REVELATION : voici pourquoi les ex-ministres RDPC ne reviennent plus au gouvernement

Les anciens ministres de Paul Biya

Tue, 28 Mar 2023 Source: L'oeil du Sahel

Comme de tradition, le 24 mars a été l’occasion pour les militants du parti au pouvoir (Rdpc) de se déployer en grande pompe dans le Grand-Nord. Parmi ceux-ci, des anciens membres du gouvernement. Qui ne rêvent, quoi de plus légitime, que d’un retour dans les premiers cercles du pouvoir.

Ils s’activent, discrètement, parfois bruyamment quand ils occupent des positions de premier plan comme la présidence de commission départementale du Rdpc. Zacharie Perevet dans le Mayo-Tsanaga (Extrême-Nord) ou encore Baba Hamadou dans la Vina (Adamaoua) et Abba Sadou dans le Mayo-Banyo (Adamaoua) en sont de parfaites illustrations. Pour le reste de la troupe, et quand c’est possible, ils n’hésitent pas à se montrer à leur avantage.

Il s’agit en autres de Sali Daïrou, Adji Abdoulaye et Seini Katchalla dans le Diamaré ; Gounoko Haounaye et Adoum Garoua dans le Mayo-Danay, Dr Aboubakar Sarki dans le Faro et Déo… Dans cette short list où le lamido de Rey-Bouba, Aboubakary Abdoulaye, ancien secrétaire d’Etat, est d’emblée exclu pour avoir lui-même sollicité son départ du gouvernement, la question qui demeure est celle de savoir si les anciens ministres ont une chance, malgré leurs débauches d’énergie, de frapper à nouveau dans l’œil du Président et revenir au gouvernement ? Rien n’est exclu.

Mais à l’évidence, il faudra bien plus que de l’agitation politique parce qu’in fine, c’est à Paul Biya de changer une règle non écrite qu’il s’est imposée depuis son accession au pouvoir : à savoir ne pas rappeler au gouvernement un ancien ministre Rdpc originaire des régions septentrionales.

De fait, à l’évidence, tous ceux qui au Nord ont fait des allers et retours au gouvernement depuis 1982 ont tous le même ADN : celui d’appartenir à une formation politique autre que le Rdpc. C’est le cas d’Issa Tchiroma entré une première fois sous la bannière de l’Undp en 1992 et revenu sous le manteau du Fsnc en 2007 ; Hamadou Moustapha, entré en 1992 (Undp) et revenu en 2004 (Andp) ; Bello Bouba Maïgari sorti du gouvernement en 1983 (Unc) et nommé en 1997 pour le compte de l’Undp ; Hélé Pierre (Unc), éjecté du gouvernement en 1984 et rappelé en 1997 pour le compte de l’Undp bien que depuis 2002 il milite au sein du parti au pouvoir.

A ces exemples, citons également le cas de feu le ministre d’Etat Dakolé Daissala entré au gouvernement en 1992 pour le compte du MDR, éjecté en 1997 puis rappelé en 2004 toujours pour le compte du MDR avant d’être sorti en 2007… Pas un seul ancien ministre du Grand-Nord, militant de sa formation politique, n’aura donc trouvé grâce aux yeux du chef de l’Etat pour revenir au gouvernement.

« Je dois dire que cette remarque est fondamentale pour comprendre la relation du Président Paul Biya d’avec le Grand-Nord. Gilbert Andzé Tsoungui, Martin Mbarga Nguelé, René Ze Nguélé, Michel Meva m’Eboutou et Phillipe Mbarga Mboa sont bien revenus au gouvernement ; Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt aussi ; Henri Eyebé Ayissi également, Yang Philémon davantage… Dans le Grand-Nord, au mieux vous êtes nommés ambassadeurs comme Mahamat Paba Salé et Mohamadou Labarang ou président de conseils d’administration à l’instar de Gounoko Haounaye, Adoum Garoua et Dr Aboubakar Sarki, au pire vous êtes abandonnés à vous-même comme Zacharie Perevet, Seini Katchalla ou encore Sali Daïrou », constate Germain Toukou, militant du Rdpc dans le Diamaré.

Pour un certain nombre d’observateurs, pour qui connaît le chef de l’Etat, le constat actuel n’est guère surprenant. « Le Président reste fidèle à sa politique dans le Grand-Nord fondée sur des critères dont le principal reste le refus assumé de renouveler le personnel politique. Vous remarquerez que les ministres nordistes, jusqu’à une date récente, sont ceux qui restent le plus longtemps au gouvernement. Hier Hamadjoda Adjoudi, Amadou Ali et Zacharie Perevet qui totalisaient plus d’une vingtaine d’année sans discontinuer au gouvernement ; aujourd’hui Yaouba Abdoulaye, Alamine Ousmane Mey… qui affichent plus d’une dizaine d’années. Seulement, quand vous sortez de ce cercle, difficile pour vous de revenir », résume un ancien ministre nordiste qui occupe d’importantes positions au sein du Rdpc.

Manifestement, sortir du gouvernement pour un Nordiste est synonyme de rejoindre la case des « has been ». De quoi refroidir bien d’ambitions.

Source: L'oeil du Sahel