Les exactions de la secte islamiste nigériane dans la région de l’Extrême-Nord du pays auront tenu le haut de l’actualité politique et sécuritaire durant l’année 2015
Les actes terroristes, perpétrés dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, ont été marqués de manière hebdomadaire par des attaques soudaines, désormais mêlées au phénomène des attentats kamikazes mais aussi des bombes à sous munitions ayant fait des dizaines de morts en majorité des civils.
Du fait des mêmes exactions dans le Nigeria voisin, le Cameroun a également connu un [b afflux de réfugiés qui, selon le ministre de la Communication (Mincom), Issa Tchiroma Bakary, «a mis à mal les capacités d'accueil disponibles».
À titre d'illustration, a récemment indiqué le Mincom, le camp de Minawao (Extrême-Nord), prévu pour accueillir 18.000 réfugiés au maximum, en est aujourd'hui à 52.000 personnes, sans compter quelque 100.000 Camerounais ayant fui leurs propres villages attaqués par les islamistes de Boko Haram.
Dans sa croisade contre le terrorisme, le Cameroun bénéficie du soutien logistique et en hommes notamment de la Chine, des Etats-Unis, de la France ou encore de la Russie, sans oublier la Force multinationale mixte (FMM) placée sous l'égide des Nations Unies, et qui se compose de 8700 soldats dont 3750 Nigérians, 3000 Tchadiens, 2650 Camerounais, 1000 Nigériens et 750 Béninois.
Toujours est-il que les opérations de l'armée nationale sur le terrain ont fait l'objet de dénonciations par Amnesty International, qui, dans un rapport publié le 15 septembre dernier, a relevé «les violations des droits de l'homme commises par ses forces de sécurité» camerounaises, coupables selon l'ONG «de crimes au regard du droit international et d'autres violations des droits humains».
En réponse, le ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo, en poste depuis le 02 octobre 2015, a pris des «sanctions disciplinaires exemplaires» à l'endroit de certains militaires en zone d'engagement qui ont «été reconnus coupables de faits graves avérés contre l'honneur et l'éthique des forces de défense», certains ayant été purement et simplement révoqués. Face à un mouvement jihadiste «défait sur le terrain des opérations militaires», et qui «fait désormais feu de tout bois pour semer le doute dans l'esprit des uns et des autres et tenter de démobiliser», les forces de défense et de sécurité au plan moral, selon les termes de Issa Tchiroma Bakary, ont assisté à un élan mobilisateur sans précédent des populations.
Ainsi, selon le président du comité ad hoc chargé de la gestion des dons à l'armée et aux populations victimes des attaques, Emmanuel René Sadi, environ 2,3 milliards FCFA de dons en espèces ont été recueillis à mi-septembre 2015, logés dans le compte spécial d'affectation ouvert par le chef de l'Etat, ce à quoi s'ajoutent 1000 tonnes de denrées alimentaires constituées entre autres d'eau, de conserves et autres vivres.