Vers une crise diplomatique entre le Cameroun et la Suisse? Le parquet général du Littoral au banc des accusés.
Deux hommes d’affaires, d’origine libanaise, se battent pour le contrôle de l’entreprise ayant transporté des essences congolaises, en transit actuellement à Douala. Le tribunal tardant à dire le droit, le Pad facture, au quotidien, les pénalités aux acheteurs venus de la Confédération. Et qui n’arrêtent plus de payer le lourd tribut, depuis près d’un mois.
La société Industrie forestière de Ouesso (Ifo), au Congo, appartient à des investisseurs suisses. Ces derniers ont, voici quelques semaines, fait transporter leur bois, du Congo jusqu'au port de Douala, par la société de transport Omaïs Kassim.
Pour un conflit de légitimité opposant Omaïs Kassim à son compatriote libanais Zouhair Michel Fadoul El Achkar, demeurant à Cotonou (Bénin), au sujet du capital de ladite société, sieur Omaïs Kassim a fait saisir la cargaison de bois, estimant que le paiement des frais de transport devait se faire entre ses mains et non chez Léonard Ambassa, expert-comptable désigné par la Cour commune de justice et d'arbitrage (Ccja) d'Abidjan comme administrateur provisoire de la société Transport Omaïs Kassim Selecta Sarl (Tok), dont le siège est situé au centre commercial de Ngaoundéré.
En attendant que le tribunal de première instance de Douala-Bonanjo se prononce sur la validité de la saisie pratiquée par Omaïs Kassim, le Port autonome de la même ville (Pad), lui, facture les pénalités à la société Ifo, propriétaire du bois. La procédure, introduite par les avocats de la société Ifo, est un référé d'heure à heure et, de ce fait, devrait être réglée dans de courts délais. Mais les réquisitions du ministère public, apprend-on, seraient bloquées par le procureur général, qui selon des sources proches du dossier, attendrait une éventuelle «motivation» de la société suisse.
Rebondissements
Cette version ne semble pas convaincre plusieurs observateurs, lesquels soutiennent le droit doit absolument être dit. Ces derniers considèrent le magistrat camerounais comme un homme intègre, loin de ce genre de basses exigences. Votre journal, qui a essayé de joindre l’intéressé, n’a pas pu mener à bon port cette démarche professionnelle pour des raisons soit de l’indisponibilité du magistrat, ou alors des problèmes de réseaux téléphoniques que connaît actuellement le pays.
Si l’information selon laquelle le droit, au sujet de cette affaire qui fait, en ce moment, le buzz dans certains milieux d’affaires et diplomatiques suisses, venait, un tant soit peu à être vérifiée, ils seraient déjà nombreux, voire prêts, comme cet avocat ayant requis l’anonymat, de persiffler : «Voilà donc la triste image que certains veulent donner de la justice camerounaise aux investisseurs étrangers, notamment ceux de la Suisse, pays qui accueille, régulièrement, le chef de l’État en séjour privé.» Et de s’étonner que l’on s’étripe, curieusement, pour une histoire de bois qui n’est même pas camerounais.
Toujours est-il que les propriétaires helvétiques dudit bois, en attente d’embarquement, depuis près d’un mois, commencent à perdre patience et à s’interroger. Ici et là, l’on ne fait pas mystère des forts risques de crise diplomatique entre la Suisse et le Cameroun, deux amis qui entretiennent de très bonnes relations, sur tous les plans. Aux dernières nouvelles, l'ambassade de Suisse au Cameroun se préparait, info ou intox, à saisir le chef de l'Etat, Paul Biya.
Source : La Météo du 17 mai 2023.