Réélection de Paul Biya à 92 ans: le ciel tombe sur la tête des Universitaires

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Wed, 26 Mar 2025 Source: www.camerounweb.com

Dans un éditorial cinglant intitulé « Les fonctionnaires de la pensée », Haman Mana, directeur du quotidien Le Jour, fustige l’appel lancé par des enseignants d’université en faveur d’une huitième réélection du président Paul Biya. Un texte qui relance le débat sur l’indépendance des intellectuels camerounais et leur rôle dans un contexte politique marqué par l’immobilisme.

La liste de signataires, composée d’universitaires, suscite l’indignation de Haman Mana. Il y voit une reproduction de schémas passés – un précédent appel similaire avait été lancé en 2004 – et une soumission à des « chefs » politiques. « Ils veulent se conformer », ironise-t-il, dépeignant ces enseignants comme des « fonctionnaires de la pensée », dépourvus d’autonomie intellectuelle.

Le journaliste rappelle que Paul Biya, au terme d’un éventuel nouveau mandat, atteindrait l’âge de 99 ans après plus de 50 ans au pouvoir. Un record qui contraste, selon lui, avec le déclin économique et social du Cameroun, pourtant riche en potentialités. « Le pays s’enfonce dans la misère avec la complicité d’élites démissionnaires », assène-t-il.

Haman Mana puise dans la philosophie politique pour étayer sa critique, invoquant Hannah Arendt et son concept de la « banalité du mal ». Il compare la docilité des signataires à celle des « petites mains de la dictature », soulignant que leur lâcheté ne les exonère pas de leur responsabilité historique. « Un jour, leur signature leur sera rappelée », prévient-il, évoquant le procès d’Eichmann et la défense fallacieuse de l’obéissance aux ordres.

Certains universitaires, reconnaît-il, agissent par peur ou opportunisme, mais leur silence ou leur soutien actif participe, selon lui, à une « mascarade qui défie le sens de l’histoire ».

Alors que plusieurs pays africains misent sur des dirigeants jeunes et réformateurs, le Cameroun semble s’enliser, déplore Haman Mana. Il accuse une « fausse élite » de perpétuer un système archaïque, au détriment d’une jeunesse désœuvrée, formée dans des universités devenues des « centres de containment » plutôt que d’émancipation.

À travers cette tribune, le directeur du Jour pose une question cruciale : jusqu’à quand les intellectuels camerounais continueront-ils à légitimer un pouvoir usé, au mépris de leur mission critique ? Un texte qui, au-delà de la polémique, interroge les fondements mêmes de la démocratie au Cameroun.

Source: www.camerounweb.com