Le magistrat municipal a été auditionné pour la 4ème fois (Ndlr, en février 2017) par les fins limiers du Tribunal criminel spécial (Tcs), comme avant lui, ses hommes de main et quelques conseillers municipaux. Une descente aux enfers qui pourrait l’entrainer inévitablement à la prison centrale de Yaoundé. Dans une Région du Sud comme dans le Département du Dja et Lobo où tout le monde parmi ceux qui veulent s’identifier comme cousin, tante, nièce,oncle ou arrière parent de Paul Biya croient pouvoir tout se permettre, certains observateurs n’hésitent pas à cet effet de relever que si la Région du Sud en général et le Département du Dja et Lobo en particulier sont coincés au bas du peloton de développement, c’est justement parce que, ces parentés imaginaires du chef de l’Etat qui usent du trafic d’influence pour gagner des marchés publics, abandonnent généralement des chantiers inachevés et disparaissent dans la nature après avoir décaissé des dizaines, voire des centaines de millions, en utilisant toutes les techniques de camouflage du combat urbain pour échapper à la justice. C’est à ce jeu dangereux que se livre André Noël Essian, depuis qu’il a remplacé le défunt François Essam à la tête de l’exécutif municipal de la ville de Sangmélima. Après avoir trompé l’opinion en réalisant un projet cher à son prédécesseur consistant au bitumage de toute la capitale du Département natal du chef de l’Etat, il était difficile pour ceux qui le considéraient alors comme un bâtisseur, d’imaginer que cet homme rudement loquace qui excelle dans le trafic d’influence, se donnait à fond pour la réalisation de ce projet,en abusant d’achats fictifs de matériels, de surfacturations et rémunération d’employés fantômes dans le seul but de se remplir rapidement les poches. Certains conseillers municipaux qui osaient dénoncer ces pratiques du maire, ont été à l’époque qualifiés de jaloux magistrats des tribunaux en sorcellerie, et d’ennemis de développement du Département.
Mais plus son premier mandat tirait vers la fin, plus de gros nuages s’amoncelaient au-dessus de la gestion opaque d’André Noël Essian. Sa réélection pour un second mandat ne pouvait qu’alors être émaillée d’un cafouillage teinté d’accusation d’achat de consciences et de fraudes. Au cours de ce scrutin,ses rivaux l’accusaient d’utilisation criminelle des fonds de la mairie pour sa campagne, un peu comme si, André Noël Essian, voulait préparer la viande de l’éléphant avec l’eau de l’éléphant. Roublardise Dans son entreprise de pillage à outrance des caisses de la mairie,André Noël Essian aurait malheureusement utilisé les mêmes techniques au fils des années et des gestions budgétaires. Adoubé par quelques conseillers municipaux faméliques accrochés à ses basques et de certains fanatiques dont la survie quotidienne était liée à la pérennité de son règne à la tête de la mairie de Sangmélima, André Noël Essian aurait multiplié le détournement de plusieurs centaines de millions. Résolutions des conseils municipaux grossièrement scannées pour entretenirla diversion,des montants maladroitement modifiés avec à la clef, un flagrant délit de faux et usage de faux et de faux en écriture comptable à ciel ouvert. Lors de ses longues auditions au Tcs, André Noël Essian qui prétend dîner régulièrement avec plusieurs membres du gouvernement et jouer au golfe avec la majorité des procureurs du pays, un sacré jeu de trafic d’influence pour désarmer moralement tous ceux qui osent voir plus clair dans sa gestion à l’emporte caisse, a tenté de trouver une piste de dérobade en voulant mêler dans ses sales affaires, le nom de Pierre Meba qui n’est autre que le frère du chef de l’Etat et dont la probité est reconnue de tous.
Parcours de risques
Des informations concordantes laissent croire qu’André Noël Essian aurait parallèlement été entendu par la division régionale de la sûreté nationale du Sud autour de ses détournements de fonds à la mairie de Sangmelima. Le Délégué régional du ministère des Travaux Publics (Mintp) se serait aussi intéressé à cette affaire et différentes enquêtent convergeraient lamentablement vers des détournements à grande échelle du maire. L’étau semble se resserrer très fortement sur ce dernier, dont les déclarations lors des différentes auditions seraient contradictoires et incohérentes avec les dépositions des conseillers municipaux et autres affidés qui ont été entendus avant lui au Tcs. Ceux qui suivent l’évolution de ce sale dossier parlent d’un atterrissage imminent d’André Noël Essian à la prison de Kondengui, sous mandat de dépôt. Ainsi pourrait se terminer le parcours politique d’un magistrat municipal, jalonné de mensonges, d’entourloupes et de banditisme économique.
Article publié dans L’Indépendant N°312 du 19 /02/2017