L’intégralité du propos liminaire du ministre de la Communication lors de son point de presse de vendredi dernier.
« Mesdames, Messieurs les journalistes,
Je vous remercie d’avoir répondu à l’invitation que je vous ai adressée pour prendre part au présent échange avec vous, et je vous souhaite une chaleureuse bienvenue à cette rencontre à laquelle je vous ai conviés.
Depuis quelque temps, des médias se sont fait l’écho d’un prétendu rapport qui, d’après eux, aurait été rendu public par le Département d’État américain et le Council of Foreign Relations (le Conseil des Relations Étrangères), un organisme américain indépendant.
Ledit rapport, toujours selon ces médias, aurait classé le Cameroun au deuxième rang des pays les plus dangereux au monde.
Et c’est d’abord du gouvernement américain lui-même qu’est venue la première réaction à cette grave allégation.
En effet, l’ambassadeur des États-Unis au Cameroun, Son Excellence Michael Stephen Hoza, par un communiqué daté du 16 février 2016, démentait de façon catégorique les propos attribués au gouvernement américain par certains médias locaux et traitant de la question sécuritaire au Cameroun.
Selon ce communiqué, jamais le Département d’État ou le Council of Foreign Relations n’ont classé le Cameroun comme deuxième nation la plus dangereuse au monde.
Pour l’ambassadeur des Etats-Unis, parlant au nom du gouvernement américain, je le cite : « Le Cameroun est un pays de paix, en dépit des défis sécuritaires liés à Boko Haram ». Toutefois, selon l’ambassadeur, le gouvernement des États-Unis, conformément aux usages de la diplomatie américaine, a informé ses ressortissants de la situation sécuritaire prévalant dans les régions de l’Est et de l’Extrême-nord du Cameroun, et leur a demandé d’éviter autant que possible de s’y rendre tant que cette situation ne serait pas stabilisée.
L’ambassadeur américain précise d’ailleurs qu’une telle pratique est courante dans son pays, dès lors qu’un risque quelconque se présente dans une région donnée à travers le monde.
Nous pouvons donc nous mettre d’accord sur le fait que les États-Unis d’Amérique – qu’il s’agisse de ses institutions officielles ou des organisations de la société civile agissant à partir de son sol – n’ont opéré aucun classement relatif à une dangerosité spécifique au Cameroun et ceci, pour quelque raison que ce soit.
Un tel classement ne saurait par conséquent exister que dans l’imagination de ceux qui ont entrepris de ternir l’image de notre pays, au nom d’un dessein qu’ils sont manifestement les seuls à connaître.
Ce qui est en revanche constant – et le démenti du gouvernement américain a lui-même tenu à l’indiquer avec force – c’est que le Cameroun demeure une nation en paix, un pays stable où règnent les cultures de la tolérance, de la solidarité et de la concorde.
Nous ne le dirons jamais assez, la guerre que le Cameroun mène contre Boko Haram dans une des dix régions de notre pays, nous est imposée par un ennemi implacable, obscurantiste et déshumanisé.
Cet ennemi, dont la seule idéologie réside dans l’intolérance, le crime et la barbarie, n’a en réalité rien à reprocher à notre nation, sinon son attachement aux valeurs civilisationnelles telles que communément admises à travers le monde.
Cette guerre, le chef de l’État, Son Excellence Paul Biya, a décidé de la mener jusqu’à la victoire finale, au nom de la souveraineté de notre pays et de la suprématie de l’ordre civilisationnel.
La communauté internationale, consciente de ce que le fléau que représente le terroriste n’a point de frontière et que parti d’un point du globe, il a vocation à atteindre n’importe quel pays, n’importe quel peuple et y semer la terreur, la mort et la désolation, a choisi de se joindre aux efforts du Cameroun, pour stopper l’élan destructeur de Boko Haram et le réduire à son expression la plus inexistante.
D’où viendrait-il alors que, face à la globalisation d’un tel péril, le Cameroun, qui du reste ne compte que parmi les pays les plus récemment touchés, en vienne à être stigmatisé à un tel point, pourrait être considéré comme l’un des pays le plus dangereux au monde.
Cela ne pouvait donc nullement être possible.
Au demeurant et s’agissant de l’agression que nous impose Boko Haram voici près de deux ans, notre pays, par l’action de ses forces de défense et de sécurité, est parvenu huit mois durant et seul sur le front de guerre, à tenir la dragée haute aux assauts criminels dont il faisait l’objet, ne cédant à aucun moment la moindre parcelle de notre territoire à l’ennemi.
Aujourd’hui, rejointes par la Force Multinationale Mixte et bénéficiant du soutien multiforme de nombreux pays amis à travers le monde, les Forces Armées camerounaises, en parfaite synergie avec leurs homologues nigérians, ont porté le combat en terrain ennemi, entamant ainsi la phase décisive de l’éradication de Boko Haram.
