La disparition d'Hubert Mono Ndjana, philosophe émérite et ancien membre influent du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), plonge le Cameroun dans une profonde tristesse. À l'âge de 77 ans, Ndjana, auteur prolifique et politicien engagé, laisse un héritage qui transcende les domaines académiques et politiques, laissant une empreinte indélébile sur la pensée politique du président Paul Biya.
Né à Ekabita, dans le département de la Lékié (Centre), Hubert Mono Ndjana a tracé son parcours académique de manière inattendue, passant de l'aspiration au droit à l'immersion dans la philosophie. Son passage chez les pères du collège Vogt de Yaoundé a joué un rôle clé dans son orientation intellectuelle. Professeur en lycée dans les années 1980, il a achevé sa thèse à l'Académie des sciences de Pyongyang, en Corée du Nord, en 1990. En février 2003, il a marqué l'histoire en devenant le premier Camerounais à accéder au grade universitaire de professeur des universités en philosophie.
Hubert Mono Ndjana a également joué un rôle crucial dans le domaine politique. Présent au palais d'Etoudi le 6 novembre 1982, il a vécu de près les transitions présidentielles d'Ahmadou Ahidjo à Paul Biya. Son rapprochement avec le président Biya est souvent évoqué, et il a occupé le poste de secrétaire général adjoint chargé de la communication au sein du RDPC.
Son engagement politique s'est illustré dans ses écrits, en particulier dans l'ouvrage controversé de 1987, "De l'ethnofascisme dans la littérature politique camerounaise". Accusé d'avoir contribué aux fondements du tribalisme d'État, Ndjana a introduit des concepts tels que "ethnofascisme" et a critiqué des intellectuels bamilékés.
Au fil des années, Hubert Mono Ndjana a évolué dans ses positions. Ses dernières années ont été marquées par des critiques de plus en plus franches envers le président Biya. En 2017, il a exprimé son mécontentement dans une tribune publiée dans Le Jour, déplorant l'absence d'achèvement de projets présidentiels et pointant du doigt une tolérance excessive envers le désordre.
Hubert Mono Ndjana a tragiquement perdu la vie dans un accident de la circulation le 2 novembre, succombant à ses blessures le 16 novembre à Yaoundé. Sa contribution unique à la pensée politique camerounaise et son service dévoué à Paul Biya laissent un vide difficile à combler.