Selon les déclarations du ministre Camerounais de la Communication, réagissant mardi dernier, au sujet de la condamnation du correspondant en langue haoussa de radio France international, la chaîne n’est plus ni moins qu’une excroissance du groupe Djihadjiste. Rien ne va plus entre les médias français et le gouvernement camerounais.
Après l’attaque du ministre de la Communication contre l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique la semaine dernière, c’est Radio France Internationale (RFI) qui se voit remonter les bretelles par le porte-parole auto-proclamé du gouvernement.
Cette fois-ci la pomme de discorde, c’est la condamnation du correspondant de Rfi par le tribunal militaire de Yaoundé à dix ans de prison ferme pour des faits de blanchiment de produits de terrorisme et non dénonciation d’actes terroristes continue qui fait débat. Le 25 avril 2017, au cours d’une conférence de presse tenue dans son département ministériel, M. Issa Tchiroma a taxé Ahmed Abba de : «pseudo-journaliste qui n’est ni plus ni moins qu’une excroissance de Boko Haram qui se cache derrière la façade respectable de Rfi pour perpétrer son forfait ». Il s’arrête pas là il ajoute à propos de la radio française : « ce que Rfi a fait est inacceptable ».
Avec sa morgue habituelle, l’homme a récusé les allégations faites sur gouvernement par Rfi au sujet de la condamnation d’Ahmed Abba, qui au cours de leurs éditions d’informations déclaraient : « le Cameroun condamne les délits de presse, qui sont une entrave grave à la liberté d’informer ou de former. Nous appelons tout le monde à une mobilisation générale, à tous ceux qui tiennent à ce droit fondamental ».
Du côté de la presse camerounaise, Denis Kwebo, le président du Syndicat National des Journalistes du Cameroun (SNJC) a pris fait et cause pour le journaliste de RFI. Dans un entretien accordé à Christophe Boisbouvier un reporter de la « radio du monde », il a fustigé ce verdict du tribunal militaire de Yaoundé, arguant que la liberté de la presse dans le triangle national est bâillonnée : « c’est une punition contre la presse. C’est une volonté de criminaliser le métier de journaliste au Cameroun parce que tout ce qu’on reproche à Ahmed Abba, c’est d’avoir été en situation professionnelle », s’indigne le journaliste du quotidien Le Jour.
Mais pour le MinCom, la démocratie résulte dans la force des institutions. Il recommande aux pourfendeurs de cette décision judiciaire de placer leur confiance en la justice camerounaise. Allusion faite aux voies de recours introduites près ladite Cour par les conseils d’Amed Abba : «Nous devons faire confiance à notre justice. C’est au motif de l’exercice de sa profession de journaliste qu’il a été reconnu coupable et jugé», défend l’ex ministre des Transports.
En rappel, Ahmed Abba a été mis aux arrêts le 30 Juillet 2015 à Maroua dans la région de l’Extrême Nord ; une région en proie aux attaques de la secte islamique Boko Haram. Il lui était reproché non-dénonciation et d’apologie d’acte terroriste, blanchiment du produit d’acte terroriste. Ces charges peuvent être sanctionnées par la peine de mort selon le droit camerounais.