Un conflit interne au sommet de l'État menace de coûter des milliards au Trésor public. Alors qu'un contentieux oppose le Cameroun à la société australienne Sundance Ressources, des tensions émergent entre le ministre de la Justice et le secrétaire général de la présidence, révélant un possible montage aux relents de corruption.
Le ministère de la Justice, par la voix de Jean de Dieu Momo, semble vouloir transiger pour un montant de 94 milliards FCFA, contrairement à l'avis de la présidence qui recommande de poursuivre l'arbitrage international. Derrière cette bataille administrative se profilerait un soupçonneux appétit de rétrocommissions.
 
Le scoop de la matinale de jeudi … COMMENT LE MINISTRE DÉLÉGUÉ JEAN DE DIEU MOMO VEUT FAIRE PERDRE 94 MILLIARDS À L’ÉTAT DU CAMEROUN POUR OBTENIR DES RETROCOMMISSIONS. 
Le   gouvernement   divisé   sur   un   arrangement   à   l’amiable   avec Sundance RessourcesLaurent Esso, le ministre de la justice souhaite transiger alors que le   secrétaire   général   de   la   présidence   de   la   République   veut   le maintien de la procédure à la CCI. C’est un nouvel épisode dans la guerre qui oppose le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh au ministre de la Justice, Laurent Esso. Ce dernier, bien que toujours hospitalisé en Europe continu de suivre les dossiers laissés avant son départ il y a plus de deux mois. Et parmi ceux-ci, l’affaire qui oppose à la Chambre de Commerce Internationale de Paris, l’Etat du Cameroun contre la société australienne, Sundance Ressources.
En effet, la CCI avait accordé à la partie camerounaise jusqu’au 21 mars 2025 pour apporter des réponses précises à trois questions. Mais, au ministère de la Justice, il a été décidé en février 2025 de renoncer à l’arbitrage   et   de   transiger   avec   Sundance   Ressources.   Le   secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh est informé par courrier du ministre délégué auprès de ministre de la Justice, Jean De Momo qui assure l’intérim en remplacement du ministre de la justice, Laurent   Esso,  le  19  février  2025.     Sauf  que  Ferdinand  Ngoh Ngoh ne dit rien. 
Le   3   mars   2025   s’est   tenu   au   ministère   de   la   Justice   une   réunion présidée par Jean De Dieu Momo incluant les responsables du ministère des   mines,   du   ministère   des   relations   Extérieures   et   ministère   des Finances.    Il  est  définitivement décidé   d’opter  pour  « un règlement   à l’amiable » du contentieux avec Sundance.
Le même jour, le secrétaire général de la présidence de la République est informé. Jean De  Dieu Momo  demande  à Ferdinand  Ngoh  Ngoh, l’autorisation de sortie pour trois hauts fonctionnaires :  Gaston Kenfack, Directeur  de la   Législation   au   Ministère de   la   Justice   ; Alima  Onana Dieudonné, Directeur des Affaires Juridiques au Ministère des Mines, d e l'Industrie et du Développement Technologique ;Mougnal Sidi, Directeur des Affaires Juridiques au Ministère des Relations Extérieures;  Mevoua Benoit Placide, Chef de la Division des Affaires Juridiques du Ministère des Finances. Ces derniers doivent se rendent à Paris du 07 au 14 mars 2025, pour y rencontrer les avocats de Sundance Resources Limited  afin d'échanger avec ces derniers sur les termes de l'accord à intervenir entre les parties. Ils devaient se rendre par la suite au Congo-Brazzaville et à nouveau à Paris, du 15 au 19 mars 2025 pour obtenir de la République du Congo son adhésion à un règlement amiable qui inclurait les intérêts de ce pays dans le cadre de l'exploitation du fer de Nabeba.Sauf   que   le   secrétaire   général   de   la   présidence   de   la   République, Ferdinand Ngoh Ngoh et ses conseillers ne sont pas d’avis. 
Ils décident de suivre l’avis du Cabinet Jeantet qui estime que le Cameroun a des chances   de   remporter   son   procès   contre   Sundance   et   ne   saurait négocier   un   accord   avec   l’Etat   du   Cameroun   qui   lui   ferait   perdre   de l’argent. 
En date du 11 mars 2025,  Ferdinand Ngoh Ngoh par courrier fait savoir au ministre Jean De Dieu Momo de poursuivre la procédure auprès de la CCI     sous   hautes   instruction   du   chef   de   l’Etat.   Mais   également   lui demande de régler les honoraires du cabinet Jeantet pour un montant total   de   2 132 550   €.   Il   n’accorde   aucune   autorisation   de   sortie     et aucune suite à la proposition de Jean De Dieu Momo.Mais, au ministère de la Justice on ne l’entend pas de cette oreille. Le 20 mars 2025, Jean De Dieu Momo écrit à Ferdinand Ngoh Ngoh en ces termes :  « J'ai l'honneur de vous faire connaitre que le Ministre de la Justice est le Conseil du Gouvernement en matière judiciaire, y compris pour les affaires de la nature de celle visée en objet. A cet égard, le choix du Conseil du Cameroun relève normalement de ses attributions. Pour le cas d'espèce, l'empiètement dans cette compétence d'attribution du Ministre de la Justice n'est pas de nature à entretenir la sérénité dans l'équipe de défense du Cameroun dans cette cause ». Il ajoute : « En outre,   le   Ministre   d'Etat,   Secrétaire   Général   de   la   Présidence   de   la République, est le véritable destinataire de la note de frais d'un montant de 2 132 550 euros, soit de plus d'un milliard trois cent quatre-vingt dix millions (1 390 000 000) FCFA, destinée à couvrir les diligences déjà accomplies par le Cabinet Jeantet dans cette affaire. Aussi, le Ministre de   la   Justice   ne   saurait-il   justifier   sa   signature   sur   la   Convention d'honoraires avec le Cabinet Jeantet, encore moins sur la note de frais assortie à la Convention, alors qu'il n'a été associé ni au choix de ce Conseil, ni aux négociations sur les honoraires ». 
Or, le 29 avril 2022, le ministre de la justice, Laurent Esso avait octroyé une lettre de mission à Me Thierry Auriol du Cabinet Jeantet pour représenter les intérêts du Cameroun dans cette affaire. 
Cependant,   avant   d’adresser   le   courrier   à   Ferdinand   Ngoh   Ngoh,   le ministère de la Justice va faire savoir par téléphone à Thierry Auriol qu’il ne   représente   plus   les   intérêts   du   Cameroun   et   de   leur   décision   de trouver un arrangement à l’amiable avec Sundance Ressources. 
Les termes d’un arrangement avec Sundance Ressources ont d’ailleurs déjà fait l’objet d’étude  au   ministère   des   mines   qui  avait   proposé   au secrétaire général des services du premier ministre, Seraphin Magloire Fouda  en   2022   le   paiement   à  Sundance   Ressources  de   94   milliards Fcfa.   Une   proposition   avait   déjà   été   rejetée   par   la   présidence   de   la République et qui avait décidé d’aller en arbitrage. Sauf que le gang est revenu à la charge. La stratégie : bloquer l’arbitrage pour payer 94 milliards Fcfa à Sundance et se partager les rétro commissions.