RDPC : comment le Mbéré a sauvé Paul Biya dans l’Adamaoua

Mbéré a sauvé Paul Biya dans l’Adamaoua

Fri, 17 Mar 2023 Source: L’œil du Sahel

Sur 654 grands électeurs inscrits dans la région de l’Adamaoua, 653 ont répondu présent dans les bureaux de vote ce 12 mars 2017 pour une seule abstention. Les joutes électorales ont donc tenu leurs promesses dans la région de l’Adamaoua qui confirme son statut de vitrine de la démocratie électorale au Cameroun. La campagne fut dense, intense, épique et le suspens aura duré, comme attendu, jusqu’à la dernière minute. Une dernière minute s’est jouée dans les prolongations et qui auraient été fatales sans le professionnalisme dont a fait montre Elecam. On se souvient qu’à l’occasion des élections régionales précédentes, le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (Rdpc) dans la région de l’Adamaoua avait obtenu 14 conseillers régionaux contre 56 pour l’Union pour la Démocratie et le Progrès (Undp). Ce renfort en conseillers régionaux Undp modifiait fortement la configuration des grands électeurs. Ainsi, à la veille des votes, hormis les électeurs du commandement traditionnel, le Rdpc présentait 321 grands électeurs (G.E) contre 308 pour l’Undp sans oublier les deux grands électeurs de Univers et les quatre du Pcrn. La situation initiale aurait été davantage critique si l’Undp n’était handicapée par la présence des cumulards qui de ce fait n’avaient droit qu’à un seul vote. En tout état de cause, le rapport des grands électeurs issus des partis (ceci toujours à l’exception des électeurs issus du commandement traditionnel) ne concédait la majorité absolue à aucune des deux formations, tant on se souvient qu’avec une avance de 40 grands électeurs aux régionales, le Rdpc avait dû revoir ses ambitions. Puisque la circonscription électorale est départementale, on peut observer cette répartition des conseillers municipaux (CM) par départements par ordre décroissant : la Vina avec 218 C.M ; le Mbéré avec 116 CM ; le Faro et Deo avec 100 CM ; le Mayo-Banyo avec 97 CM et le Djerem, avec 66 CM. Pour mieux saisir les enjeux par département, on peut visiter les écarts qui existent entre les nombres des CM des deux formations en lice. On a donc par ordre décroissant : Mbéré : + 100 en faveur du Rdpc ; Mayo-Banyo : +15 en faveur du Rdpc ; Faro et Deo : +50 en faveur de l’Undp ; Vina : + 20 en faveur de l’Undp ; Djerem : +4 en faveur de l’Undp. Une question s’impose d’ores et déjà en toute logique : d’où vient-il que des personnes déclarées artisanes de la victoire d’aujourd’hui sortent des départements disposant des plus faibles écarts de CM avec l’opposition, quand ils ne sont pas simplement minoritaires doublés encore en petit nombre de CM ? la question s’impose davantage en ceci que ce très faible écart résulte des défaites cumulées par le Rdpc dans ces localités aux municipales et aux régionales. S’il fallait définir brièvement une matrice SWOT, la Vina, le Faro et Deo, et le Djerem se repartiraient dans les cases «menace» et «faiblesse», tandis que le MayoBanyo serait dans la case «opportunité» et le Mbéré dans la case «force». La matrice aurait joué sans doute comme un devin en ceci que si le vote du Mayo-Banyo a été le contrepoids aux assauts de l’Undp, les suffrages du Mbéré ont mis tout le monde d’accord ! A l’entame donc, le fort effectif des grands électeurs dans le Mbéré est non seulement l’expression de la vitalité très ardente et dissuasive du Rdpc dans la région, mais il est en lui-même la pierre d’angle