Révision constitutionnelle: Le silence lourd de la Société Civile

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Tue, 8 Mar 2016 Source: cameroon-info.net

Si le rôle de la Société Civile dans les mutations socio-politiques intervenues au Cameroun entre 1989 et 1996 est établi, celles-ci pêchent de nos jours. Notamment à travers son silence face aux nombreux appels des militants du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), parti au pouvoir, au Président de la République Paul Biya à se représenter à l’élection présidentielle 2018 et à modifier la Constitution afin d’anticiper cette élection.

Selon le journal La Nouvelle Expression en kiosque mardi 8 mars 2016, l’émiettement de la société civile camerounaise est un fait. Les Organisations de la Société Civile (OSC) sont dès lors gangrénées par la déprime collective, l’avidité  compulsionnelle, les différences de cultures politiques, le sentiment de légitimité discriminant, l’instabilité et la précarité, l’absence de sens d’engagement etc. Un certain nombre de caractéristiques handicapant dans la lutte qui opposent les militants du RDPC, et les opposants à une révision constitutionnelle.  

En effet, même si l’on a assisté à quelques mimiques, ce n’est pas la mobilisation totale dans les rangs de la Société Civile. Sur son compte Facebook, le Président de l’Organisation non gouvernementale Nouveaux Droits de l’Homme, Hilaire Kamga, annonçait le 04 mars dernier un vaste mouvement «Fin du Règne asservissant du Régime Néocolonial de Yaoundé. Il est temps d’arrêter le supplice du peuple. Ça suffit. Les Orangistes proposent le 16 juin prochain la solution Finale. Ensemble nous pouvons! Plus de 50 ans de souffrance! Ça suffit».

Bien avant cette annonce sibylline c’est dans les colonnes du Quotidien de l’Economie que le Président de NDH s’était fendu d’un discours plutôt rageur et moqueur: «Il est clair que nos amis du Rdpc, ont de manière définitive établi leur Incapacité à gouverner le Cameroun après le Règne de Biya Paul. En essayant d’imposer cette torture à M Biya qui, manifestement a aussi droit à une retraite, paisible ou non, les plénipotentiaires du RDPC consacrent leur disqualification pour l’après-Biya. Aussi, nous n’avons pas à contraindre M. Biya Paul à ne pas se représenter, car c’est son choix s’il veut en fin de règne être humilié par les citoyens que son régime a asservit depuis 34 ans».

Le 23 février dernier c’est le Forum de la Société Civile pour la Démocratie au Cameroun qui a pondu une déclaration. Cette plateforme dont Hilaire Kamga se veut  aussi le porte-parole, exige notamment le respect de la Constitution du 18 janvier 1996 sur l’organisation des élections anticipées, la révision du Code électoral. Elle  demande en outre au Président de ne pas céder aux appels incessants de ses fidèles, demande la création du Conseil constitutionnel.

Elle souligne en outre: «le caractère sacré des engagements du Cameroun depuis juin 2012 à travers la ratification de la Charte Africaine de la Démocratie, des Elections et de la Gouvernance (CADEG) qui dispose en son article 23 que «Les Etats-partis conviennent que l’utilisation entre autres moyens ci-après pour accéder ou se maintenir au pouvoir constitue un changement anticonstitutionnel de gouvernement et est passible de sanctions appropriées de la part de l’Union» et plus précisément à l’alinéa 5 qui interdit «Tout amendement ou toute révision de la Constitution ou des instruments juridiques qui portent atteinte aux principes de l’alternance démocratique», apprend-on.

Selon La Nouvelle Expression, cette déclaration vient de fait mettre fin au mutisme des Organisations de la Société Civile. Celles-ci étant jusqu’à une certaine période dans l’ombre des partis politiques d’opposition condamnant le lyrisme engagé des militants du Rassemblement démocratique du peuple camerounais. En effet, peu d’entre elles sur la centaine qui existe au Cameroun ont revendiqué leur pouvoir face à la montée en puissance des appels à une révision constitutionnelle.

Source: cameroon-info.net