Aux environs de 9h, hier, à Bwambé, un village situé dans l’arrondissement de Kribi 1er, le trafic a été paralysé de 9h à un peu plus de 11h sur la route reliant le Port autonome de Kribi (Pak) au centre urbain de la ville balnéaire. En furie, les populations de cette bourgade ont érigé des barricades sur cette route qui dessert également la ville voisine de Campo. Elles manifestaient ainsi leur courroux contre le concessionnaire du service public de l’électricité, Eneo, qui les a privées d’énergie depuis quelques jours. « Cela fait une semaine que nous n’avons pas de courant dans notre village. Les aliments pourrissent dans nos congélateurs. Nos téléphones sont déchargés et nous sommes coupés du monde », fulmine un manifestant. Monnaie courante à Bwambe, les délestages ont fini par pousser à bout ses populations qui, malgré la descente sur le théâtre des manifestations des forces du maintien de l’ordre, n’ont pas consenti à lever leurs barrières. « Si vous voulez, arrêtez-nous tous ; mettez nous en prison ou tuez-nous.
Mais nous n’enlèverons pas cette barrières tant qu’une solution satisfaisante n’est pas trouvée », rouspète un certain Ali, ressortissant du Nord, qui vit depuis plus d’une décennie dans le village. Le sous-préfet de Kribi 1er, Bertrand Foe Ndono, arrivé sur les lieux, a dû arborer un costume de diplomate pour désamorcer le mouvement d’humeur. L’autorité administrative a promis de joindre ses efforts à ceux des responsables locaux d’Eneo pour que l’électricité soit rétablie ce vendredi. Mais, visiblement non convaincus de la sincérité du « chef de terre », les riverains entendent de nouveau descendre dans la rue ce jour dès 10 heures, si le courant n’est pas de retour.
Il faut souligner que ce n’est pas la première fois que des barricades sont posées sur la route menant au Port autonome de Kribi. Le 31 Juillet dernier, c’est les riverains d’Eboundja, dans l’arrondissement de Kribi 1er, qui barraient la route pour les mêmes causes. A l’agence Eneo de Kribi, les techniciens attribuent les coupures de courant à répétition aux pannes de transformateurs. Son de cloche différent chez les autorités locales du ministères de l’Eau et de l’Energie de l’Océan, qui attribuent plutôt ces incidents à un problème de gestion du réseau électrique, la ville de Kribi toute entière étant sous courant alternatif.
Pour mémoire, situé dans la région du Sud, le département de l’Océan, qui accueille des investissements d’envergure depuis quelques années, continue de baigner dans le noir avec un taux d’électrification parmi les plus bas du Cameroun. Et ce, en dépit de l’entrée en production, depuis 2015, de la centrale thermique à gaz de Kribi, d’une puissance de 216 Mw. Son extension, d’un coût de 65 milliards F Cfa, va porter sa capacité à 330 Mw. La première phase, elle, avait coûté environ 170 milliards F Cfa.