Dans un contexte médiatique camerounais de plus en plus politisé à l'approche de l'élection présidentielle d'octobre 2025, Armand Okol, journaliste vedette de Bnews1 et figure bien connue du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN), a officialisé son intention de quitter l'antenne. Dans une tribune publiée ce vendredi, il précise toutefois que ce retrait n'interviendra qu'après la convocation officielle du corps électoral pour le prochain scrutin présidentiel.
Selon ses déclarations, cette décision ne constitue pas une réaction aux récentes critiques dont il fait l'objet, mais un choix personnel arrêté dès le début de sa collaboration avec la chaîne dirigée par Ernest Obama. "Cette résolution était déjà prise depuis mon arrivée à Bnews1", affirme le journaliste, souhaitant ainsi balayer les accusations d'opportunisme qui pourraient surgir suite à cette annonce.
L'implication politique d'Armand Okol au sein du PCRN n'a jamais été un secret, mais sa position de journaliste dans une chaîne d'information suscite régulièrement des interrogations quant à son impartialité professionnelle. Son cas illustre la délicate frontière entre journalisme et engagement politique au Cameroun, une problématique qui concerne de nombreux professionnels des médias dans le pays.
Dans sa tribune, le journaliste n'hésite pas à interpeller directement ses critiques. "J'invite mes détracteurs à poursuivre leurs critiques s'ils le souhaitent", écrit-il, soulignant qu'il "n'est pas le seul journaliste à afficher des convictions politiques" dans le paysage médiatique camerounais.
Armand Okol évoque également une récente controverse liée à son émission "À VOUS L'ANTENNE" avec Serge Espoir Matomba, Premier Secrétaire du PURS (Parti Unifié pour la Rénovation Sociale). Il explique avoir délibérément rediffusé cette émission jeudi 8 mai 2025, afin de permettre à ses détracteurs de se faire "une meilleure idée du déroulé du programme dans son entièreté".
Cette rediffusion fait suite à des critiques concernant l'utilisation du terme "piètre" par le journaliste pour qualifier les résultats électoraux du PURS lors du double scrutin législatif et municipal de février 2020, un qualificatif qui avait provoqué le départ précipité de l'invité.
Dans un langage sans concession qui lui est caractéristique, le journaliste dénonce ce qu'il considère comme des jugements hâtifs et une "indignation sélective" de certains observateurs. "Je reçois une avalanche de messages de ces experts à la sentence facile et à la précocité établie, qui reconnaissent certes après coup être allés vite en besogne", déclare-t-il.
Armand Okol va plus loin en dénonçant ce qu'il perçoit comme une hypocrisie dans le milieu journalistique camerounais : "Et dire que dans ce pays, l'on assiste H24 lors de pseudos émissions radio télévisées à des massacres du métier dans un silence complice, y compris par des 'sabitous' du journalisme."
Cette annonce relance le débat sur l'indépendance des journalistes dans un paysage médiatique camerounais fortement polarisé. Pour Jean-Marc Soboth, analyste des médias contacté par notre rédaction, "la double casquette de journaliste et d'acteur politique pose nécessairement des questions d'éthique professionnelle, même si la loi ne l'interdit pas explicitement."
Le timing choisi par Armand Okol pour son retrait, conditionné à la convocation du corps électoral, soulève également des interrogations. "Attendre la convocation du corps électoral signifie qu'il continuera à exercer comme journaliste pendant la période pré-électorale, peut-être la plus sensible en termes d'impartialité médiatique", note un observateur du Conseil National de la Communication qui a requis l'anonymat.