Remaniement: le cadeau empoisonné de Paul Biya à Atanga Nji

Paul Atanga Nji 780x440 Le "mal aimé" de la crise anglophone saura-t-il relevé le défis?

Mon, 12 Mar 2018 Source: L'Essentiel du Cameroun

Après l’assaut visant la Presbyterian Comprehensive High School de Batibo par des milices sécessionnistes à bord des motocyclettes, le ministre de l’Administration territoriale a suspendu l’activité des mototaxis dans plusieurs localités des régions du Nord-ouest et du Sud-ouest.

Faire du transport par motocyclette est une activité économique. La mesure du ministre de l’Administration territoriale Paul Atanga Nji interdisant cette activité dans dix localités de la zone anglophone en proie à des violences perpétrées par les sécessionnistes anglophones, les populations paient la note d’une insurrection qu’elles n’ont pas souhaitée. C’est pourtant le prix à payer pour permettre aux forces de défense et de sécurité de mieux traquer les assaillants qui sèment la mort à la pelle. Selon le communiqué rendu public par Paul Atanga Nji, la décision du MINAT est motivée par un constat établi dans le mode opératoire des assaillants sécessionnistes qui consiste à lancer des assauts successifs à l’aide de dizaines de motocyclettes, ayant chacune un conducteur et un malfrat armé.

Pendant toute la durée de l’opération et du ratissage qui va suivre, toute motocyclette est une cible potentielle pour les forces de défense. Après le redéploiement des forces de défense, le nouveau MINAT vient de mettre en alerte ses collaborateurs que sont les sous-préfets, les préfets et les gouverneurs. Il leur demande en effet de produire au moins deux bulletins de renseignement au quotidien sur la situation sociopolitique et sécuritaire du pays. Les assauts de combattants sécessionnistes ont déjà fait, selon les chiffres communiqués par le MINAT, 27 éléments des forces de défense et de sécurité assassinés, des installations et édifices publics incendiés, des enlèvements de personnalités, des agressions d’élèves sur le chemin de l’école et des cas de viol de jeunes filles.

Pour justifier les nouvelles dispositions sécuritaires prises dans les rangs des forces de défense et dans la préfectorale, Paul Atanga Nji dresse le bilan macabre de la crise anglophone pour le seul département de la Momo : l’enlèvement le 11 février du sous-préfet de l’arrondissement de Batibo ; l’enlèvement dans le même arrondissement du délégué régional des Affaires sociales du Nord-ouest ; l’agression de 07 élèves sur le chemin de l’école lesquels ont été grièvement blessés ; l’assassinat au lieudit « débarcadère Agborem German » dans l’arrondissement de Eyumodjock, département de la Manyu, région du Sud-ouest de 04 soldats ; l’assassinat dans le département de la Mémé de l’inspecteur de police principal Martin Menye Minkoulou, du sergent de l’armée Endamane et du chef traditionnel Ekabe Nyongo du village Ngongo Bakundu, dans le département de la Momo, arrondissement de Batibo, en plus d’une cache d’arme et d’engins explosifs récemment découverte, l’on a recensé 18 cas de viol de jeunes filles âgées de 13 à 18 ans dont certaines sont enceintes.

Cette litanie non exhaustive des exactions des combattants affiliés aux séparatistes anglophones donne la mesure des défis à relever par les forces de défense et de sécurité nouvellement redéployées et le commandement territorial qui a un nouveau chef. Paul Atanga Nji qui arrive à la tête du ministère stratégique de l’Administration territoriale fait face à un défi majeur. Il a fait savoir au tout début de cette crise anglophone, étant président du Conseil national de Sécurité (CNS) que la crise actuelle est un complot ourdi depuis l’extérieur, pour déstabiliser les institutions du pays. Mais une certaine opinion croit savoir que le successeur de René Sadi n’est pas étranger à ce complot qu’il doit aujourd’hui éventrer. Il resterait aux tenants de cette thèse de démontrer comment une partie prenante au projet pouvait le dénoncer alors même qu’il n’était pas encore mis en route

Source: L'Essentiel du Cameroun