C’est un nouveau rebondissement dans l’affaire Cyrus Ngo’o. Le Directeur Général du Port autonome de Douala est toujours dans le viseur de la justice camerounaise. Le procureur général met désormais la pression sur le commandant du groupement de gendarmerie territoriale du Wouri. Dans une correspondance en date du 02 juin 2022, le procureur général instruit l’arrestation de Ngo’o et menace de poursuivre le commandant de la gendarmerie pour « inexécution de réquisition », « refus d’un service dû » et « rébellion ».
« Vous voudrez bien au risque d'engager votre responsabilité pénale individuelle au sens des dispositions des articles 74, 89, 129 (inexécution de réquisition), 131, 148 (refus d'un service dû) et 157( rebellion) du code pénal, exécuter le mandat de justice dont ci-joint copie, décerné par le tribunzl de première instance de Douala-Bonanjo contre le nommé Ngo'o Cyrus (Directeur Général du Port Autonome de Douala) », indique la note.
Instructions de Paul Biya
Le magazine panafricain Jeune Afrique confirme le plan d’arrestation du Directeur Général du Port autonome de Douala Cyrus Ngo’o le 19 mai à l’aéroport de Douala. Le haut fonctionnaire qui a écourté son séjour canadien pour des raisons de santé était attendu à l’aéroport par des fonctionnaires de police prêts à l’embarquer. Selon Jeune Afrique, la puissance économique et financière de Cyrus Ngo’o a joué en sa faveur. Par mesure de précaution, les policiers ont souhaité avoir une dernière confirmation de la hiérarchie avant de passer à l’action.
« Mais Cyrus Ngo’o n’est pas n’importe qui. Haut cadre de l’administration, il jouit de puissants réseaux au sein de l’appareil étatique. C’est aussi un financier important du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) dans le département du Haut-Nyong (Est), et il passe pour être l’un des barons de la capitale économique du pays. Prudente, la délégation régionale de la police judiciaire du Littoral préfère donc requérir l’avis des hautes autorités du pays avant d’entreprendre quoi que ce soit. Selon nos informations, un fax est envoyé à la direction générale de la Sûreté nationale, à Yaoundé », rapporte le journal.
Jeune Afrique précise que l’ordre de ne pas inquiéter Cyrus Ngo’o est finalement venu de la présidence de la République. Même s’il est difficile de confirmer que les instructions venaient directement de Paul Biya, l’amitié entre le directeur Général du Port de Douala et Ferdinand Ngoh Ngoh, le secrétaire général du port autonome de Douala n’est plus à démontrer.
« C’est finalement de la présidence de la République que viennent les instructions : dès le 18 mai, ordre est donné aux agents de police de surseoir à l’arrestation. Aucune raison officielle n’est précisée, mais la proximité de Cyrus Ngo’o avec le tout-puissant secrétaire général de la présidence est de notoriété publique. Ferdinand Ngoh Ngoh figure même parmi ses principaux soutiens. Les autorités ont-elles voulu s’éviter un nouveau scénario à la Bapès Bapès, du nom de l’ancien ministre des Enseignements secondaires, arrêté un jour d’avril 2014 et relâché quelques heures plus tard sur ordre de Paul Biya ? », précise Jeune Afrique.
Une fois à la maison, Cyrus Ngo’o s’est offert quelques jours de congès pour se soigner dans une clinique de la capitale économique du Cameroun. Alité, il rate la cérémonie du 20 mai mais reprend le service avec bonne mine le 24 mai. Quelques jours plus tard, un avis de recherche serait émis contre lui sans véritablement l’inquiéter. Cyrus serait désormais hors de portée de ses détracteurs.