Il dresse la liste de huit pays africains prioritaires pour les investisseurs au cours des 30 prochaines années et le Cameroun n’y figure pas. Le Cameroun aurait-il multiplié les opérations de charme aux investisseurs en vain? C’est ce que semble indiqué le rapport sur les changements économiques et sociaux dressé par le cabinet conseil allemand, Roland Berger. Selon ce document, seuls huit pays africains à savoir le Nigeria, l‘Éthiopie, le Kenya, la Tanzanie, le Mozambique, l’Angola, la Côte d’Ivoire et l‘Égypte sont les pays prioritaires pour les investisseurs au cours des 30 prochaines années. Le cabinet Roland Berger, spécialiste en conseils et stratégies économiques a basé son étude sur des critères bien précis tels que la population, les infrastructures ou encore le Produit intérieur brut. Le « Think Act » révèle les conclusions des recherches de son cabinet sur le terrain et les choix des investisseurs pour ces huit pays d’Afrique dont la démographie, le produit intérieur brut ainsi que les infrastructures sont de loin supérieures au Cameroun. Le Nigeria est le pays le plus peuplé d’Afrique avec 186 987 000 habitants pour un PIB en hausse de 2,5% malgré la chute des cours du baril de pétrole dont il est dépendant à 70%, les attaques terroristes, l’insécurité etc.
Interpellé sur le cas du Cameroun, Vincent Koueté économiste au Gicam, trouve cette étude subjective, bien qu’à prendre au sérieux. « Il faut noter qu'il s'agit d'une étude prospective dans un horizon de 30 ans. A cette échelle, l'aspect exploratoire de l'exercice devient quelque peu relatif et souvent le caractère volontariste prend le devant. Autrement dit, les hypothèses que l'on formule sur les différentes variables deviennent de plus en plus subjectives. L'idéologie même qui soutient les analyses est très importante» déclare cet économiste du Gicam. Selon lui, l’une des bases de cette étude qui est la démographie peut trouver explication dans le non choix du Cameroun. Car, « exceptés le Mozambique, l’Angola et la Côte d’Ivoire, les autres sont quasiment les pays les plus peuplés d'Afrique » ajoute-il. Même si le Cameroun est le pays le plus peuplé de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, il apparaît comme un nain avec ses 23 920 400 habitants ». Vincent Kouété, dans sa lecture de cette actualité évoque un autre facteur basé sur les performances de ces économies respectives, qui ont disqualifié le Cameroun. « Le degré de maturité des économies (mesuré par les perspectives d'évolution du stock des infrastructures), ceci exclut d'une part les pays déjà avancés du continent tels que l'Afrique du Sud, les pays du Maghreb (ils sont considérés comme ayant déjà à un certain niveau de saturation) et d'autres part les pays à fort potentiel mais qui pour une raison ou une autre ne sont pas encore dans les starting block tels que la RDC, le Soudan, etc. L'étude considère que le Cameroun et les pays d'Afrique Centrale n'ont pas encore rempli les prés requis pour leur décollage économique» a-t-il relaté. Avant d’ajouter que la crise sécuritaire, la faible visibilité stratégique, le problème de gouvernance, le risque d'instabilité politique, etc. sont autant de facteurs qui ont freiné le choix du Cameroun dans le classement des pays africains prioritaires aux investisseurs. Pourtant, la Côte d’ivoire est souvent présentée comme le jumeau du Cameroun. Alors pourquoi lui, et pas le Cameroun ? À cette question, l’économiste du Gicam répond : « cette étude sépare radicalement les deux pays.
La Côte d’Ivoire est désormais considérée comme un pays en plein décollage au regard des performances économiques récentes (10% de croissance), la visibilité des orientations stratégiques et notamment dans le développement des infrastructures. Une illustration de l'écart entre les deux pays est l'aménagement des deux capitales économiques. Côté routes, logements, assainissement, et même télécommunications, Douala est loin derrière Abidjan. Malgré la crise en Côte d’Ivoire, un troisième pont a été construit sur la lagune Ebrié alors que nous trimons pour faire un premier pont bis sur le Wouri! » Le cabinet allemand, Roland Berger est un cabinet conseil à dimension mondiale, présent dans 36 pays ayant 50 bureaux et 200 associés.