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Respect de la Constitution : Paul Biya reçoit un sérieux ultimatum

Le fédéralisme

Tue, 3 Oct 2023 Source: L'Œil du Sahel n°1853 du 02 octobre 2023

C’est un hymne au fédéralisme que la Coalition of Cameroon Federalist Groups and Activists (CCFGA), un consortium de partisans du fédéralisme au Cameroun, a entonné ce 30 septembre au cours d’une conférence de presse donnée via zoom. « Le fédéralisme n’est pas la division, n’est pas la sécession. C’est la principale voie pour sauver le Cameroun », clame Michaël Takie, le président de cette coalition.

Plus important, « l’État fédéral que nous appelons n’est pas forcément un fédéralisme à deux États », assure Benjamin Akih, secrétaire général de la CCFGA. « L’État unitaire était une violation de la Constitution ; ce que n’est pas le fédéralisme qui plutôt est un retour à l’ordre normal de 1961 qui posait des bases solides d’une nation unie et forte grâce à sa diversité », est convaincu Michaël Takie. Mieux « la position que nous soutenons n’est pas une nouvelle trouvaille. Dans l’article 47 de la Constitution, il y a une prise en compte du fait que la minorité doit faire valoir sa voix à côté de la majorité », souligne Kennedy Ejacha, secrétaire à la communication, en charge des médias audiovisuels de la CCFGA.

Le mouvement ne naît pas aujourd’hui, mais n’a pas assez communiqué par le passé. En novembre 2021 déjà, la Coalition avait saisi toutes les autorités de la République, pour les informer de son avènement et de leur engagement non seulement à faire un plaidoyer pour un retour au fédéralisme, mais aussi, à mener des actions en vue de ramener la paix dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (Noso), et contribuer à revisiter le passé de l’ancien Protectorat allemand d’Afrique centrale qu’est le Cameroun.

« Nous croyons que, mieux que la séparation, le Statut spécial ou toute autre variante de l’État unitaire, le système fédéral de gouvernement est le seul qui mettra un terme à la crise qui sévit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et qui est en train de tuer de nombreux Camerounais et détruire des biens », peut-on lire dans le document dont L’œil du Sahel a pu obtenir copie. Outre le président de la République, le Premier ministre, le ministre de l’Administration territoriale, le Secrétaire général de la présidence de la République, le président de l’Assemblée nationale, le Directeur du cabinet civil de la présidence de la République, le président du Sénat, le président et les membres du Conseil constitutionnel, le président et les membres de la Commission des droits de l’homme, le président et les membres de la Commission du bilinguisme et du multiculturalisme, y avaient été mentionnés comme destinataires.

1er octobre, dialogue et référendum. À ce jour, aucun retour. Les partisans du fédéralisme ont cru devoir coaliser leurs efforts pour mieux faire porter leurs voix auprès du pouvoir de Yaoundé, et même au-delà, conscients et convaincus que Yaoundé et les sécessionnistes causent un tort irréparable aux Camerounais. « La guerre ne fait que s’enliser, mais on refuse de le voir ainsi. Combien de morts faut-il enregistrer pour que les gens qui nous gouvernent comprennent que la voie qu’ils ont engagée n’est pas la meilleure ? », se demande un des conférenciers.

« Autant les séparatistes font erreur en considérant le 1er octobre comme marquant l’indépendance du Southern Cameroons, autant les gouvernants qui refusent la contradiction, sont en erreur », soutient Benjamin Akih, secrétaire général de la CCFGA. « Tous les deux sont dans la manipulation », enfonce-t-il. Et « tant la position des séparatistes que celle de nos gouvernants, sont anticonstitutionnelles ? Et comme les séparatistes manquent de moyens diplomatiques, ils utilisent la guerre », assène Philomena Cho, Event coordinator de la CCFGA.

Or « ni la sécession, ni l’état unitaire ne peuvent résoudre nos problèmes », souligne Benjamin Akih. Pour la coalition, le Cameroun continue de foncer droit vers le mur. Or, « la démocratie telle que nous la menons ne peut pas nous sauver de ce gouffre, puisque tous les partis, tous les hommes politiques, ne peuvent pas librement battre campagne sur toute l’étendue du territoire et là où ils désirent le faire ». Face au radicalisme des deux camps qui maintiennent « captifs » les Camerounais dans une crise qui se mue en guerre progressivement, la Coalition engage un plaidoyer et invite les Camerounais à s’approprier la Constitution de 1961 qui fonde l’État fédéral qui comprenait le Cameroun oriental et le Cameroun occidental, connu dans la rive gauche du Moungo comme Southern Cameroons. Les fédéralistes font le procès du régime Ahidjo-Biya qui avait décidé de tuer ce système pour opter pour l’état unitaire d’abord baptisé « République unie », avant de prendre la dénomination actuelle.

L’objectif final de la CCFGA est « un référendum constitutionnel pour que le peuple puisse s’exprimer ». Mais le « dialogue » en est le passage obligé. « Nous travaillons à voir une masse critique de Camerounais qui comprennent le bien-fondé du fédéralisme » à cet effet, « et qui seront de toutes les régions, pas seulement du Nord-Ouest et du Sud-Ouest », indique Philomena Cho. En attendant, Et même, « tous les Camerounais doivent célébrer le 1er octobre car c’est la date qui nous rassemble tous, en reconnaissant nos différences et nos spécificités ».

Source: L'Œil du Sahel n°1853 du 02 octobre 2023