RDPC, grand favori : les jeux déjà plombés en faveur de Paul Biya, l’opposition driblée

Les élections s'annoncent

Fri, 20 Jan 2023 Source: Détective

Sénatoriales 2023 ;Rendez-vous le 12 mars

La confirmation de la tenue des élections sénatoriales au cameroun en 2023 faite le 31 décembre dernier prend effet. Le président de la république a convoqué le 13 janvier dernier, les conseillers régionaux et les conseillers municipaux en vue de procéder à l’élection des 70 sénateurs.

Selon le décret N°2023/23 du 13 janvier 2023 portant convocation du collège électoral en vue de l’élection des sénateurs, «les électeurs sénatoriaux sont convoqués au chef-lieu de chaque département le dimanche 12 mars 2023 à l’effet de procéder à l’élection des sénateurs. Les bureaux de votes seront ouverts à 8h00 et fermés à 18h00». Les partis politiques disposent de 15 jours pour déposer les dossiers de candidatures. Les précédentes élections sénatoriales se sont déroulées en 2013 et en 2018. Dernier scrutin à l’issue duquel le RDPC avait remporté 63 sièges et le SDF seulement 7, soit deux fois moins que lors de la première législature, cette élection au suffrage indirect avec un collège électoral composé des membres des Conseils municipaux et des Conseils régionaux revêt plusieurs enjeux.

Enjeux

C’est que la troisième mandature préoccupe acteurs et observateurs de la vie politique camerounaise qui estiment les enjeux de cette élection à plusieurs niveaux. Premièrement, situer les forces des différents partis politiques en mesurant une possible poussée du PCRN de Cabral Libii et, a contrario, le recul du SDF traditionnel leader de l’opposition. Il est raisonnable de penser que le MRC ne présentera pas de listes à cette élection, le parti de Maurice Kamto ne compte aucun élu. Cette élection permettra aussi d'évaluer les tendances au sein du RDPC. L’élection servant à la fois de baromètre et de voie de recasement pour des personnalités dont les places dans le gouvernement ou sociétés publiques ne sont plus assurées. Ce sera aussi l’occasion d’avoir une indication sur «l’après», selon ce qu’il adviendra de l’actuel président du Sénat, Marcel Niat Njifendi, 88 ans. La question étant de savoir s’il sera maintenu ou remplacé au Perchoir de la Chambre haute du Parlement. Le 12 mars prochain, onze mille conseillers municipaux éliront 70 sénateurs au suffrage indirect auxquels on ajoute les 30 sénateurs nommés par le président de la République, comme le stipule la Constitution.

RDPC, grand favori

On se souvient que, le 6 novembre dernier, à l’occasion de la célébration des 40 ans de l’accession du président Paul Biya à la Magistrature Suprême, Jean Nkuete, le secrétaire général du Comité Central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti au pouvoir, avait appelé ses camarades à se mobiliser pour cette échéance. En réalité, la victoire du RDPC ne fait l’ombre d’aucun doute. Le corps électoral constitué des conseillers municipaux est largement acquis au parti de Paul Biya. Ce dernier contrôle 316 communes sur les 360 qui existent sur le triangle national. En plus, ce parti se présente comme une machine à gagner les élections, comme l’avoue un de ses multiples communicants. «Nous sommes permanemment en campagne», fait-il savoir. Dans l’opposition, plusieurs partis n’ont pas attendu la dernière ligne droite pour commencer à se préparer. C’est le cas de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP). «Les élections se préparent toujours longtemps à l’avance», indique Seidou Maïdadi, le secrétaire à la communication de l’UNDP. Pour ces sénatoriales, le parti du ministre Bello Bouba Maigari va concentrer ses efforts dans quatre régions uniquement : l’ExtrêmeNord, le Nord, l’Adamaoua et l’Est. «Nous avons fait le choix de nous présenter dans les régions où nous contrôlons au moins une commune», explique Seidou Maïdadi. Il rassure aussi que les listes sont prêtes depuis longtemps. Des concertations ont été organisées pour identifier les candidats qui pouvaient le mieux défendre les couleurs de l’UNDP. Mais ces derniers n’ont pas encore été investis par le Comité Central du parti. Ce qui ne saurait plus tarder.

Branle-bas

Comme l’UNDP, l’Union démocratique du Cameroun (UDC) n’a pas attendu que le président Paul Biya confirme la tenue des sénatoriales cette année, dans son traditionnel discours de vœux de Nouvel An à la Nation, pour commencer à préparer l’échéance. La dernière réunion du Bureau Politique avait déjà pris la résolution de participer à cette échéance. Mais surtout, cette haute instance du parti ne souhaite pas que l’UDC aille à ces sénatoriales en aventurier. C’est pour cette raison que le parti fondé par le feu Adamou Ndam Njoya veut miser sur la région de l’Ouest. «Nous sommes la deuxième force politique dans cette région», fait savoir le député Adamou Koupit de l’UDC. Le Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN), présidé par le député Cabral Libii, veut aussi faire bonne figure en mars prochain. Ce parti a gagné sept communes lors des élections municipales de février 2020. Seuls l’UNDP (16 communes) et le RDPC ont fait mieux. Pour atteindre cet objectif, le PCRN prépare activement la mise sur pied, dans les prochains jours, d’une commission chargée de la gestion des candidatures. En attendant, le sommet du parti a demandé aux militants intéressés par ces élections de se signaler. Dans la région du Littoral, la liste des candidats est même déjà prête.

Elecam mobilisée

Au Social Democratic Front (SDF), l’enthousiasme n’est pas encore perceptible, si on en croit un cadre du parti de la balance. Il ajoute : «C’est extrêmement difficile. Nous sommes à la veille d’un congrès et l’environnement est lié à la guerre de succession». Celui-ci croise les doigts pour que la convocation du corps électoral sorte le SDF de cette situation. Surtout parce que le parti de Ni John Fru Ndi joue gros. Car c’est le seul parti d’opposition qui a réussi à élire des sénateurs en 2018, soit 7 au total dans la région du Nord-Ouest. En 2013, le parti de la balance comptait 14 sénateurs élus. Bien avant la convocation du corps électoral, l’organe en charge de l’organisation matérielle des élections au Cameroun peaufinait déjà la préparation. Pour le directeur des élections, «le toilettage des listes est en cours. Nous le faisons en sorte que nous puissions élaguer les décédés, élaguer les noms de ceux n’ont plus la capacité électorale et surtout de faire en sorte que le fichier soit crédible. Ce qui veut dire en d’autres termes qu’il y a les conseillers municipaux qui ont été élus lors du double scrutin dernier, et les conseillers régionaux qui ont été élus en décembre 2020 qui vont maintenant constituer le fichier électoral. Ce qui nous donne un fichier autour de 11 000 électeurs. Les conseillers municipaux sont autour de 10 600 et les conseillers régionaux sont autour de 870 en tenant compte des décès», assurait-il.

Tout est fin prêt

Dans le même sillage, Elecam compte sur les ressources pour mener à bien le scrutin. Le directeur des élections annonce la formation du personnel d’Elecam, celle des membres des commissions de recensement des votes. En tout, «nous travaillons au jour le jour. Il n’y a pas d’inquiétude», rassurait Erik Essoussè pour qui tout sera prêt pour le déroulement de ces élections.

Source: Détective