Dans la suite de son interview exclusive accordée à Jeune Afrique, Hervé Parfait Mbapou lève le voile sur son rôle d'intermédiaire au sein des plus hautes sphères du pouvoir camerounais. Ses révélations jettent une lumière crue sur les mécanismes opaques qui régissent les coulisses du pouvoir au Cameroun.
Un rôle flou auprès des puissants
Interrogé sur la nature de ses prestations auprès de feu Martin Belinga Eboutou, ancien directeur du cabinet civil de Paul Biya, et du contre-amiral Joseph Fouda, Mbapou reste évasif : "Je livrais des informations, rendais divers services, faisais de l'intermédiation… Des personnes de ce genre ont besoin de personnes comme moi." Il ajoute mystérieusement : "Et puis, évidemment, il y a des choses qu'il me demandait de faire sur lesquelles je ne m'étendrais pas ici."
L'intermédiaire indispensable
Mbapou se présente comme un maillon essentiel dans la chaîne de communication avec le contre-amiral Fouda. Il explique son rôle en ces termes : "Celui d'intermédiaire. Celui à qui on rendait des comptes. Le contre-amiral a un problème : de par sa position, il ne peut pas s'exposer. Sa nature réservée fait aussi qu'il ne parle pas beaucoup avec les militaires."
Il révèle également un détail surprenant sur les méthodes de communication : "Ceux qui voulaient lui parler venaient chez moi à la maison et nous l'appelions ensemble avec mon téléphone."
Au cœur des nominations
L'une des révélations les plus frappantes de cette interview concerne le rôle de Mbapou dans les nominations à des postes clés. Il affirme sans détour : "Par mon entremise, le contre-amiral a fait nommer des personnalités qui sont encore en fonction en ce moment à des postes juteux."
Cependant, Mbapou refuse de nommer ces personnalités, mentionnant : "Des gens m'ont conseillé de ne pas citer de noms, ça leur causerait du tort."
Des preuves ignorées ?
Mbapou laisse entendre que certaines preuves de ses activités auraient été ignorées par les enquêteurs : "D'ailleurs, les gendarmes ont trouvé des documents concernant ces personnalités chez moi à la maison, mais ils ont omis de le mentionner." Cette affirmation soulève des questions sur la transparence de l'enquête en cours.
La présidence, centre névralgique du pouvoir
L'interview met en lumière la centralisation extrême du pouvoir au Cameroun. Mbapou déclare sans ambages : "Dans notre pays, tout se décide à la présidence." Cette assertion confirme les soupçons de longue date sur la concentration du pouvoir autour du président Paul Biya et de son entourage proche.
Ces nouvelles révélations exclusives à Jeune Afrique apportent un éclairage troublant sur les mécanismes de pouvoir au Cameroun. Elles soulèvent de nombreuses questions sur la gouvernance du pays et le rôle des intermédiaires comme Hervé Parfait Mbapou dans les processus de décision au plus haut niveau de l'État.