Revirement : Mebe Ngo’o livré par ses derniers soutiens

Ces coaccusés de l’ex-Mindef semblent, désormais, se livrer à des déclarations contradictoires

Mon, 11 Jul 2022 Source: Info Matin N°1097

Ces coaccusés de l’ex-Mindef semblent, désormais, se livrer à des déclarations contradictoires. Non sans vouloir se désolidariser de leur mentor.

Un ballet bizarre a lieu, ces dernières semaines, autour du procès d’Edgar Alain Mebe Ngo’o au Tribunal criminel spécial (Tsc). Chaque audience de l’affaire, qui porte notamment, grossomodo, sur un présumé détournement de 223 milliards, apporte sa part de revirements spectaculaires et de déclarations contradictoires des coaccusés de l’ancien ministre de la Défense (Mindef).

Ainsi de l’inspecteur principal des régies financières Maxime Mbangue, mais aussi du lieutenant-colonel Ghislain Joël Mboutou Elle, apparemment solidaires, depuis quelque temps, du principal accusé, donnent depuis quelques semaines l’impression de prendre leurs distances. Les deux hommes semblent, désormais, rendre l’ex-membre du gouvernement seul responsable des faits à eux reprochés.

Des couloirs du Tcs, votre quotidien apprend qu’à l’audience du 24 juin, par exemple, le premier cité a fait état de rétro commissions dont aurait bénéficié Edgard Alain Mebe Ngo’o dans le cadre de la fourniture de matériels et équipements militaires par la société MagForce. Il aurait aussi déclaré que Robert Franchitti, parton de l’entreprise française, lui avait confirmé l’existence, depuis la Dgsn (Délégation générale de la sûreté nationale), d’un deal de reversement de 10% en faveur de l’ex membre du gouvernement, pour tout marché attribué à ce prestataire.

Apparemment, apprend-on, cette déclaration de M. Franchitti serait venu conforter l’accusation. Puisque, soufflent d’autres sources, au cours des précédentes audiences, Maxime Mbangue aurait aussi évoqué les déclarations directement recueillies auprès de ce fournisseur par la justice française, agissant dans le cadre de la commission rogatoire internationale commandée par le juge d’instruction. Ghislain Joël Mboutou Elle quant à lui, devant la barre, le 1er juillet, donnait la nette impression de s’embrouiller dans ses réponses au ministère public. Il semblait subitement perdu dans la procédure, multipliant des déclarations contradictoires qui ont fait dire, à quelques spectateurs, qu’il avait lâché le ci-devant ministre des Transports (Mintransports).

Niant avoir été arrêté en France en possession d’une mallette pleine d’argent, il aurait néanmoins reconnu avoir fait l’objet d’une interpellation, suivie d’une garde à vue en France par l’Office central de lutte contre la grande criminalité financière, pour son rôle joué dans l’attribution des marchés attribués à la société MagForce au ministère sous Edgard Allain Mebe Ngo’o.

Contrairement à ses coaccusés, l’ancien Mindef reste, malgré tout, constant et continue de faire montre de sérénité devant le tribunal. Il soutient n’avoir jamais signé de marché public dans le cadre du projet Polytechnologies, lequel aurait causé à l’État un si lourd préjudice financier. Sur cette partie hautement sensible de l’affaire, Edgar Alain Mebe Ngo’o a expliqué, devant le tribunal, qu’il s’agit d’une convention entre les États du Cameroun et de Chine, les annexes au contrat n’étant pas des fractionnements d’un marché, mais bien des parties intégrantes du contrat.

Source: Info Matin N°1097