Repli stratégique à Mvomeka’a : comment Biya a échappé au pire

Comment Biya a échappé au pire

Mon, 31 Jan 2022 Source: www.camerounweb.com

• Paul Biya préfère Mvomeka’a au Palais de l’Unité

• Le président n’a plus confiance en ses collaborateurs

• Paul Biya a déjoué un projet de révolution de palais



Réapparu en forme après plusieurs mois de retrait dans son village à Mvomeka’a, Paul Biya a fait une importante annonce lors de sa traditionnelle adresse à la nation. Le chef de promet un sale temps à ses collaborateurs qui seront reconnus coupables de crimes financiers. Pour plusieurs analystes de l’actualité politique camerounaise, le chef de l’Etat va commencer le ménage juste après le coup de sifflet final de la 33ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations. S’ils sont si convaincus, c’est que ce n’est pas la première fois que le président de la République s’est séparé des ses proches collaborateurs en actionnant des procédures judiciaires contre ces derniers.

Au-delà des crimes financiers dont plusieurs cadres du régime seraient incontestablement auteurs, Paul Biya veut se séparer des siens parce qu’il n’a plus confiance en eux. Si le chef de l’Etat a décidé de retourner dans son village, c’est parce qu’il aurait pris connaissance d’ un projet de révolution de palais qui se tramait. Certains proches de Biya très pressés de disputer le fauteuil présidentiels entre dauphins, caresseraient le projet d’anticiper le départ du président de la République.

« A côté de Biya, il y a eu beaucoup de détournements. A côté de Biya, il y a beaucoup de suspicions en ce moment », révèle Remy Ngono.

Pour calmer les ardeurs du président de la République, Fame Ndongo sentant s’approcher le tsunami, a initié un projet de rédaction de motion de soutien au chef de l’Etat. Il associe à cette initiative, plus de 500 cadres de la région. « Le 20 janvier 2021, Fame Ndongo s'est précipité pour écrire une longue lettre de motion de soutien des élites du Sud à Paul Biya », rapporte Remy Ngono.

Mbargua Nguele le balayeur

Contre toute attente, ce n’est pas le ministre de la justice Laurent Esso qui a été sollicité pour l’opération de nettoyage en cours. Paul Biya s’est retourné vers l’un de ses plus fidèles collaborateurs. Le chef de la police camerounaise, Martin Mbarga Nguele s’est vu confier la charge de jeter en prison la majorité des cadres du régime qui seront démis de leurs fonctions dans les prochaines semaines. Depuis quelques semaines, il multiplierait les séances de travail avec le chef de l’Etat qui n’a plus confiance en ses frères de village.

« Le ministre de la justice qui normalement doit gérer toutes ces dossiers a été finalement presque sauté pour que les dossiers soient beaucoup plus gérés par Martin Mbarga Nguele », révèle Remy Ngono.

Laurent Esso trop ambitieux

De nouvelles révélations sortent sur les mésaventures de l’homme d’affaires camerounais Amougou Belinga interdit de sortie du territoire alors qu’il voulait se rendre en France avec sa femme et ses enfants il y a une semaine. Plusieurs sources dans le sérail s’étaient étonnées du fait que son « parrain » Laurent Esso, ministre de la justice, ne l’avait pas prévenu d’une telle décision pour lui éviter un énième scandale. Aux dernières nouvelles, même le ministre de Paul Biya n’était pas au courant du projet. Et pour cause, Amougou Belinga n’est pas la principale cible du chef de l’Etat. Selon les révélations de Michel Biem Tong, les services de renseignements ont fourni à Paul Biya un rapport détaillé sur les ambitions de Laurent Esso de lui succéder. C’est donc pour fragiliser son réseau, que le chef de l’Etat a donné le feu vert pour ramollir Jean-Pierre Amougou Belinga considéré comme un pion indispensable du puissant réseau du ministre de la justice.

« Pour assurer une retraite paisible pour lui et sa famille, il est obligé de détruire tous ceux qui autour de lui, envisagent de lui succéder. En ce moment, son défi majeur, c'est de détruire le réseau de Laurent Esso, le réseau auquel tu appartiens. Selon les services secrets camerounais, Laurent Esso a des ambitions présidentielles. Et tu fais partie du réseau de Laurent Esso Il est fort possible que tu sois une victime collatérale de la bataille qu'est sur le point d'engager Paul Biya contre le réseau Laurent Esso », révèle le journaliste Michel Biem Tong.

Source: www.camerounweb.com