REVELATION: la France a un gros souci au Cameroun

Biya Et Macron Image illustrative

Sat, 13 Dec 2025 Source: www.camerounweb.com

Avec 153 258 tonnes de bananes exportées en 2024 et plus de 6 000 employés, PHP incarne la réussite d'une privatisation réalisée en 1991. Mais Jeune Afrique révèle comment ce géant économique camerounais cristallise aujourd'hui toutes les critiques sur les pratiques des multinationales françaises en Afrique.

C'est l'histoire d'une success story économique qui se transforme en casse-tête juridique. Les Plantations du Haut-Penja, filiale camerounaise de la Compagnie fruitière, sont nées en 1991 de la privatisation de l'Office camerounais de la banane. Plus de trois décennies plus tard, cette entreprise dirigée par le Français Armel François s'est imposée comme le principal exportateur de bananes du Cameroun. Mais selon les révélations de Jeune Afrique, c'est précisément cette position dominante qui attire aujourd'hui l'attention des organisations de défense des droits humains et de l'environnement.

Le magazine panafricain dévoile l'ampleur de l'empire PHP : 4 500 hectares de plantations dans l'Ouest camerounais, 153 258 tonnes de bananes exportées en 2024, et un effectif oscillant entre 6 000 et 7 000 employés. Ces chiffres, rendus publics par Jeune Afrique, font de PHP l'un des plus importants employeurs privés du Cameroun. Une position de quasi-monopole dans le secteur de la banane qui s'accompagne désormais d'une responsabilité juridique accrue sous le regard de la loi française sur le devoir de vigilance.

Jeune Afrique recense les accusations qui pèsent sur l'entreprise depuis de nombreuses années. Des ONG dénoncent l'extension des surfaces de plantations au détriment des forêts et des communautés locales, révèle le magazine. Ces organisations ont également accusé PHP de pollution et d'usage de pesticides entraînant la contamination de sols. Le magazine liste également les conditions de travail précaires et les cas de répression des revendications sociales qui auraient été documentés au fil des ans.

Cette accumulation de griefs, détaillée par Jeune Afrique, n'est pas restée sans réponse. L'entreprise assure avoir pris en compte ces critiques et avoir mis en place un plan de vigilance adéquat. Mais selon les informations du magazine, quatre organisations dont Transparency International et Transparency International Cameroun estiment que ce plan ne répond pas aux exigences de la loi française. Une mise en demeure a été adressée le 9 décembre à la Compagnie fruitière, marquant potentiellement le début d'une longue bataille judiciaire.

Le test du modèle de la privatisation

Au-delà des aspects juridiques, l'affaire PHP interroge le modèle même des privatisations réalisées dans les années 1990 en Afrique. Jeune Afrique rappelle que PHP a pris sa forme actuelle en 1991 avec la privatisation de l'Office camerounais de la banane, une opération censée moderniser le secteur et améliorer sa compétitivité. Trente-quatre ans plus tard, le bilan apparaît contrasté : une réussite économique indéniable avec des volumes d'exportation importants, mais des accusations persistantes sur les pratiques sociales et environnementales.

Cette affaire, dont Jeune Afrique dévoile les contours, pourrait créer un précédent majeur. Si PHP est contrainte par la justice française de réviser en profondeur ses pratiques au Cameroun, cela pourrait entraîner une cascade de remises en question pour d'autres entreprises françaises présentes en Afrique. Le magazine note que la loi française impose aux entreprises de plus de 10 000 salariés dans le monde de publier un plan de vigilance décrivant les mesures mises en place pour prévenir les risques sociaux et environnementaux liés à leur activité. PHP, par son poids économique et son histoire, devient ainsi le laboratoire d'une nouvelle ère de responsabilité des multinationales en Afrique.

Jeune Afrique précise les enjeux du calendrier juridique. La loi impose un délai de trois mois à l'entreprise pour répondre, corriger, publier un plan de vigilance mis à jour ou prouver qu'elle applique réellement celui qu'elle a divulgué. Si elle ne le fait pas ou si ses réponses ne sont pas jugées convaincantes, révèle le magazine, les requérants peuvent passer à l'étape suivante : une saisine du tribunal, grâce à laquelle les plaignants peuvent demander au juge d'ordonner à l'entreprise de se conformer à la loi.

Le juge peut dans le même temps être saisi pour engager la responsabilité civile de l'entreprise, indique Jeune Afrique. L'idée est simple mais peut s'avérer coûteuse pour la société : si un dommage découle de la défaillance du plan de vigilance, celle-ci peut être condamnée à réparer ce préjudice auprès des victimes, qu'il s'agisse de ses employés ou des habitants impactés par ses activités. Pour PHP et sa maison-mère, les prochains mois s'annoncent décisifs.

Source: www.camerounweb.com