RFI s’inquiète des menaces contre les journalistes au Cameroun

Ahmed Abba1 Ahmed Abba, le correspondant de RFI en langue haoussa

Tue, 14 Feb 2017 Source: cameroon-info.net

C’est depuis deux années qu’Ahmed Abba, le correspondant en langue haoussa de Radio France Internationale, fait face à la justice camerounaise. Malgré les demandes répétées de la chaîne française pour laquelle il travaillait au moment de son interpellation, il reste en détention. Le directeur adjoint de RFI parle du procès de leur correspondant.

C’est le 30 juillet 2015 qu’Ahmed Abba, correspondant en langue haoussa de Radio France Internationale (RFI) a été arrêtée. La justice camerounaise le poursuit pour «complicité d'actes de terrorisme» en lien avec les jihadistes nigérians de Boko Haram, et «non-dénonciation des actes de terrorisme». Yves Rocle qui est le directeur adjoint de RFI s’exprime dans les colonnes du quotidien Le Jour du 14 février 2017 sur le procès intenté contre son correspondant.

«Ahmed Abba a été arrêté le 30 juillet 2015 dans la Région de l’Extrême-Nord. Au moment de son arrestation, le groupe terroriste Boko Haram sévissait dans plusieurs attentats meurtriers. Ils ont cru qu’Ahmed Abba était nigérian. Il a été dénoncé à tort. Une fois arrêté, il a été mis en prison à Maroua où il a passé une quinzaine de jours. Après cela, on a décidé de l’envoyer à Yaoundé. Mais le problème c’est qu’il a disparu pendant plus de trois mois, et on a fini par découvrir qu’il était détenu au secret à la DGRE. En clair Ahmed Abba a été torturé lors de sa détention à la DGRE. Alors que nous étions sans nouvelle de notre correspondant, on a désigné les avocats qui l’ont retrouvé. Il était question pour nous qu’on le laisse avoir accès à ces avocats, qu’on puisse voir ce qu’on lui reproche et que la justice fasse normalement son travail», déclare Yves Rocle.

Indiquant ce que RFI fait depuis la détention de son correspondant, Yves Rocle déclare que la chaîne a mis des avocats à la disposition de ce dernier. Pour la chaîne, il s’agit de meilleurs avocats au Cameroun pouvant assurer la défense d’Ahmed Abba.

«Dans nos tranches d’informations, nous relayons chaque fois la situation d’Ahmed Abba. Nous avons également mis en place une pétition pour attirer l’attention des autorités camerounaises sur cette détention. Le cas Ahmed Abba n’est pas isolé. Car, il y a actuellement au Cameroun trois autres journalistes qui sont poursuivis pour non-dénonciation. Ces procédures judiciaires contre les journalistes constituent une réelle menace à notre profession. Le problème ici pour nous c’est celui de la protection des sources. Ce n’est pas parce que vous êtes en contact avec quelqu’un que vous êtes son complice, il ne faut pas que les gens pensent que RFI soutient les terroristes. RFI est également une victime du terrorisme. Ghislaine Dupont et Claude Verlon journalistes en service à RFI ont été sauvagement assassinés par les terroristes».

Source: cameroon-info.net