Un rapport qui pointe clairement la responsabilité de certains éléments de l’armée camerounaise
Très loquace les jours et semaines qui ont suivi les tragiques évènements, le gouvernement s’est terré dans un silence déconcertant depuis la publication du rapport d’enquête du Chef de l’Etat.
Où sont passés les ministres de la Communication, de l’Administration Territoriale et dans une moindre mesure, de la Défense ?
Ces trois membres du gouvernement, aux avant-postes de la communication autour des évènements tragiques de Ngarbuh, sont inaudibles depuis la publication du rapport d’enquête du Président Paul Biya. Un rapport qui pointe clairement la responsabilité de certains éléments de l’armée camerounaise.
Pourtant, à tour de rôle, chacun de ces ministres avaient fermement défendu la même thèse: une attaque des combattants séparatistes contre les populations civiles.
Ils ne se sont pas arrêtés à ce niveau. Par une communication essentiellement menaçante, ils se sont employés à démonter les allégations d’ONG, de leaders religieux ou de médias qui suggéraient une responsabilité des hommes en tenue.
Face à la presse le 27 février 2020, le ministre de la Communication, René Sadi, avait déclaré: «Le Gouvernement camerounais détient en effet depuis quelques jours, des preuves irréfutables établissant des liens entre d’une part, madame Ilaria Allegrozzi, présentée comme chercheuse senior au sein de l’ONG ‘‘Human Rights Watch’’, auteur du rapport biaisé incriminant les Forces Armées Camerounaises, et d’autre part, de nombreux terroristes sécessionnistes qui mettent régulièrement à sa disposition et à sa demande, depuis le début de la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, des photographies, des vidéos, ainsi que des informations sur leurs diverses abominations, afin que celles-ci servent plutôt d’arguments à charge contre nos Forces de Défense et de Sécurité».
Le 9 mars, son collègue de l’Administration Territoriale, Paul Atanga Nji, pour la même raison, menaçait d’interdire les activités de certaines ONG en territoire camerounais, non sans avoir pointé certains médias au passage d’être au service desdites ONG ayant pour objectif de «déstabiliser» le Cameroun.
Cette communication très offensive à l’époque, contraste aujourd’hui avec le silence dans lequel ces membres du gouvernement se sont terrés depuis la divulgation du rapport.
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