L’avocat et président du mouvement « Now », candidat à l’élection présidentielle d’octobre prochain, appelle à un changement urgent face à un régime Biya répressif, et qui avec près de 5 000 milliards de dettes contractées, paye 12 milliards chaque année, pour une dette non encore consommée. L’ancien bâtonnier a délivré son discours en français, en anglais, en fufuldé et en pidgin.
Camerounaises, Camerounais
Mes chers compatriotes,
En m’adressant à vous à ce moment précis de l’année, qui est traditionnellement un moment de partage, de rétrospection et surtout de célébration, Je ressens une grande émotion, liée à l’amour inconditionnel que j’éprouve pour notre pays, un amour qui s’accompagne hélas désormais d’une certaine dose d’inquiétude. En effet, en cette fin d’année nous n’avons aucune raison de nous réjouir. Notre pays vient de traverser une année très difficile et le bilan est particulièrement lourd.
Pour la première fois depuis l’indépendance de notre pays, plus de 10.000 camerounais ont abandonné leurs villages pour se réfugier au-delà de nos frontières, et ce chiffre pourrait rapidement atteindre 45.000, disent les experts.
D’autres compatriotes dont le chiffre s’évalue également par milliers se sont tout simplement exilés. Au sein de nombreuses familles de soldats tombés au front, il n’y a plus, au moment où nous parlons, que des veuves et des orphelins pour accueillir la nouvelle année.
D’autres camerounais par centaines sont morts inutilement tout juste parce qu’ils ont osé s’exprimer sur le Cameroun dont ils rêvent.
À ceux-là s’ajoutent d’autres compatriotes toujours incarcérés dans le cadre de procédures judiciaires qui n’avaient pas lieu d’être, si on avait choisi le dialogue au lieu de la confrontation et de la répression.
Mais il n’y a pas que cela ! Bon nombre de nos enfants ont été privés de scolarisation dans certaines régions du pays. Nos routes n’ont jamais été aussi
meurtrières. Nos entreprises sont asphyxiées, et notre système de santé ne cesse de se dégrader.
L’endettement du Cameroun s’alourdit tandis que les jeunes peinent à trouver un emploi, au moment même où leurs parents qui s’étaient sacrifiés pour leur assurer une bonne éducation partent à la retraite sans avoir la moindre garantie d’une vie décente ; Pour illustrer mon propos, rappelons le fait que notre pays ne cesse de s’endetter.
A l’heure actuelle, 4.906 milliards de francs CFA de dettes contractées ne sont pas investis, le Gouvernement étant incapable de remplir les conditions préalables au décaissement. Comble de malheur, du fait de cette carence, nous payons annuellement plus de 12 milliards de francs CFA au titre du service d’une dette non encore consommée.
Au moment où le cours du café et du cacao sont en chute libre plongeant ainsi nos producteurs qui s’étaient lourdement endettés dans une précarité sans précédent ces 12 milliards auraient pu servir à la mise en place d’un système de subventions, ou à tout le moins dans un autre cadre d’ériger deux blocs de salles de classes dans chacune des 360 communes du pays. En somme, un véritable gâchis.
De nombreuses petites et moyennes entreprises sont au bord de la faillite à cause d’une politique fiscale inappropriée dont la seule finalité est l’atteinte d’objectifs assignés par une hiérarchie qui ne tient pas compte de la survie de ces entreprises. Par exemple, nos vaillantes commerçantes qui opèrent en Afrique de l’Ouest voient subitement leurs taxes d’aéroport augmenter de 150% pour atteindre un montant qui représente 30 à 50% du prix de leur billet d’avion ! De quoi vous décourager à effectuer le voyage. Doit-on, pour aller en Chine, payer la même taxe d’aéroport que pour se rendre au Benin, au Nigeria ou au Gabon? Je pense que non. L’impact que peut avoir une cette taxe sur notre industrie touristique reste encore à évaluer.
