Alors que Magil et l’État du Cameroun annoncent qu’un protocole d’accord a été signé entre les parties, confirmant la décision commune de mettre un terme à l’arbitrage initié le 23 mars 2023, le chef de l'État décide d'attribuer des médailles à titre exceptionnel à la Task force Can. La cérémonie est annoncée pour ce jour au palais de l'Unité.
Finie la longue bataille judiciaire qui opposait le Pouvoir de Yaoundé à l’entreprise canadienne Magil. Elle est désormais révolue l’époque où les deux parties se livraient à un bras de fer qui les a conduit jusqu’au prétoire de la Cour Internationale d’arbitrage de la Chambre de Commerce internationale de Paris. Lequel a exigé de l’Etat du Cameroun, la mise dans un compte séquestre, d’un montant d’environ 15,4 milliards de Fcfa, représentant les « factures litigeuses » que le constructeur attendait des pouvoirs publics camerounais, avec cerise sur le gâteau, une requête aux fins de mesures conservatoires. Le divorce annoncé n’est visiblement plus qu’un vilain souvenir. Après plusieurs séances de travail au Secrétariat général de la présidence de la République du Cameroun et « grâce à la collaboration active de la Task Force dédiée, un procèsverbal de conciliation a été établi le 08 août 2023. Cet effort conjoint a conduit à la signature le 08 septembre 2023, d’un protocole d’accord transactionnel. Magil a ainsi présenté un planning de redémarrage des activités sur le projet, témoignant de l’engagement continu de l’entreprise envers l’achèvement du Complexe Sportif d’Olembe », apprend-on dans un communiqué rendu public le 03 octobre dernier par les bons soins de Magil.
Livraison imminente
Et la filiale du groupe français de souligner à grands traits que cet engagement s’inscrit dans le cadre d’une feuille de route « qui permettra aux travaux résiduels du stade principal et de construction des infrastructures annexes d’être bouclées dans un délai relativement court ». De manière pratique, apprend-on, il s’agira de « procéder dès la semaine prochaine à la reprise des opérations de levée des réserves, la remobilisation du personnel et du matériel nécessaires à la poursuite et l’achèvement des travaux ». Suffisant pour que les parties se félicitent « quant aux avancées significatives réalisées dans la perspective de la livraison ; imminente de ce projet cher au Cameroun ». C’est donc la paix des braves entre les deux factions en dissidence hier. Autrement dit, le bruit des engins et la présence des techniciens et autres experts vont à nouveau se faire ressentir à Olembé dans les prochains jours. L’imposante et prestigieuse infrastructure qu’on présentait comme un nouveau client dans la série des éléphants blancs, va enfin être achevée si l’on s’en tient aux assurances de Magil qui confesse sa volonté de boucler la construction de ce complexe qui a déjà englouti des centaines de milliards de Fcfa et suscité la controverse dans les différentes étapes de sa réalisation. C’est sans doute pour saluer les efforts consentis pour arriver à ce dénouement heureux que Paul Biya qui était, il y’a quelques années, face à l’hypothèque que les retards observés faisaient peser sur l’organisation par le Cameroun des Coupes d’Afrique des nations (Can) 2016 et 2019, a décidé d'attribuer des médailles à titre exceptionnel à la Task force Can ce jour au cours d’une cérémonie au palais de l’Unité. N’avait-il pas déjà de confié en 2015, la préparation de ces deux compétitions à son plus proche collaborateur, Ferdinand Ngoh Ngoh, ministre d’Etat, Secrétaire général de la présidence de la République ?
L’homme à la punk face aux blocages
Dès la prise en mains de ce dossier en septembre 2015, celui qu’on surnomme « l’homme à la punk » a mis en place un groupe de travail spécial, dénommé « Task Force Can » et présidée par le Conseiller technique Ayem Moger, qui s’occupe des infrastructures à la présidence de la République. Cette Task Force était constitué des représentants du Secrétariat général de la présidence et des administrations sectorielles (Minfi, Minepat, Minmap, Mintp, Minhdu, etc.) impliquées dans la mise en œuvre du portefeuille des projets Can. Confrontés aux éternelles lenteurs administratives et les blocages découlant des échanges épistolaires entre les ministères, le Mintetat/Sgpr a décidé de rassembler toutes ces administrations autour d’une même table afin d’examiner de manière collégiale, en toute transparence et dans une grande célérité, les dossiers liés à cette prestigieuse compétition. Les premiers résultats de la Task Force n’ont pas tardé, avec notamment la signature le 31 décembre 2015 des contrats relatifs à la construction des complexes sportifs d’Olembe et de Japoma. D’après les informations reçues à bonne source, l’analyse par la Task Force des offres techniques et financières soumises par les maîtres d’ouvrages ou reçues directement des entreprises se faisait en présence de tous les membres de ce groupe de travail, chacun pouvant librement donner son avis. Une fois que les offres jugées pertinentes étaient présélectionnées, la Task Force ouvrait les négociations avec les entreprises concernées, ce qui a permis de réduire considérablement les coûts financiers des projets et de raccourcir les délais de traitement des offres. « L’efficacité dont a fait preuve cette Task Force a permis au Cameroun de relever le défi de l’organisation de la Can féminine en 2016, à la grande satisfaction de la Caf. Notre pays aurait d’ailleurs pu abriter la Can masculine de 2019 comme prévu, n’eut été l’adversité manifeste de l’ancien président de la Caf, le malgache Ahmad Ahmad (qui a succédé le 17 mars 2017 à M. Issa Hayatou Ndlr), à laquelle s’est ajoutée la duplicité de certains compatriotes à des fins politiques », commente une source au sein du Comité local d’organisation de la Can 2021
A l’épreuve des officines
Non sans saluer la supervision étroite de Ngoh Ngoh et le dévouement de la Task Force qui ont, à le croire, contribué au succès retentissant de cette grand’messe du football continental. La suite, on la connait par cœur. Entre campagne de dénigrement et de sabotage visant à vilipender et houspiller la Task Force Can, en excipant des retards observés dans le démarrage de la 2ème phase du Complexe d’Olembé et du non-achèvement de certains chantiers Can à Garoua, doublées de la surmédiatisation de la « Cangate » ou d’«Olembegate », c’est une atmosphère d’hostilité incroyable et une adversité indescriptible que certaines officines ont décrété au lendemain de la Can 2021 qui fut pourtant de l’avis de plusieurs observateurs avisés, une véritable success story qui a valu à notre pays de remporter le 03 mai 2022 aux Etats-Unis, le Prix d’or de la catégorie « People’s Choice Events » au Global Eventex Awards. Espérons que la promesse de livraison du Complexe sportif d’Olembé dans de brefs délais, ne sera pas un énième leurre ! Au boulot !