REVELATION : après un assassinat, une guerre éclate entre les généraux ambazoniens

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Fri, 12 May 2023 Source: www.camerounweb.com

Anye Nde Nsoh, journaliste travaillant pour Dream FM et responsable régional du journal anglophone The Advocate, a été tué le 7 mai à Bamenda, l'une des deux régions anglophones du Cameroun, en proie à un conflit meurtrier depuis 2016. Ce meurtre a suscité l'indignation du public et divisé les factions séparatistes anglophones rivales des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Deux hommes armés, se présentant comme des "Amba Boys" ou des combattants séparatistes, sont entrés dans le bar où se trouvait le journaliste et ont ordonné aux clients de partir avant de le tuer. Selon l'Association des journalistes anglophones, son assassinat a été perpétré par des factions séparatistes, tandis que certains séparatistes affirment qu'ils visaient un commandant militaire qui fréquentait le même bar. L'incident reflète les divisions internes du mouvement séparatiste, qui a été marqué par des conflits de leadership sur les stratégies et les tactiques de négociation. Jeune Afrique fait d’autres révélations notamment sur les versions.

« J’ai mis en place une action de coordination demandant à mes collègues d’accéder à n’importe quelle source possible pour faire la lumière sur ce crime, confie Jude Viban, président de l’Association camerounaise des journalistes anglophones [Camasej], dont Anye Nde Nsoh était membre. Ce que nous savons, c’est que deux hommes armés qui s’étaient identifiés comme des combattants séparatistes, également appelés “Amba Boys”, sont venus dans un bar et ont tué notre collègue aux environs de 21 heures. »D’après un communiqué du Camasej, le journaliste sportif, qui travaillait aussi comme animateur dans le bar Don Simon, près de chez lui, à Bamenda, est « venu dimanche soir pour faire du hyping [chauffer la salle], comme d’habitude ». La batterie de son microphone étant faible, Anye Nde Nsoh a décidé d’aller en chercher une de rechange.Alors qu’il est sorti, deux hommes équipés d’armes à feu – qui se sont présentés comme des combattants séparatistes – sont entrés dans le bar et ont ordonné aux clients de sortir. « En revenant, Anye a heurté les hommes armés qui ont ouvert le feu, lui tirant une balle dans la poitrine », a confié un témoin au principal syndicat des journalistes anglophones », précise Jeune Afrique.

« Pour Felix Agbor Balla, militant politique camerounais et spécialiste des droits humains, l’assassinat de ce journaliste était un incident. « Les Ambazoniens ne l’ont pas visé particulièrement. Ils cherchaient une autre personne », clarifie t-il, précisant qu’ »Anye Nde Nsoh, avait auparavant été kidnappé par des séparatistes puis relâché » et que « ses travaux ne portaient pas sur des affaires sensibles », rapporte le Magazine panafricain.

« Selon Capo Daniel Ngong, l’ex-porte-parole de l’Ambazonia Defence Forces (ADF) en exil, l’homme recherché par les deux assaillants était un commandant militaire de Bamenda, qui fréquentait régulièrement le Don Simon bar. D’après lui, ce crime est « une erreur d’identité ». « Quelques semaines plus tôt, le commandant ciblé était dans ce bistrot (…) Malheureusement, c’est un journaliste qui a été tué et c’est un événement triste », a-t-il regretté.Une déclaration qui contraste avec la version de l’Ambazonia Governing Council (AGovC), en conflit ouvert avec la faction de Capo Daniel Ngong. Mercredi 10 mai, Lucas Ayaba Cho, le président de l’AGovC a affirmé avoir diligenté une enquête. « Nous avons établi qu’il était mort dans un tir croisé entre nos forces et des soldats ennemis [sans préciser leur identité] dans un endroit où il travaillait comme MCing [maître de cérémonie]. »Depuis 2021, des querelles de leadership fracturent les défenseurs de la cause anglophone. Des dissensions flagrantes – au sujet des négociations avec l’État ou des stratégies de lutte – ont souvent conduit ces deux principaux clans à se livrer une guerre fratricide sur le terrain, dans les forêts du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, en plus d’affronter l’armée régulière camerounaise », lit-on sur Jeune Afrique.

Source: www.camerounweb.com