Une mort qui pouvait être évitée
Sadou Abba, de son petit nom « Nik », a été porté en terre dans la matinée du dimanche, 03 août 2025 suivant la tradition musulmane. Mais la consternation est toujours béante dans la ville de Ngaoundéré, où il était bien connu dans les milieux de la microfinance et des affaires.
« C’est un homme qui était toujours souriant et qui n’aimait pas parler des gens. En groupe, dès que vous abordiez le nom de quelqu’un, Nik s’éclipsait aussitôt. C’est un principe de vie auquel il ne dérogeait pas. Son temps était consacré à ses affaires, à ses chantiers », relève un proche.
Et c’est justement sur le chemin retour d’un chantier dans l’arrondissement de Ngan-Ha, au soir du 02 août 2025, que Sadou Abba, en qualité de prestataire, a trouvé la mort. Plus précisément sur un « pont des singes » dans la localité de Bera.
« Il est passé par la route principale et est allé voir son chantier. Ledit chantier étant achevé, il a pris quelques restes de matériels qu’il a chargés dans son pickup. Au retour, il a décidé de passer par la localité de Bera », relate une source familiale. Malgré des avis déconseillant à l’entrepreneur d’emprunter cette voie particulièrement dégradée en saison des pluies, rien ne le dissuadera.
D’après des témoignages, arrivé sur le pont de fortune de Bera, Sadou Abba va demander aux occupants du véhicule de descendre, le temps pour lui de franchir. C’est impuissant que ces derniers vont vivre la scène tragique.
Presqu’au milieu du pont balançant et sans pilier, le véhicule va déraper et terminer sa course dans l’eau. Face aux courants d’eau forts, il est impossible de porter secours à Sadou. Et la zone est non couverte par le réseau téléphonique. Le temps pour certains de courir à Ngaoundéré, alerter les sapeurs-pompiers, l’entrepreneur a perdu la vie dans les eaux.
Les sapeurs-pompiers sont arrivés sur les lieux à la tombée de la nuit, pour finalement repêcher l’épave du véhicule et le corps sans vie de l’entrepreneur. La dépouille arrivait à Ngaoundéré vers 22h dans la nuit du 2 août. Sadou Abba est ainsi une victime de l’enclavement et des routes périlleuses de sa région de l’Adamaoua qu’il a tant aimée.
NDLR, sur les réseaux sociaux, la nouvelle provoque une onde de choc. Les riverains ne manquaient pas de pointer du doigt le gouvernement pour cette infrastructure défectueuse qui leur faisait parler depuis des mois. Ils demandaient réparation ou renforcement pour que la vie des usagers ne soit pas en danger. Rien n’y fait. « Tout ça, c’est à cause de Paul Biya, qu’il dégage, on ne le veut », commente avec véhémence un internaute furieux. D’autres comme lui dévoilent sans hésiter leur projet de descendre bientôt dans les rues jusqu’à ce que le pouvoir de Yaoundé entende leurs exigences.