À un an de la présidentielle de 2025 au Cameroun, les stratèges de Paul Biya intensifient les manœuvres en coulisses. En août 2023, quinze organisations de la société civile et sept partis d'opposition ont uni leurs forces pour proposer une modification consensuelle et participative du code électoral. Leur objectif est de réformer le processus électoral avant les prochaines échéances. Le projet, contenant une centaine d'amendements, a ensuite été transmis à la présidence de la République.
La présidence n'a pas encore réagi officiellement, mais des discussions approfondies ont eu lieu en coulisses concernant les implications de ce projet. Selon nos sources, une première rencontre entre les grands du régime s'est tenue en mars, au palais de l'Unité, à Etoudi. La réunion était dirigée par Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général à la présidence, et réunissait plusieurs pontes du régime.
Parmi eux : Luc Sindjoun, conseiller spécial de Paul Biya, Jean Nkuete, secrétaire général du Comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir), Jean-Claude Awala Wodougué, conseiller juridique de Paul Biya, et Paul Atanga Nji, ministre de l'Administration territoriale. Lors de cette réunion, il a été proposé de prolonger les mandats des députés et des maires et d'organiser les prochaines élections municipales et législatives en 2026.
Ces scrutins auraient alors lieu après une élection présidentielle anticipée. Selon le calendrier électoral initial, les élections législatives et municipales doivent pourtant se tenir en février 2025, suivies de l'élection présidentielle en octobre de la même année. Cependant, les membres du gouvernement réunis en mars ont convenu de modifier le code électoral à l'avance, conformément aux vœux de l'opposition.
Parmi les modifications ciblées par cette dernière : rendre le vote obligatoire, changer les modalités du contentieux pré et post électoral, fixer la majorité électorale à 18 ans et augmenter le nombre de députés à l'Assemblée. Cependant, les stratèges de la présidence souhaitent aller plus loin : ils envisagent d'ajouter l'obligation, pour tout candidat qui voudrait être investi à l'élection présidentielle par un parti politique, d'avoir milité trois ans au sein de cette formation.
De plus, le projet en gestation dans les bureaux de Ferdinand Ngoh Ngoh instaurerait une autre obligation pour les candidats à la présidentielle : être investi par un parti politique représenté au Parlement ou se présenter en tant qu'indépendant. Dans ce dernier cas, le candidat devrait être parrainé par au moins 300 personnalités de toutes les régions, soit trente par région (parlementaires, conseillers régionaux ou municipaux, chefs traditionnels...).
Cette réunion entre les grands du régime met en lumière les discussions et les négociations en cours concernant les réformes électorales avant la présidentielle de 2025 au Cameroun. Les participants, tels que Luc Sindjoun, Jean Nkuete, Jean-Claude Awala Wodougué et Paul Atanga Nji, sont tous des figures importantes du régime et jouent un rôle clé dans la mise en place du processus électoral. Les modifications proposées lors de la réunion, telles que le rendre le vote obligatoire, changer les modalités du contentieux pré et post électoral, et augmenter le nombre de députés à l'Assemblée, font toutes partie des efforts en cours pour réformer le processus électoral et garantir des élections justes et transparentes.