De nouveaux éléments viennent de connaitre le jour dans le scandale de détournement de fonds sur la ligne 94. En effet, Constant NEMALE et le Directeur du cabinet civil adjoint sont soupçonnés de détournements et de complicité de détournements de milliards sur la ligne 94 pour le compte de la chaine de télévision Africa 24.
D'après Boris Bertolt, le moins que l’on puisse dire, c'est la chaîne de télévision AFRICA 24 a des problèmes.
En effet, une enquête de AFRICA INTELLIGENCE a mis le feu aux poudres et exposé en premier Constant Nemale et certaines têtes de son entourage. Ensuite un énorme détournement des fonds de la ligne 94 a été révélé. Explications.
« Les 14 employés restants ont touché avec retard leurs salaires d'octobre et novembre à la fin du mois de décembre, et celui de décembre au tout début du mois de janvier. Le treizième mois n'a pas été versé. Ils ont, pour une grande partie d'entre eux, déserté la rédaction.
Actionnaire unique, le Cameroun , selon le pacte d'actionnaires signé lors du rachat, était censé apporter à Africa 24 un chiffre d'affaires de 3,2 millions d'euros par an, entre 2019 et 2021, en grande partie via l'achat d'espaces publicitaires. L'Etat camerounais s'était par ailleurs engagé à ramener le déficit en dessous de 500 000 € pendant deux ans, afin de sauver les 26 contrats de travail en France. Si le Cameroun a respecté ce dernier engagement, ce n'est pas le cas pour les commandes. Selon des documents consultés par Africa Intelligence, Yaoundé a apporté 1,4 million d'euros en 2019, soit 917 MILLIONS FCFA; 2,3 millions en 2020 Soit 1 MILLIARD 507 MILLIONS FCFA et 2,8 millions en 2021. Soit 1 MILLIARD 834 millions. Aucun fonds n'a été versé en 2022.
Et c’est le gouvernement camerounais qui dictait la ligne éditoriale. Pour preuve, une série de mails consultés par Africa Intelligence datés des 10 et 11 novembre 2022, dans lesquels Constant Nemale demande à des journalistes de la chaîne de reprendre le montage de l'interview de Grégoire Owona, ministre camerounais du travail et secrétaire général adjoint du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, le parti au pouvoir). "Certains plans sont incompréhensibles et par ailleurs en fin de première partie elle [la présentatrice, NDLR] coupe brutalement le ministre pour marquer une pause. Ce qui est inacceptable", écrit-il.
Les détournements ont été au rendez vous à travers la société de régie publicitaire enregistrée à Dubaï et propriété de Nemale, Etnium International. La police judiciaire des Hauts-de-Seine s'intéresse cependant au cas d'Etnium International. Le 11 mars 2020, elle a procédé à la saisie de 794 629 € sur un compte de la société logé dans la filiale française d'Ecobank, dans le cadre d'une enquête pour "abus et recel de biens sociaux". Les enquêteurs justifient leur saisie par le fait que "les encaissements perçus par Etnium International [de 2015 à 2017, NDLR] et non reversés à Afrimedia, donc 2 076 942 €, soit plus d’UN MILLIARD FCFA constituent des fonds détournés par Constant Nemale et toujours détenus par Etnium International".
Comment expliquer que la collaboration avec Etnium ait pu perdurer? Selon l’enquête: « Les relations de Constant Nemale au sein du pouvoir camerounais, et donc avec l'actionnaire, constituent un premier élément de réponse. L'homme connaît bien Oswald Baboke, adjoint au directeur du cabinet civil de la présidence, Samuel Mvondo Ayolo. C'est ce très proche de Chantal Biya qui a suivi le dossier d'Africa 24, en étroit contact, tout au long de la procédure, avec son propriétaire en faillite. Il arrivait ainsi que, pendant les négociations, Constant Nemale réponde lui-même aux correspondances pourtant uniquement adressées au cabinet civil du chef de l'Etat, Paul Biya ».