Sur un autre plan, tous les indices d’évaluation, classent le Cameroun parmi les pays les plus corrompus du monde ! D’ailleurs notre propre agence de lutte contre la corruption n’a-t-elle pas récemment révélé qu’entre 2010 et 2015, la somme de 1.246 milliards de nos francs a été détournée du trésor public ? Soit l’équivalent de 75% du budget annuel d’investissement de l’année 2016 !
Ainsi donc, une fois de plus, nous payons le prix de l’immobilisme de nos gouvernants, de leur manque d’écoute, d’une planification irréaliste et aussi d’absence d’ambition servant l’intérêt général des Camerounais. Aujourd’hui, la dégradation de l’État nous interpelle plus que jamais. Notre unité nationale est menacée. Non pas parce que le peuple n’y croit plus ! Loin de la ! Mais tout
simplement parce que ceux qui en sont les garants ont pris l’immobilisme pour la stabilité.
Pour nous, le message est clair, les hommes et femmes de ce pays, de l’Est à l’Ouest, et du Nord au Sud, veulent voir émerger rapidement une Nouvelle République qui tienne ses promesses et qui réponde à leurs aspirations. C’est une ambition légitime qui rejoint ma vision. C’est pourquoi je sollicite votre soutien pour qu’ensemble nous trouvions les bonnes réponses.
Pour moi, l’émergence d’une nouvelle république passe par la rénovation de notre pacte social. Nous devons restaurer le rêve camerounais, celui d’un fils de catéchiste qui est devenu président de la république, le rêve d’une nation jalouse de son bilinguisme, le rêve d’un Cameroun moteur de l’innovation en Afrique. C’est ce pacte qui va permettre la renaissance et l’affirmation d’un État de droit. Car tout camerounais doit non seulement se sentir égal à tout autre devant la loi, mais il doit se sentir protégé par celle-ci. C’est un droit fondamental, qu’il nous faut restaurer sans délai !
C’est à vous, acteurs de cette nouvelle dynamique, que je souhaite m’adresser ce soir.
À vous les personnes handicapées ou à mobilité réduite ;
À vous, la jeunesse camerounaise ;
À vous Femmes et filles de ce pays ;
À vous mes vaillants frères et fils de notre nation ;
Et enfin, à vous camerounaises et camerounais de la Diaspora ;
Car, c’est ensemble que nous allons réinventer notre pays.
*****À vous les personnes handicapées******
En ce début d’une nouvelle année, nous devons avoir une pensée particulière pour vous. Pendant trop longtemps vous avez été considérés comme des citoyens à part.
La Nouvelle République sera plus équitable à votre égard en reconnaissant que les personnes handicapées sont des citoyens à part entière, et doivent être mis en position pouvoir contribuer au progrès de notre société. Il existe de nombreux métiers dans lesquels nos frères et soeurs handicapés peuvent s’épanouir. Je veillerai à ce que toutes ces opportunités vous soient offertes.
****** A La Jeunesse Camerounaise******
Il m’a été donné de parcourir notre pays, depuis le lancement de notre mouvement. J’ai eu à cette occasion, l’opportunité d’échanger avec plusieurs d’entre vous ces derniers mois. Je vous remercie du plus profond de mon coeur pour ces échanges et pour la générosité de votre contribution à l’élaboration de notre projet de société.
J’ai pu constater avec admiration et joie la résilience de la jeunesse camerounaise, malgré le chômage intensif dont elle est victime et l’absence d’ascenseur social. Alors que votre colère est palpable et légitime, vous avez su en faire le moteur de votre créativité. L’entrepreneuriat numérique, commercial et social est en plein essor. Vous avez fait de l’économie sociale et solidaire une réelle réponse aux enjeux sociaux. J’ai entendu votre appel pour un meilleur soutien structurel de vos efforts.
Je suis extrêmement fier de vous, et suis convaincu que cette énergie doit être accessible à tous les jeunes camerounaises et jeunes camerounais où que vous soyez dans notre pays. C’est le rôle de l’État de favoriser l’égalité des chances. Nous allons travailler ensemble à cet effet. Je m’y engage fermement. Il me semble aussi important de vous interpeller sur la nécessité de mettre votre énergie au service des changements politiques auxquels notre pays aspire.
