La presse aussi bien nationale qu’internationale multiplie les publications sur l’assassinat du confrère Martinez Zogo qui ne faisait que son travail. De jour en jour, l’horizon s’éclaircit sur les mobiles de ce crime crapuleux. Jeune Afrique revient une fois de plus sur la personnalité de Martinez Zogo, ses réseaux et sur ce qui a pu coûter la vie à ce quinquagénaire qui était habité par son travail qu’il aimait passionnément.
Jeune Afrique revient sur les fréquentations de Martinez Zogo. « Martinez Zogo est un habitué des dossiers sensibles. Il ne craint pas de s’en prendre aux personnalités haut placées et ne recule jamais devant l’esclandre. De Samuel Eto’o, le président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), à Paul Atanga Nji, ministre de l’Administration territoriale, nombreux sont ceux qu’il a épinglés à l’antenne. En 2020, accusé de diffamation par un autre puissant, Samuel Mvondo Ayolo, le directeur du cabinet civil de Paul Biya, il a même été placé en détention trois mois durant à Kondengui. Cet épisode ne l’avait pas adouci, pas plus que les précédents. Ceux qui le connaissaient racontent volontiers qu’il se voyait « comme un Zorro des temps modernes », Pointe Jeune Afrique.
« Dans sa dernière émission, diffusée le 17 janvier, le directeur d’Amplitude FM est plus remonté que jamais. « Je ne vais pas vous laisser, vous allez seulement me tuer », martèle-t-il, sans jamais dire qui se cache derrière ce « vous » mystérieux. « Vous n’avez qu’une seule chose à faire, c’est de me finir. Mais avant, je vais vous exposer ! » promet-il encore. Prémonition ?
Le même jour, aux alentours de 21h30, Martinez Zogo est en train de regagner son domicile lorsque son véhicule est pris en chasse par un SUV de couleur sombre. Le journaliste le repère, se dirige vers une barrière de gendarmerie en espérant y trouver de l’aide. En vain. Des hommes non identifiés s’emparent de lui. Son corps sans vie, portant les marques de sévices, sera retrouvé le 22 janvier au matin, aux environs de la localité de Soa, à la périphérie nord de Yaoundé.
L’émotion est immense et, depuis la macabre découverte, le Cameroun rend hommage à ce journaliste qui vit le jour à Douala un 22 septembre 1972. Né d’un père gendarme, Mbani Zogo Arsène Salomon fait ses premiers pas dans une caserne militaire située en plein cœur de la ville, le camp Bertaud. Mais le métier des armes ne l’intéresse pas. Le jeune Zogo se rêve footballeur.
Quelques années plus tard, la famille déménage à Yaoundé. Blessé au genou lors d’un match, Zogo doit renoncer au ballon rond. Mais d’autres portes s’ouvrent bientôt. Il découvre la danse et la musique, plonge dans l’univers du bikutsi, enregistre une chanson qui ne sortira jamais… Son destin bascule lorsqu’un soir, dans l’un de ces cabarets qui pullulent dans le quartier chaud de Nkoldongo, il fait la rencontre d’un certain Rémy Ngono », précise le Magazine Panafricain.
« Il est 10 heures à Yaoundé, ce mardi 17 janvier. Comme tous les matins, les postes radio des chauffeurs de taxi et des petits commerçants de la capitale camerounaise crachent le même son, celui d’un programme, « Embouteillages », diffusé sur Amplitude FM et dont le nom fait écho aux vicissitudes de leur quotidien, avec une voix reconnaissable entre mille, celle de Martinez Zogo.Ce jour-là, le journaliste est très en verve. Comme plusieurs autres fois depuis le début de l’année, il s’en prend violemment à Jean-Pierre Amougou Belinga. Il dénonce les subventions publiques qu’a reçues ce patron de presse et opérateur économique prospère – il les juge exorbitantes. Au micro, il s’emporte, mêle le français, l’argot camerounais et parfois l’ewondo. Ses auditeurs, dont la grande majorité est issue des classes populaires, en raffolent », rappelle Jeune Afrique