouer cet épineux problème. Il se trouve, et je peux le dire aujourd'hui, que l'époux en question était M. Marafa Hamidou Yaya. De la même façon, j'ai pu agir pour d'autres en suivant toujours mes convictions profondes.

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