J’ai besoin de vous pour porter et assumer notre volonté commune de sortir du statu quo. Jeunes camerounaises et camerounais d’ici et de la diaspora qui m’écoutez à cet instant, retenez que vous êtes non seulement le Cameroun de demain, mais aussi le Cameroun d’aujourd’hui!
Vous êtes la génération la plus qualifiée et la plus diversifiée qu’ait connu notre histoire. C’est vous qui devez montrer le chemin que notre nation doit emprunter. C’est avec vous que je veux promouvoir le changement !
*****À Vous Les Femmes*****
La femme camerounaise est au coeur de la résilience de notre société. Elle porte en elle cette envie d’avancer et de ne rien céder qui caractérise nos mères, nos soeurs et nos filles. C’est à vous que je souhaite également m’adresser ce soir. Si vos sacrifices pour notre pays sont visibles et palpables, la reconnaissance de votre apport demeure marginale. C’est une préoccupation que je partage avec vous et qui constituera une priorité de l’action d’émergence que je vous propose de porter ensemble.
Il faut que nous ayons davantage de femmes dans toutes les étapes de la rénovation de notre pacte social. Je pense particulièrement à notre système de
santé, à la protection de la mère et de l’enfant, à la lutte contre les maladies infantiles. Je pense à notre tissu social, à la protection de la ménagère.
Je veux un meilleur soutien à l’entreprenariat féminin. Notre pays a besoin de vous, notre mouvement ne peut atteindre ses objectifs sans votre apport. Quand je pense à nos soldats engagés dans le combat contre Boko Haram et sur d’autres fronts, je salue avec humilité leur bravoure. Mais je salue aussi la vôtre, car je sais qu’en l’absence des hommes, c’est sur vous que repose l’éducation des enfants qui constituent le Cameroun de demain. Soyez en félicitées.
Femmes au foyer, commerçantes dans les marchés de nos villes et de nos villages, professionnelles des secteurs publics et privé, membres de la diaspora, nous avons créé notre mouvement en pensant à vous, parce que vous êtes les pièces maitresses du changement auquel notre pays aspire.
Notre ambition est de faire entrer le Cameroun dans une nouvelle ère, celle de la parité à tous les postes décisionnels ; cette responsabilité nous incombe à tous, et à vous en premier.
Rejoignez-nous et réinventons ensemble le statut moderne de la femme camerounaise.
******Aux Agents Publics*******
Je voudrais m’adresser aux diplomates, aux magistrats, aux fonctionnaires, aux Agents de police, aux gendarmes, aux militaires, aux médecins et personnels de santé publique, aux enseignants de tous grades, aux contractuels et à tous ceux qui sont employés
par l’administration ou l’État à quelque niveau que ce soit, pour vous dire que vous êtes la colonne vertébrale de toute société organisée.
Vous êtes donc la clé de voûte qui conditionne le succès de la Nouvelle République. À ce titre, vous devez être traités avec justice et équité tant en ce qui concerne l’organisation de notre administration que la promotion de meilleures conditions de travail favorables à l’accroissement de votre productivité et à votre épanouissement personnel.
**** Aux Hommes En général*****
Enfin je souhaite m’adresser à vous, cultivateurs, chauffeurs de camions, de Bus, de taxi, de mototaxis, vendeurs, artistes et musiciens, sportifs, journalistes, membres des professions libérales, enseignants des établissements privés, camerounais des villes et des campagnes, vous qui luttez en silence pour votre
survie quotidienne dans une société qui semble ne pas prendre en considération votre contribution au bien-être collectif, je voudrais vous dire que nous apprécions tous vos durs efforts et vos sacrifices.
À l’avenir, nous entendons faire davantage pour favoriser votre insertion et votre épanouissement dans le tissu économique et social de la nation camerounaise qui est notre bien commun.
*******À La Diaspora********
Il n ‘est plus à démontrer que La diaspora camerounaise est compétente et demeure attachée à la mère-patrie. C’est un atout véritable dont nous n’avons pu, jusqu’à présent, tirer profit, faute d’avoir pu concevoir en la matière une politique volontariste.
