Le Cameroun a un nouvel entraîneur pour ses Lions indomptables, et il s'agit de Marc Brys, un technicien belge de 61 ans peu connu dans le monde du football. Cette désignation, annoncée par un décret du ministre des Sports Narcisse Mouelle Kombi le 2 avril, a provoqué la stupéfaction et la colère de la Fecafoot et de son président Samuel Eto'o, qui n'ont pas été consultés avant le choix, selon les révélations de Jeune Afrique.
La Fecafoot a exprimé son "grand étonnement" face à cette décision "prise de manière unilatérale" et qui contrevient aux dispositions du décret portant organisation et fonctionnement des sélections nationales de football, signé par le président Paul Biya en 2014. Ce texte stipule que "la gestion administrative, sportive et technique des sélections relève de la compétence de la Fecafoot". Toutefois, un mémorandum complémentaire signé entre la Fecafoot et le ministère des Sports permet à l'État de recruter les membres des structures d'encadrement "sur la base d'une mise à disposition". C'est sur ce fondement que le recrutement de Marc Brys a été justifié par une source proche du ministère des Sports citée par Jeune Afrique.
D'après les informations obtenues par Jeune Afrique, la Fecafoot avait soumis à la présidence de la République une shortlist de trois entraîneurs potentiels pour succéder à Rigobert Song, avec en tête de liste Hervé Renard. Ce dernier, dont le contrat avec l'équipe de France féminine de football prend fin après les prochains Jeux olympiques, aurait été accompagné de l'ancien international camerounais Thomas Nkono en tant qu'entraîneur des gardiens. Cependant, un comité au sein du ministère des Sports avait également mené ses propres recherches et privilégiait un retour de l'ancien sélectionneur portugais Antonio Conceição.
Une source proche du ministère des Sports a confié à Jeune Afrique que ce comité s'était surtout intéressé aux prétentions salariales des différents entraîneurs en lice, l'État étant responsable du paiement des salaires. Le gouvernement souhaitait ainsi choisir "celui qui était à la hauteur de sa bourse". Antonio Conceição aurait refusé l'offre des émissaires camerounais, mais la proposition de la Fecafoot, celle d'Hervé Renard, n'a pas non plus été retenue. La présidence de la République n'a tout simplement jamais réagi à l'éventualité d'engager le technicien français, pourtant expérimenté et reconnu sur le continent africain.
Cette guerre du sélectionneur au Cameroun met en lumière les ingérences politiques et les jeux de pouvoir qui entourent la sélection nationale. Samuel Eto'o, légende du football camerounais et président de la Fecafoot, pourrait bien contre-attaquer face à cette décision qui lui a été imposée. L'avenir des Lions indomptables semble plus incertain que jamais, alors que les défis sportifs à relever sont nombreux.