sur laquelle le parti des flammes se déploiera tous azimuts. Ce fort effectif dans le Mbéré était toutefois contrebalancé par les données des autres départements. Le traumatisme des élections régionales où, malgré le fait qu’il affichait un avantage de 40 grands électeurs, le Rdpc avait dû se plier à un verdict des urnes «irrationnel» était présent dans les mémoires. Les joutes électorales si bien engagées vont se dénouer en des séquences très palpitantes. L’Undp se paye d’abord une confortable avance dans la Vina avec 30 suffrages d’avance. Le Djerem essaye de sauver les meubles, mais là-bas même l’Undp l’emporte avec une voix de plus. Le score des grands comme on dit : 1-0. Le Faro et Deo vient aggraver le score en faveur de l’Undp avec un avantage de 33 suffrages supplémentaires. A ce moment, le Rdpc est mené de 64 voix. C’est alors que le Mayo-Banyo tente une sortie avec ses 20 suffrages supplémentaires en faveur du Rdpc, rien n’y fait, le Rdpc est toujours mené de 44 suffrages en faveur de l’Undp. C’est quand tout semble emballé que le Mbéré fait sa sortie avec ses 92 suffrages en faveur du Rdpc, l’Undp est échec et mat, victoire et majorité absolue ! Au finish donc, le Rdpc remporte les sénatoriales sur un score de 53, 83% en valeur relative pour 337 suffrages valablement exprimées en sa faveur contre 46,17% et 289 voix valablement exprimées en faveur de l’Undp. La victoire à la majorité absolue du Rdpc écarte même l’Undp du partage des sièges. L’actualité post-électorale invite à l’analyse, et rien de mieux que les chiffres pour nous édifier. Le Rdpc peut se féliciter d’un triomphe, d’une véritable victoire à l’arrachée grâce au département du Mbéré. En effet, les choses étaient plutôt tant et si bien mal engagées que l’on redoutait la santé de ceux ayant anticipé les réjouissances. Juste une parenthèse avant de continuer. Les abstentions sont aux élections ce que le temps additionnel est au football. Après coup, on croit que cela a joué en défaveur du vaincu, mais en réalité, cela joue pour tout le monde. Et le fait que cela joue en défaveur du vaincu, on a tendance à croire que les abstentions sont issues du camp des vaincus, ce que rien ne saurait justifier surtout considérant le secret du vote. Les abstentions pénalisent tout le monde. Avec un taux de participation de 99,85 %, les élections sénatoriales ont été donc très courues. Ce taux est à son pic maximum dans tous les quatre départements de la Région. Seule la Vina enregistre une abstention. Les suffrages sont valablement exprimés à 100% une fois de plus dans les seuls départements du Mbéré et du MayoBanyo. La Vina est au sommet des bulletins nuls avec 17 suffrages à blanc, suivi du Faro et Deo qui affiche 8 votes à blanc et enfin le Djerem qui se paye 2 votes nuls. Après la victoire de la dissuasion, voici la seconde victoire du Mbéré très constant qui remporte haut la main le prix de la participation suivi du Mayo-Banyo. Il convient encore de rappeler que les bulletins nuls ne profitent à personne et par conséquent ne peuvent être attribués à personne, si oui à tous. Après coup donc, l’on ne peut que constater que les craintes redoutées dans la Vina se confirment. Le Rdpc quasiment installé dans une logique de constante défaite dans la capitale régionale y perd sur un score sans appel de 95 suffrages valablement exprimés contre 125 en faveur de l’Undp. Ceci avec le plus grand nombre de bulletins nuls de la région et la seule abstention enregistrée autant de suffrages dans l’eau.