Au sein de la Nouvelle République nous entendons promouvoir une politique proactive et inclusive de la diaspora camerounaise. La double nationalité sera votre choix et non celui du gouvernement. Pour ceux de nos compatriotes et leurs familles qui opteront pour une autre nationalité, un statut spécial destiné à faciliter leurs allers et venues sera mis en place.
Au plan du développement économique, le Gouvernement réservera, à travers une procédure transparente de passation de marchés publics, une cote part significative de contrats de consultants aux entreprises spécialisées de la diaspora.
À vous tous Camerounais, je lance un vibrant appel pour une modernisation urgente de notre économie en vue de l’atteinte d’une croissance optimale compte tenu des nombreuses potentialités existantes. Car s’il est légitime pour assurer son fonctionnement que l’État collecte des impôts, il est totalement inadmissible que l’ensemble du système économique national soit dévié de ses objectifs pour servir la cause d’intérêts inavoués. Même si notre système démocratique est encore perfectible comme vous l’avez
amplement souligné au cours de nos entretiens successifs. Nous devons tous oeuvrer pour l’accroissement des investissements dans notre pays de manière à impacter l’offre d’emplois qui est l’un de nos principaux objectifs.
En réalité, c’est pour apporter une réponse à toutes les exigences qu’implique la volonté de réformer notre société, que j’ai décidé de me porter candidat à la prochaine élection présidentielle, car je reste convaincu que seule une volonté collective apaisée et pacifique de moderniser la gouvernance de notre pays peut venir à bout des obstacles qui se dressent sur notre chemin.
Nous avons besoin de conjuguer toutes les forces pour vaincre le cynisme de quelques-uns et rebâtir la relation de confiance qui doit exister entre nous pour faire entendre la voix de notre peuple.
Le changement est possible ! Et il est de notre commun devoir de le faire advenir ICI ET MAINTENANT !
Camerounaises, Camerounais,
Mes chers compatriotes.
En cette fin d’année vous l’aurez compris, je vous lance un appel solennel afin que nous ne manquions, sous aucun prétexte, le rendez-vous avec le destin de notre nation que nous offre la prochaine élection présidentielle.
Le Cameroun mérite mieux. Nous pouvons faire mieux !
Les moyens de reconquérir le rêve camerounais sont à notre portée. À compter du 02 Janvier 2018, les inscriptions au registre électoral seront à nouveau ouvertes. Inscrivez-vous massivement sur les listes électorales et mettons fin à l’inertie qui met en péril notre unité nationale.
Je suis heureux de recevoir un franc soutien de la part de nombreux partis politiques et d’éminentes autres personnalités qui souhaitent s’engager à nos côtés pour bâtir la Nouvelle République. En ma qualité de membre de la société civile, je dois avouer que je suis fortement impressionné par l’ardeur des encouragements que je reçois quotidiennement des organisations de la société civile et de leurs leaders, des syndicats et des associations professionnelles tous prêts à rallier la plateforme pour l’avènement de la Nouvelle République.
Tout est mis en oeuvre pour nous permettre d’annoncer l’avènement de cette plateforme au courant du mois de janvier 2018.
Avec le mouvement NOW, nous allons veiller à ce que non seulement les Camerounaises et Camerounais s’inscrivent sur les listes électorales, mais mieux encore, qu’ils s’assurent que leur bulletin sera décompté ! NOW est un mouvement qui vous appartient. En 2018, ce mouvement sera assurément la meilleure voie de consolidation de notre pacte social.
À la veille de cette nouvelle année décisive, une année d’espoir pour tous les camerounais, je prie pour qu’à cette même période de l’année prochaine, l’heure soit à la célébration de la nouvelle république.
Le commencement d’une ère nouvelle que nous aurons tous contribué à faire naître.
Bonne et heureuse année 2018,
Que Dieu bénisse notre pays le Cameroun, et que Dieu nous bénisse tous !