Les dernières opérations spéciales menées dans les localités de Ngoshe et de Kumshe, véritables bases logistiques et principaux centres de décision et d’impulsion des actions criminelles lancées par Boko Haram en direction du territoire camerounais, ont permis de toucher l’ennemi au cœur même de son dispositif stratégique.
A ce jour et selon des sources militaires parfaitement introduites, Boko Haram se trouve désormais substantiellement affaibli, ses hordes criminelles en totale débandade, complètement démunies et réduites à ne plus rechercher que de quoi se nourrir.
Bien évidemment, la vigilance demeure de mise et les forces militaires du renseignement impliquées dans les combats continuent de quadriller toute la zone frontalière en proie aux dangers sécuritaires.
Des opérations d’envergure se poursuivent de manière conjointe entre des armées camerounaises et nigérianes et la Force Multinationale Mixte pour accroître la pression sur l’ennemi et éradiquer les dernières zones de repli des terroristes, en territoire nigérian notamment.
Dans de telles conditions et tel que je le disais tantôt, Mesdames, Messieurs les Journalistes, il n’est donc pas possible d’alléguer que le Cameroun constituerait un pays dangereux et pire encore, le deuxième pays le plus dangereux au monde.
De nombreux autres indicateurs attestent de cela au plan économique, notamment où malgré le fait que cette guerre contre Boko Haram éprouve fortement nos finances publiques ; en dépit de ce que les exactions commises par cette horde criminelle sur nos populations mettent à mal l’économie de cette zone de notre pays essentiellement basée sur le tourisme, l’agriculture, l’élevage et le commerce transfrontalier ; malgré ces facteurs négatifs, disais-je, le processus de modernisation de notre économie se poursuit allègrement, et la détermination du chef de l’État à mener le Cameroun vers l’émergence demeure constante.
Il n’y a qu’à voir pour s’en convaincre, la multitude de projets structurants actuellement en cours de réalisation sur l’ensemble du territoire national, qu’il s’agisse, et ceci sans être exhaustif, dans le domaine énergétique, des barrages hydro-électriques de Memve’ele, Lom Pangar, Mekin ; en ce qui concerne les infrastructures de transports, le complexe industrialo- portuaire de Kribi , le deuxième pont sur le Wouri à Douala, les autoroutes Yaoundé/Douala et Yaoundé/Nsimalen, les pénétrantes Est et Ouest de la ville de Douala, la route Batshenga-Yoko-Lena ; l’adduction d’eau de Nachtigal ; la modernisation des infrastructures sportives ; la réhabilitation technique de la CRTV, et j’en passe certainement.
Dans l’optique de l’accélération de la croissance économique de notre pays, le président de la République, Son Excellence Paul Biya, a décidé de la mise en place d’un plan d’urgence triennal financé à hauteur de près de mille milliards de francs CFA. Ce plan est aujourd’hui rentré dans sa phase d’exécution, de même que le plan d’urgence septentrional concernant les régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-nord.
Le 10 février dernier, le chef de l’État annonçait en outre un plan triennal « Spécial Jeunes » doté d’un montant de 102 milliards de francs CFA, destiné à favoriser l’insertion des jeunes dans les circuits de production et à faciliter leur opérationnalisation en tant qu’acteurs du développement.
Au plan touristique, véritable indicateur de l’attraction que la destination Cameroun n’a de cesse d’exercer sur les visiteurs étrangers, les statistiques officielles font état d’une progression constante allant de 669 000 touristes en 2010, 817 000 en 2012, 910 000 en 2014 à plus d’un million de touristes en 2015.
En ce qui concerne le climat des affaires, l’évaluation faite du dernier classement « Doing Business » qui a révélé un léger recul du Cameroun, indique que cette situation était davantage due à un déficit de communication sur les réformes positives effectivement menées par le gouvernement, qu’à une détérioration de la situation sécuritaire dans notre pays ; ce qu’a d’ailleurs confirmé la septième session du « Cameroon Business Forum » qui s’est tenue en début de mois à Douala, en présence de l’ensemble des acteurs économiques du pays.
Mesdames, Messieurs les Journalistes,
Il était donc de la première importance, face à la persistance des sirènes de malheur et de toutes ces manœuvres de désinformation qui veulent absolument détourner le Cameroun de l’intérêt de la communauté internationale et de nos partenaires économiques, de restituer de la sorte la vérité des faits.
Je saisis cette occasion pour vous rappeler une fois de plus, à vous les femmes et les hommes des médias, que ce devoir est celui de chacun de nous, et donc qu’il est aussi et sans doute avant tout, le vôtre, en tant que médiateurs sociaux, pédagogues du peuple et vecteurs de la perception que le monde entier a de notre pays.
Je vous remercie de votre aimable attention ».