Renseignements: Paul Biya exige un rapport détaillé sur la visite houleuse de Ngoh Ngoh à l'Extrême-Nord

Dans un contexte pré-électoral tendu, le président camerounais Paul Biya a discrètement mandaté la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) et la Direction Générale de la Recherche Extérieure (DGRE) pour lui fournir un rapport détaillé concernant la récente visite mouvementée de Ferdinand Ngoh Ngoh, Secrétaire Général de la Présidence de la République (SGPR), dans la région de l'Extrême-Nord.

Cette demande présidentielle intervient après une mission officielle de 48 heures qui a connu plusieurs incidents révélateurs des tensions sociales et communautaires dans cette région stratégique, à huit mois de l'élection présidentielle prévue en octobre 2025.

Ce qui devait être une simple visite de travail s'est transformé en véritable crise diplomatique interne. Accompagné des ministres Paul Atanga Nji (Administration territoriale) et Mounouna Foutsou (Jeunesse), Ferdinand Ngoh Ngoh avait pour mission de prendre le pouls d'une région considérée comme cruciale pour l'élection présidentielle.

Après des étapes relativement calmes à Yagoua et Maga, où il a inspecté la Société d'exploitation de la mangrove et des rizières (SEMRY) et promis le paiement des salaires aux grévistes, le collaborateur du président Biya a rencontré une situation explosive à Kousseri.

C'est principalement l'incident survenu à Kousseri qui semble intéresser le chef de l'État. Dans cette localité, les élites locales arabes choas et kotoko, en conflit pour des questions de reconnaissance administrative de leurs chefferies traditionnelles, ont bloqué le décollage de l'hélicoptère du SGPR après que celui-ci eut décliné une rencontre avec eux, invoquant un emploi du temps chargé.

Cette manifestation de mécontentement a contraint Ferdinand Ngoh Ngoh à passer la nuit sur place et à finalement recevoir les doléances des populations, qui ont dénoncé le sentiment d'abandon de leur communauté, l'insécurité persistante due aux incursions de Boko Haram, et l'état désastreux des infrastructures.

En sollicitant ce rapport des services de renseignement, Paul Biya cherche vraisemblablement à évaluer l'ampleur du mécontentement dans cette région traditionnellement acquise au RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais), son parti. L'Extrême-Nord, confrontée à de multiples défis sécuritaires et économiques, pourrait constituer un enjeu crucial pour sa réélection.

Cette enquête ordonnée par le président pourrait également révéler les dynamiques internes au sein de son propre camp, à l'heure où diverses factions se positionnent dans la perspective de sa succession.

Pour l'heure, ni la présidence ni les services concernés n'ont officiellement communiqué sur cette demande de rapport, confirmant la discrétion qui entoure cette affaire considérée comme sensible à l'approche des échéances électorales.