LE MBÉRÉ OU LE SENS DE L’INTÉRÊT SUPÉRIEUR DU PARTI

Revivre ces élections par les résultats serait comme apprécier une vie par les sommets atteints et non par les étapes parcourues. Aussi, il convient de refaire succinctement le parcours plein d’abnégation et de persévérance du Rdpc qui mène à la victoire dans la région où la démocratie électorale se vit avec le plus de dynamise. Au lendemain des consultations internes devant établir les listes des candidats au Sénat, le Rdpc se retrouve avec quatre listes de candidats dont trois sont conduites par des fils et fille du Mbéré. De ces quatre listes, naîtra la liste qui au soir du 12 mars 2023, a été plébiscitée. Seulement, pour obtenir cette liste, il a fallu faire des sacrifices. Le Mbéré verra donc deux de ses têtes de listes sorties purement et simplement de la course tandis que la troisième cèdera sa place de tête de liste à son camarade du Djerem, qui perdra d’une voix dans son fief. Le plus remarquable est la discipline et le haut sens de l’abnégation qui se dégage ici tandis qu’ailleurs ce sont les fracas et les démissions à tous vents qui ont secoué le landernau politique à la même période et pour les mêmes raisons. Les militants du Rdpc du Mbéré sont restés sereins, soudés vers l’objectif commun qui est la victoire de leur parti. A ces têtes de listes qui ont dû revoir leurs ambitions, il faut également associer ceux et celles qui étant candidats titulaires ou suppléants ont cédé en toute sportivité leurs places. Comme si ces sacrifices ne suffisaient pas, tout au long de cette marche vers la troisième législature du Sénat, les militants du Rdpc du Mbéré ont dû avaler bien des couleuvres dont les multiples crimes de lèse-majestés que l’on a sommairement dénombrés ne sont pas des moindres. Tenez par exemples. Le 21 février, en suite logique de la circulaire N°002/RDPC/PN du 16 février 2023, le secrétaire général du Parti éponyme désigne les membres des commissions éégionales, départementales et communales de campagne dans la région multiculturelle et multi-religieuse, multiethnique de l’Adamaoua. La première couleuvre à avaler est de constater que l’Honorable Théophile Baoro, Vice-président à l’Assemblée Nationale, membre du Bureau politique du Rdpc, originaire du Mbéré et véritable place forte du Rdpc dans l’Adamaoua est supplanté par le ministre Mohamadou Moustapha. Expliquer qu’un membre du comité central supplante un membre du Bureau Politique est assez compliqué, mais ils ont fait avec. De plus, sur la même note se dégage un fait absolument incompréhensible outre la «représentativité sociologique» fortement malmenée aussi bien au niveau de la commission régionale qu’aux niveaux des départements : c’est qu’il est inexplicable que les noms de certains maires désignés président des commissions communales soient ignorés ( dix maires au total dont tous les quatre maires du département Mbéré auraient-ils des noms inconnus du Comité Central ?) tandis que les noms de certains membres de leurs commissions sont très bien mentionnés ceci avec des classements questionnables. Le repli identitaire qui est contraire aux idéaux du Rdpc et dont souffre certains Partis politiques ne semble pas interpeller certains acteurs majeurs de la scène politique. Entre temps, le Mbéré prend note d’avoir été accusé de ce qui est pratiqué par d’autres. En effet, comment Nyongwen Joseph, SG du Minfof peut se retrouver à la Commission Communale tandis que dans un autre département, un secrétaire général siège à la commission départementale ? Ainsi débute dira-t-on l’affaire dans l’affaire pour ne pas dire le complot qui verra certains revendiquer la victoire au lendemain du triomphe du 12 mars 2023 malgré les cuisantes défaites dans leurs fiefs. Toute la question est de savoir si le Rdpc pourra faire long feu avec cet esprit de division ? DES

SACRIFICES À LA CONQUÊTE.

Constant dans sa fidélité et concentré sur la circulaire du président national du Rdpc qui prescrivait «la victoire optimale» par la victoire à la «majorité absolue dans toutes les circonscriptions électorales», les militants ne se sont refusés aucune couleuvre. Cette détermination va rassembler grands électeurs, observateurs et la société civile de Ngaoui à Dir en passant par Djohong et Meiganga autour des candidats conduits par Abba Harouna, le véritable orfèvre qui a remis les grands électeurs et le corps social en phase avec la liste Rdpc. Si des questions sont restées en suspens quant au sénateurs sortants, l’espoir vivant né des actes forts de Abba Harouna ont emporté toutes les adhésions, la victoire des plus logiques s’est faite jour dans le département et dans la région. La victoire étant acquise de la plus belle des manières, les regards sont désormais orientés vers l’avenir, confiant de ce que le Rdpc connait et reconnait les siens.

Source: L’œil du Sahel