C’était une annonce faite en grande pompe. Il avait été annoncé que le Cameroun devrait procéder à la délivrance des visas électroniques (e-visa), dans les missions diplomatiques, les postes consulaires, les aéroports internationaux et aux frontières aériennes, terrestres et maritimes vers la fin du mois de juillet 2022. Seulement jeune Afrique nous renseigne que ce projet tourne au fiasco.
C’est à l’entreprise Impact Palmarès R&D SAS qu’a été confié ce chantier à travers un contrat de dix ans. Selon le ministère des Relations extérieures (Minrex), le projet e-visa a plusieurs objectifs parmi lesquels la centralisation et la protection des données enregistrées sur la plateforme numérique ; le contrôle des flux des entrées et des sorties sur le territoire.
« Il permettra aussi la réduction des distances à parcourir et les files d’attente dans les ambassades. Ces problèmes font partie des griefs dénoncés notamment par la diaspora et les étrangers désireux de séjourner au Cameroun », avait-t-il précisé. Selon le ministre, l’e-visa permettra aussi de mieux sécuriser les recettes de l’État grâce au paiement qui se fera désormais par voie électronique.
« Selon nos informations, les postes consulaires disent ne pas disposer du budget nécessaire à la mise en service du nouveau système. En effet, les appareils fonctionnant en réseau, une connexion internet de très haut débit est indispensable. De plus, selon des diplomates s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, les consulats situés dans les pays où se produisent des coupures d’électricité demandent des investissements pour des équipements d’appoint, tels que des groupes électrogènes. Au ministère des Finances, on justifie le retard dans l’octroi des crédits par l’accumulation de difficultés budgétaires. L’initiative est pourtant destinée à améliorer la procédure de demande de visas, grâce notamment à une nouvelle procédure entièrement faite en ligne, l’intégration d’éléments biométriques et l’instauration d’un e-visa. Elle aurait également entraîné une diminution des coûts pour l’État et les demandeurs et un renforcement de la sécurité aux frontières. Sauf que, depuis le 1er janvier 2023, les tarifs des visas d’entrée au Cameroun ont augmenté de 43 % voire 84% », a révélé Jeune Afrique.
« Le visa temporaire d’une durée de trois mois est en effet passé de 115 euros à 165 euros en procédure normale (48 heures), tandis qu’en urgence (24 heures), le même document est passé de 125 euros à 230 euros. S’agissant de la durée de validité, elle a augmenté de 3 à 6 mois à la suite d’une erreur de la loi de finances. Celle-ci peut en théorie modifier les coûts mais pas les catégories de visa ni leur durée, deux dispositions déjà fixées par texte distinct.Pour chaque visa délivré, Impact Palmarès bénéficie d’une rémunération de 30% du coût de la prestation. La convention signée le 1er avril 2022 avec Lejeune Mbella Mbella, le ministre camerounais des Relations extérieures, porte sur une durée de 10 ans éventuellement renouvelable », précise le Magazine Jeune Afrique.