Remember Félix-Roland Moumié : 62 ans après, l’Udc honore la mémoire du héros nationaliste

La cérémonie inédite et fort courue a été organisée par le Syndicat des communes du Noun (Syconoun) à la Place de la République de la ville de Foumban, le 3 novembre dernier.

3 novembre 1960- 3 novembre 2022, il y a exactement 62 ans que le jeune médecin chirurgien de 35 ans était empoisonné au thallium dans un restaurant genevois en Suisse par les Services secrets français. Les élus de l’Union démocratique du Cameroun (Udc), ont inscrit désormais au programme de leurs activités de fin d’année le « devoir de mémoire, réconciliation avec nos nationalistes ». Combien de Camerounais savent-ils que Félix-Roland Moumié est Bamoun ? Même dans les rues de Foumban où il est né, une frange importante de jeunes l’apprennent à la Place de la République au moment de la projection du film en sa mémoire. La cérémonie a été cadencée en quatre étapes. En premier lieu, le maire Patricia Tomaïno Ndam Njoya dans son discours de circonstance a déclaré qu’il importe que les jeunes s’identifient à Félix-Roland Moumié qui à seulement 27 ans était déjà aux commandes de l’Upc. « Pourquoi célébrer la mémoire de ce héros national aujourd’hui ? Quels enseignements tirons-nous de son engagement politique à la fleur de l’âge ? Il serait audacieux, prétentieux de cerner ici tous les contours de la courte vie mais combien pleine de ce modèle de conviction politique », a lancé l’édile de la ville de Foumban. En répondant, elle n’a pas manqué d’indiquer que ce dernier a été fait héros national par la loi N°91/0022 du 16 décembre 1991 portant réhabilitation de certaines figures de l’histoire du Cameroun. Médecin renommé et homme politique redouté, Felix-Roland Moumié a été l’une des figures majeures de la lutte pour l’indépendance du Cameroun alors sous tutelle française. Il a été également l’un des principaux acteurs des mouvements nationalistes de résistance en Afrique. « De tels acteurs sont rares aujourd’hui car les motivations politiques sont souvent si personnelles et égoïstes. Beaucoup s’engagent non pas en fonction de ce qu’ils peuvent pour changer le sens des choses pour un bonheur collectif, mais pour un gain personnel et égoïste avant toute chose ! Ce n’est pas malheureusement ce que la vie de cet illustre compatriote nous enseigne », a insisté la présidente nationale de l’Udc. Elle a poursuivi en indiquant que la vie de ce héros nationaliste éclaire plutôt de s’engager en politique avec foi, de demeurer fidèle aux choix et d’œuvrer dans le respect des lois de la République sans aucune crainte. « Félix-Roland Moumié nous demande de ne pas avoir peur. Il nous exhorte de combattre le bon combat comme il l’a fait ! Il nous encourage de tenir haut le flambeau de la lutte contre toute forme d’obscurantisme, d’esclavage ou de privation des libertés. Il nous demande de rayonner dans notre République. Lui qui était médecin, il a su faire don de lui-même à ses compatriotes à Sangmelima, Lolodorf, Bétaré-Oya, Bertoua, Mora, Maroua puis Douala. Comme on le voit, il connaissait et aimait le Cameroun », a-t-elle lancé en termes de défi à l’assistance. Elle est également revenue sur la biographie de l’illustre homme.

Témoignage et acte symbolique

Abdoulaye Njiawouo Nickanor, Compagnon de Moumié, était la vedette de cette cérémonie. Son témoignage a constitué le deuxième temps de cette célébration. «A l’époque, j’étais au Maroc, là où il m’avait laissé quand il était venu rendre visite au Roi du Maroc. Je m’attendais à la réalisation du programme que les radios mondiales ne cessaient d’annoncer pour le changement au Cameroun. Du jour au lendemain, est tombée la nouvelle terrible de l’empoisonnement de Moumié. Il est mort, mais l’enseignement est resté. Tout le peuple marocain était vraiment en colère. Je m’y suis rendu où j’ai trouvé Ernest Ouandié, Kingue Albert, la femme et le père de Moumié, tous étaient éplorés autour du cadavre de Moumié. Deux jours après, la nouvelle est arrivée que le Président Sékou Touré avait décidé d’envoyer un avion pour le rapatriement du corps de Félix – Roland Moumié à Konakry. C’est alors que nous sommes partis de Genève. C’est quand nous sommes encore dans l’air à la frontière marocaine que nous apprenons que le peuple marocain et son Roi souhaitaient l’atterrissage de l’avion. Le peuple souhaitait rendre un hommage à ce grand héros national qui voulait libérer le Cameroun… », a-t-il confié dans une voix encore chargée d’émotion. Par la suite, il a adressé ses chaleureuses félicitations et remerciements à tous et en particulier au maire de Foumban, « pour ce geste vraiment particulier ; un geste qui m’a vraiment touché ; un geste dont je parlerai encore longtemps en ayant été témoin. Je sais comment j’expliquerai cela pour que l’image d’antan qui laissait entendre que Félix-Roland Moumié n’était pas habitué à vivre à Foumban ; que cela puisse cesser. En tout cas, je souhaite que ce geste puisse continuer. C’est un geste d’édification et d’unification des enfants Bamoun. Il doit continuer et faire que la solidarité nationale puisse se renforcer davantage, pour continuer le travail que Moumié nous a laissé ». L’acte trois a été la projection d’un reportage sur Moumié, tourné en Suisse, en France, en Guinée (Konakry) et au Cameroun. Intense émotion au sein de la foule massée sur la Place de la République. Le dernier acte qui a clôturé la séance juste avant le chant de l’hymne national, est le plant des arbres de paix en souvenir. Et précisément parce qu’au mois de novembre, avec la Toussaint, les hommes à travers le monde réveillent la mémoire de leurs chers disparus, il en sera ainsi à chaque mois de novembre où l’Udc et ses élus décident à l’avenir de célébrer les illustres disparus du département et d’ailleurs. Cette cérémonie entrait en droite ligne dans la célébration de la fin de 2022 et du début de l’an 2023 du parti à la houe dont l’apothéose est le 1er janvier 2023 avec le Carnaval de Foumban.