Abbas Mahamat Tolli
Une participante tchadienne de la dernière édition de la Fotrac brise le silence et met en lumière un modus operandi qui lui a déjà coûté 400 000 FCFA. Les arnaqueurs, prétendument de nationalité camerounaise, attendent encore 3 millions FCFA d’elle pour lui donner accès à 20 millions FCFA.
Je soussigné, Abbas Mahamat Tolli, gouverneur à la Beac, certifie l’enregistrement conforme de Madame Amne Abdallah Aboul Khassim». De nombreux engagements de ce genre, consignés dans des documents et captures d’écran dont Intégration a reçu copie, sont attribués au patron de la Beac. Ils constituent pourtant les ficelles d’une arnaque bien montée autour des transferts de fonds internationaux par des individus aux noms et numéros de portable désormais connus. Des manœuvres aujourd’hui dénoncées par une victime déjà délestée de 400.000 FCFA. Les arnaqueurs, apparemment de nationalité camerounaise et se revendiquant proches d’Abbas Mahamat Tolli, «lui réclament encore 3 millions FCFA pour soi-disant libérer 20 millions FCFA». Ainsi que l’atteste Danielle Nlate, promotrice de la Fotrac à laquelle cette participante tchadienne s’est confiée.
Modus operandi
Les faits débutent au mois de juin dernier. Amne Abdallah Aboul Khassim veut faire transférer depuis le Tchad une somme de 20 millions FCFA à l’étranger. La femme d’affaires ignore qu’elle n’est pas concernée par les dispositions de la réglementation des changes. Lesquelles imposent des formalités pour «les transferts vers l’étranger d’un montant supérieur à 100 millions FCFA», précise l’article 88. Ses bourreaux, parmi lesquels un certain «Boukar des Ressources humaines de la Beac», en profitent. Ils exigent de l’argent à envoyer à destination du Cameroun via Western Union, d’abord à Ulrich Armel Kamdem Wadjo, et finalement à Achikouo Ngachili Ibrahim. Ce que fera la Tchadienne en effectuant un premier versement de 400.000 FCFA, après obtention de certaines garanties. Notamment l’identité du destinataire et plusieurs échanges téléphoniques, y compris croit-elle alors, avec Abbas Mahamat Tolli. «En soirée, j’étais dans le bureau du gouverneur (…), il m’a dit qu’il a parlé avec vous et que nous allons finir la procédure demain». Le même Boukar lui indique alors «d’envoyer l’argent au nom du coursier». Un numéro de téléphone est également communiqué.
Reliquat
Toutes ces manœuvres devaient prendre fin à l’issue d’un ultime versement encore attendu. «Cet accord spécial autorise Madame Amne Abdallah Aboul-Khassim (…) à récupérer son argent par virement ou par transfert après la confirmation d’enregistrement des signatures, timbres de ce document, en versant la somme de 3 000 000 FCFA». C’est ce qu’il ressort de l’un des deux faux documents produits et censés anesthésier la réticence de la victime. Il s’agit pour le premier d’une «Souche d’enregistrement à titre personnel dans le serveur de la Beac pour un financement commercial» et pour le second, d’une «Autorisation de transfert de fonds international». Les documents établis le 26 et le 29 juin 2023 portent la signature falsifiée du gouverneur.
