RDPC : Jean Nkuete défie Ferdinand Ngoh Ngoh, la guerre des légitimités s'intensifie
Les tensions internes au sein du parti au pouvoir atteignent un point de non-retour avec la convocation simultanée de deux réunions concurrentes
Les lignes de fracture au sein du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) se cristallisent désormais autour de deux figures emblématiques du régime. Jean Nkuete, Secrétaire Général du Comité Central du RDPC, a officiellement déclenché les hostilités contre Ferdinand Ngoh Ngoh, le tout-puissant Secrétaire Général à la Présidence de la République (SGPR).
Dans une convocation officielle datée du 6 juillet 2025, Jean Nkuete a appelé l'ensemble des membres du comité central, du bureau politique et les parlementaires RDPC à une séance de travail prévue le 8 juillet 2025 à 10 heures à Yaoundé, qu'il présidera personnellement en sa qualité de Secrétaire Général du Comité Central.
Cette convocation intervient dans un contexte particulièrement explosif. Au même moment, Ferdinand Ngoh Ngoh, surnommé "l'homme à la punk", mène ses propres consultations avec les parlementaires RDPC et les membres du gouvernement, prétendument pour le compte du Président Paul Biya. Une situation qui dessine les contours d'une guerre de pouvoir sans précédent au sein du parti au pouvoir.
La récente déclaration de Ngoh Ngoh confirmant la candidature de Paul Biya à la présidentielle de 2025 - "En octobre, le Président Paul Biya fera un raz de marée dans le Sud" - semble avoir été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. Cette annonce, faite lors d'une réunion avec les élites politiques de la Région du Sud, a probablement été perçue par Jean Nkuete comme un empiètement sur ses prérogatives de Secrétaire Général du parti.
La situation crée un précédent institutionnel majeur au Cameroun. D'un côté, Jean Nkuete revendique sa légitimité organique en tant que chef du parti au pouvoir, de l'autre, Ferdinand Ngoh Ngoh s'appuie sur sa proximité avec le Président de la République et son influence au sein de l'appareil d'État.
Cette confrontation ouverte pose des questions fondamentales sur la hiérarchie des pouvoirs au sein du système politique camerounais. Qui, entre le Secrétaire Général du parti et le Secrétaire Général à la Présidence, dispose de la légitimité pour parler au nom du RDPC et orienter ses stratégies électorales ?
Cette guerre des chefs intervient à un moment crucial pour le régime, à quelques mois seulement de l'élection présidentielle d'octobre 2025. Les consultations menées par Ferdinand Ngoh Ngoh avec les parlementaires et membres du gouvernement s'inscrivent manifestement dans la préparation de la campagne électorale de Paul Biya. Mais la réaction de Jean Nkuete suggère que cette démarche se fait en dehors des canaux traditionnels du parti.
La séance de travail convoquée par Nkuete pourrait donc être l'occasion d'une clarification institutionnelle majeure, voire d'une redistribution des cartes au sein du RDPC. Les parlementaires et membres du bureau politique se trouvent désormais dans la délicate position de devoir choisir leur camp dans cette bataille de titans.
Cette crise interne au RDPC constitue un test majeur pour la cohésion du régime Biya. La capacité du parti au pouvoir à surmonter ces divisions internes pourrait déterminer sa performance lors des prochaines échéances électorales. Dans un contexte où l'opposition camerounaise cherche à capitaliser sur toute faille du système, cette guerre fratricide pourrait avoir des répercussions bien au-delà des murs du comité central.